#LuiCEstCuir, tel qu’en lui-même…
Je procède toujours de la même manière.
Le quartier tout d’abord. Les librairies, les boulangeries, les cafés : dans cet ordre. Les pharmacies, les supermarchés, les épiceries asiatiques, ouverts le dimanche et tard le soir car j’ai les habitudes d’une citadine de cosmomégalopole vois-tu, les marchés selon les jours, les bouchers et je note du coin de l’oeil les petits restos à essayer. La Poste, les écoles du quartier, les arrêts de bus. J’arpente mon nouveau quartier, je le borne, je le limite et j’y inscrit l’utile et l’agréable, le confortable et le nécessaire.
Les émotions ensuite. Me baladant mains dans les poches et nez au vent, je hume l’air des squares tout proches, celui du grand jardin plus loin, je remonte les boulevards, descends les ruelles, trouve la piscine et entre dans les lieux de culte. Je prends le pouls du quartier et en observe ces habitants que je vais rejoindre, m’imaginant ce qu’il sera le soir, rentrant d’une soirée ou d’un concert, le peignant d’un hiver froid ou d’un lourd été, d’un ciel de pluie ou d’un jour de vent.
C’est en vivant Paris qu’on y découvre ses villages. En 16 ans, je me suis approprié (mais jamais assez sans doute !) 7 villages de la centaine que compte cette ville. Chacun a sa vie propre, ses saveurs, ses habitudes, son rythme. Tolbiac vit dans un temps qui n’est pas celui de la Réunion ni celui de Passy, le soir de Saint-Maur n’est pas le soir de Beaugrenelle ou de Cardinet. Les visages et les devantures changent, et aujourd’hui, à la veille de quitter mon quartier irano-japonais et ses quais de Seine pour des ethnies nouvelles et de l’Art Déco caché, je vais ajouter de nouveaux trésors à ma Carte du Tendre parisienne.
L’excitation monte, car je me projette très rapidement. A force de remplir des sacs et des cartons depuis petite, pour quelques jours, une semaine, un mois, plusieurs mois ou plusieurs années, le déménagement m’est consubstantiel : à partir du moment où j’ai choisi un lieu, je me l’approprie sans que la nostalgie ait de place car le départ fait partie de mon quotidien, car l’arrivée est anticipée selon une mécanique bien huilée…
… je ferme les yeux. Et déjà les livres trouvent leur place sur les rayonnages. Les romans changent d’étagères, les essais les remplacent, les BD plutôt ici et les CD là-bas. Les livres d’art en bas du meuble, là… à moins qu’ils n’entrent mieux sur la bibliothèque du fond ? Cadres, rouleaux et affiches prennent la pose sur les murs. Dans ce placard en soupente, les sacs de voyage. Dans celui-ci, les chaussures. Et là les verres, mon mug, les épices et le chocolat ? Choisir les lits des enfant, les imaginer entre une chaussette dépareillée et de l’eau de peinture renversée, des comptines à chanter et des Lego dans le parquet, coincés.
Car il y aura huit mains qui tourneront la clef dans la serrure cette fois.
Mon bureau enfin, la lumière, les copies, et puis des guitares et un ampli. Le tapis qui attend depuis l’Inde, tissé d’histoires et chargé d’ailleurs, sur lequel s’écrouler sous les chatouilles, écouter de la musique en plein soleil, ou passer des nuits entières avec #LuiCEstCuir à massacrer des manettes.
Il y a dans tout cela, une suite de belles coïncidences. Des portes s’ouvrent au bon moment et des clefs s’échangent et des personnes soudées, tout autour de moi. Une nouvelle vie commence, dans laquelle je me love comme je me loverai dans ce gros fauteuil en cuir, usé, râpé, qui a traversé mes multiples vies et que je retrouve enfin, après des années en garde-meubles, en cave et en ailleurs. Jambes par-dessus l’accoudoir, la tête posée sur le dossier, je sais pouvoir y passer des heures à y lire, à y bavarder, à profiter de la vie…
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@ Parslow : oui, c'est très exactement le geste que j'ai fait en montant le dernier carton !
Décidément, les modeuses sont dans les cartons...
@ Des Pas perdus : l'été est l'époque des grandes migrations ! 🙂
Oh comme cela exhale le doux parfum du bonheur, par chez vous ! Cela fait plaisir à lire.
@ Nora Gaspard : merci... et oui, beaucoup de joie et d'étonnement encore dans cet emménagement ! Et avec bien sûr des fondants au chocolat qui n'attendent que d'être goûtés... 😉
Oh tu déménages dans quel coin ? Tjs Paris ?
Oh tu as deux enfants ? Incroyable je n'avais pas compris 😉
@ Léa : toujours Paris oui ! Les enfants ne sont pas mes enfants 🙂
Modeuse ? Ah ouais, aussi, ouais 🙂
@Nekkonezumi : mais euhhhh !!!! Même pas vrai ! Sauf pour les vernis... 😉
Hin hin,on en apprend des choses dans ce post....je suis heureuse pour toi,pour vous...je vous souhaite plein de friandises ,d'amour et de chatouilles sur le tapis!
@Zaneema : hihi, oui je laisse filtrer quelques informations ici ! Merci beaucoup Zaneema, ta présence et tes commentaires me touchent toujours beaucoup !!!
Je crois qu'il y en a un troisième dans les cartons
@Des Pas Perdus : hmmm, un troisième enfant ? Parce que nous emménageons ? Mon cher, sachez que nous ne sommes pas si caricaturaux... il faut vouloir un enfant, qui n'est qu'une option dans un couple comme il n'est qu'une option pour une femme, et ensuite cet aspect décidé, il faut pouvoir. Nombre de choses font que je ne pourrai jamais être la caricature mariage-appart-enfant...
Très rive gauche...
@Des Pas Perdus : euhhh... qu'est-ce à dire ? Nan parce qu'entre les apparts huppés du VIIè et les logements sociaux du sud XVè, les tours du XIIIè, et les apparts bobos du XIVè, il y a un peu douze mille mondes sur la rive gauche. Et puis hein, la rive droite s'est tellement boboïsée quand j'habitais en Inde que je n'ai plus eu les moyens d'y vivre (vrai, bien moins cher dans les rues populaires de la rive gauche : et oui il y en a...).
C'est doux à lire 🙂
Tous les possibles au fond des cartons et accrochés aux nouvelles clés !
@ Llyn : merci 🙂 C'est exactement ça, l'excitation de devoir recréer son univers, bon et avec aussi des possibles genre "mais pourquoi j'ai gardé ça ???" 😉
Il y a ici et là des îlots...
@Des Pas Perdus : oui ! Et fort heureusement nous savons toi et moi avec acuité et expérience que ce n'est pas l'adresse où nous habitons qui fait l'engagement... mais bien celle où nous travaillons chaque jour 🙂
Youhou !
Voilà, c'est tout 😉
@Regarderleciel : oh ben ma réponse n'avait pas été enregistrée ! Je disais donc : oui, cela me paraît être une très bonne analyse de la situation !!! 🙂
Et on n'a même pas parlé du fauteuil cuir au téléphone la dernière fois…quel joli billet...
@Moufettelavraie : c'est parce qu'il faut que tu viennes le voir et le réessayer ! Au cas où il ait changé #NonToiNonPlouTuNAsPasChangé