Voyager dans les Balkans nuit à ta santé musicale.

D’un bout à l’autre de la péninsule, j’ai testé pour toi l’ambiance auditive des pays traversés et la conclusion est sans appel :

Si les institutions n’ont plus rien de commun, l’unité de l’ancienne République fédérative socialiste de Yougoslavie se retrouve en deux éléments : un amour passionné pour le burek, sorte de tourte de fine pâte feuilletée fourrée à la viande ou au fromage frais et salé mêlé d’épinards, et une dévotion sans faille pour la musique boum-boum.

L’Euro Dance a vécu ici ses heures de gloire et n’en est donc jamais repartie.

Tu t’assieds dans le bazar de Skopje ? « All that she wants » dans tes oreilles. Tu sirotes un café dans une rue de Dubrovnik ? « What is Love ? » dans ton cerveau. Tu t’échappes dans les montagnes du Monténégro ? « I’m a Barbie Girl » dans le bus. Tu t’attables à Ljubljana en te demandant encore comment bien orthographier ce nom ? « It’s my life » et Dr Alban dans ta face.

Tu ne peux y échapper ou si, en traversant la frontière pour tomber dans un enfer plus sombre encore : car au Kosovo et en Albanie, c’est l’électro albanaise qui a le bon goût de sévir.

Et ce absolument PARTOUT.

J’ai bien dit le bon goût. Et encore là c’est soft : j’ai vu un clip où un panda en peluche et une demi-rondelle de citron passent un mauvais moment…

Ayant bien compris que, dans les Balkans, on ne plaisante pas avec la musique, j’ai du me faire une raison et adopter une attitude stoïque consistant à combattre les toumtou toumtou toumtou qui restent dans la tête par des pratiques méditatives intenses et une suralimentation en trucs gras et salés.

Parfois, je me suis laissée aller à une note d’espoir, entendant poindre des mélodies différentes… peine perdue, il s’agissait de remix. Nirvana en Euro Dance. James Brown en Euro Dance. Demis Roussos en Euro Dance.

Mais lors de la dernière vadrouille, j’eus une révélation. Entrée dans un magasin pour acheter une bricole, la caissière sans aucun doute envoyée par une instance divine ayant eu pitié de mes oreilles fait l’addition et me donne le prix en anglais :

– Seventy-four.

Gloire. Halleluja. Hosannah.

Je lui réponds, l’air soudain réjoui et soulagé :

– Seventy-five ?

– … ? [Interloquée.] No, no, seventy-four.

Pour être soulagée de l’Euro Dance, il faut avoir la pire mélodie dégoulinante en boucle dans la tête. « It’s not easy, nothing to say, ‘Cause it’s already said, it’s never easy« . Voilà. Tout est dit et en même temps personne n’y comprend rien. Ni aux paroles, ni au succès de cette chanson. Ceux qui l’ont étudiée ont tenté de savoir pourquoi et comment elle avait été écrite, et ont fini déments. Et ceux qui l’ont dans la tête en finissent même par oublier l’Euro Dance.

C’est dire.

D’où le fait que je la propose comme entrée fracassante dans la Radio des Blogueurs 2016, saison 7 !

En retour, je vais taguer vers de nouveaux horizons, Placardobalais et KMS !

La Radio des Blogueurs, règle du jeu :

• vous choisissez une musique, ou une chanson (de vos Étés passés, présents ou futurs), et vous la retrouvez sur YouTube
• vous faites un billet de blog ou vous postez la chanson et idéalement une présentation du pourquoi de votre choix.
• vous taguez un ou deux copains blogueurs pour qu’ils prennent la suite de la chaîne
• vous laissez un commentaire sur le billet de présentation de la radio des blogueurs (qui sera en ligne à partir du 21 juin) ou vous envoyez un tweet avec l’adresse de votre billet de blog à @radioblogueurs.

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