Au long du fleuve Nanxi, au sud du Zhejiang, se cachent de minuscules villages Song.
Yuantou, Furong, Cangpo et bien d’autres, peu connus car la province n’attire guère les touristes et c’est une très bonne chose. Pour l’instant, le temps s’est arrêté et les bulldozers aussi : rien n’est reconstruit, repeint ou remis sur pied pour camper la Chine éternelle que d’aucuns voudraient tant voir. La Chine des campagnes n’en est que plus authentique.
Celle où l’on attend le travail journalier le long des routes, celle où les gamins s’accroupissent près des maisons, celle des villages de guingois aux bâtiments modernes aussi décrépis que les anciens. Des poules et des motos, et rien d’exceptionnel si ce n’est justement cela : le quotidien d’un village entre deux eaux, entre deux temps et où je t’emmènerai dans le billet suivant.
Sur un banc de pierre froid, une gourde de thé brûlant entre les mains, quelques marrons chauds odorants dans un cornet de papier gras, regarde.
Regarde les gens de Cangpo, le pas traînant, l’urgence lasse, le geste répétitif du linge qu’on lave et celui atavique de l’enfant qu’on berce.
Regarde ce moment juste avant que la Chine galopante ne rattrape ces villageois, ne les fasse monter à bord d’une ville qui fera leur fortune peut-être, trouver un destin différent sûrement.
Superbe. C'est plutôt des images d'un temps d'avant, hormis la télé...