La chaleur pesante s’est installée.
Déjà quelques jours de canicule, et le corps et l’esprit n’ont plus de cesse que de trouver les parades pour diminuer la moiteur de la peau, repousser la vague brûlante, atténuer la langueur qui s’est imposée à nous. Dans ce continuum où nous ne distinguons plus ni le jour ni la nuit, non plus que l’avant-douche et l’après-douche, on finit par chipoter dans l’assiette et aligner les bouteilles d’eau, on finit par souhaiter l’ondée soudaine tout en redoutant la moiteur qu’elle apportera.
Sous les tropiques, j’avais des gestes quasi automatiques pour me préserver de l’ébullition. La petite serviette à portée de main, la bouteille d’eau toujours tiède jamais glacée, les cheveux mouillés au moment de se coucher, un linge humide suspendu aux fenêtres ou au ventilateur. Nuitamment encore, le verre de lait quasi glacé ou un gant empli de glaçons à quelques centimètres du ventre ou du visage pour faire refluer les prosaïques gouttes de sueur qui empêchent les rêves.
Mais ces astuces ne sont rien face à l’ancestral et mystérieux Pouvoir de Suggestion.
Je m’étais ainsi plongée avec délices lors des été bombayites brûlants (en mai, puis en octobre : deux étés pour le prix d’un !) dans les navets glacés que sont Le Jour d’après et Vertical Limit, d’une aide incomparable avec leurs scènes de tempête de neige et d’acteurs frigorifiés suspendus à des falaises de glace. Alors ces derniers jours j’ai pris des douches de romans islandais, pluie neige et vent, en ouvrant Arnaldur Indriðason (avec plus ou moins de bonheur littéraire mais un rafraîchissement certain).
Et en effet, c’est l’imaginaire qui le mieux peut faire oublier la chaleur.
Alors je vais plonger ton esprit dans un grand bol de glaçons.
Viens, prends ma main, suis-moi là où les glaciers se mêlent à la mer…
Note : les photos de ce billet ont été prises au Jökulsárlón, une lagune créée par la proximité du Vatnajökull, gigantesque calotte glaciaire qui recouvre presque la moitié du territoire islandais. En été (lorsqu’il ne pleut que la moitié de la journée et qu’il fait entre 8° et 15°), une des langues glaciaires se disloque en icebergs et morceaux qui dérivent jusqu’à la mer. Bien qu’il s’agisse d’un des lieux les plus touristiques de la Route Sud, et donc du pays, cela reste un endroit impressionnant.
Merci, pétillante Chouyo, et pour la fraîcheur, et pour le voyage en terre d'Islande, si chère à mon coeur.
Baisers doux,
Nora
Merci pour la fraicheur et les astuces.
Dans le désert marocain, j'avais lu la traversée du Groenland de Paul Emile Victor. La description des chaussettes gelées le matin, des duvets raides de glaces m'avait été d'une grande aide.
http://j0hstic3.tumblr.com/post/123244152396
Ces photos sont de toute beauté, et le plongeon au milieux des glaçons géants très apprécié 🙂
Je valide.
J'ai jamais eu aussi froid que ce mois de juillet ou août 2003 (il me semble), quand le thermomètre affichait encore facile 35° à la tombée de la nuit, alors que sur l'écran du ciné en plein air, Robert Redford marchait sans cesse dans la neige à la poursuite des grizzlis (Jeremiah Jonhson)
Mais quelle splendeur..
Magnifique !
En voyant la première photo, j'ai pensé qu'il s'agissait de dunes sahariennes, bleutées par la nuit tombante peut-être.
Au centre de la seconde, je vois un visage sculpté dans la glace. En haut et à droite de ce visage, un œil de femme, une larme peut-être. Et à gauche, un petit animal au doux regard de ces régions glacées.
Ensuite un grand œil dans la pupille (louchant) duquel on voit la terre ferme.
Et plus loin, le pont rompu...
Rafraîchissant. Merci.