Tu connais sans doute l’injonction contradictoire.
Cet ordre assené par un mot, dont l’exact contraire est suggéré par le geste. Une consigne dans un sens, une insinuation dans l’autre. Une attitude très claire contredite par la phrase proférée.
Tu l’as peut-être rencontrée au travail, sous une forme du type « Vous êtes totalement libres, vous serez les acteurs de… » quand nombre d’indices crient que toutes les contraintes n’ont pas été données et que la décision a déjà été prise. Ou bien au cinéma, par exemple dans cette scène magistrale au début du Rêve de Cassandre où la mère gâche un énième repas de famille par une diatribe véhémente et autoritaire sur l’amour familial. Regardez bien ce que je fais plutôt que d’écouter ce que je dis…
Face à l’injonction contradictoire, on peut fuir. Ou devenir fou.
Un chroniqueur bien à droite et sur les ondes depuis 30 ou 40 ans vous est présenté comme la nouveauté progressiste de la rentrée ? Un ministre vous promet de l’innovation faite de propositions déteintes du passé ? Vous devez être bienveillant quoique maltraité ? Un devoir de faire confiance est soudain asséné ? C’est par ici, et c’est par là ? Oui et non, en même temps.
Fort heureusement, aucune de ces injonctions contradictoires ne pourra égaler celle exposée dans la très réjouissante exposition Game…
RÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂÂ !!!
… mais fort heureusement aussi, et parce que cette exposition fonctionne bien mieux que la politique ou le management à la française qui témoignent d’un irrationnel soigneusement entretenu, ici tu peux jouer à absolument tout. De Pong à Fifa, de Alex Kid à Tomb Raider, trois étages entiers sur le jeu vidéo et ce qu’il implique de recherche, d’interactivité et d’art.
Car ici, on joue .
Seulement.
Game, le jeu vidéo à travers le temps, exposition de la Fondation EDF.