Quand on arpente l’Arménie on les croise partout.
Les khatchkars.
Ces stèles sculptées en forme de croix, typiques de la foi arménienne à tel point qu’elles sont entrées au Patrimoine immatériel de l’Humanité en 2010, typiques aussi d’une iconographie faite d’entrelacs et de dentelle de pierre, d’un arbre de vie cher aux contrées orientales et de la croix du premier Etat chrétien du monde.
L’Arménie est une destination étrange il faut le dire…
N’y va pas pour sa gastronomie, bien plus riche sur les tables de la diaspora comme il arrive bien souvent aux peuples qui ont du fuir leur terre. N’y va pas pour le folklore, lentement érodé par les siècles d’invasions et le nivellement soviétique. N’y va pas non plus si tu viens de Géorgie, bien plus fantasque et souriante. L’Arménie est austère et dure, comme ses églises sont massives et sombres, sortes de grottes colossales sans chaleur ni lumière, où seule la ferveur illumine sans doute.
Je te guiderai une autre fois dans cette Moria du christianisme, car aujourd’hui c’est la vraie richesse de l’Arménie que je veux te faire découvrir, là où règne sa diversité exceptionnelle…Ses paysages, bien évidemment, entre la Suisse et les plateaux désertiques, le mont Ararat couronné de neige et le sublime lac Sevan, qui cachent des sites religieux protégés en fond de canyon ou sur une crête, sur un promontoire, une colline ou bien caché dans une forêt. Ces édifices, tous de même facture ou presque, dénotent de la foi ancienne d’un pays qui a son propre siège apostolique depuis 301.
Une foi austère, une foi brute presque…
… jusqu’aux khatchkars.
Ces exvotos de pierre sont des donations de familles riches aux églises et monastères arméniens. Elles remercient Dieu de sa miséricorde, de ses dons, de son amour. Elles célèbrent un bel événement, une guérison, ou entretiennent le souvenir d’un disparu. Elles conjurent le mauvais sort aussi. Certains khatchkars sont gravés à même les murs des églises, d’autres à flanc de montagne, d’autres encore ont été insérés dans la pierre, d’autres enfin sont de simples gravures où le stylet a à peine entaillé la pierre.
On suit le tracé du doigt, on regarde la teinte rouge de la cochenille chatoyer 800 ans après qu’elle a recouvert la pierre. On se perd dans les entrelacs cisaillés et le dessin d’une finesse à couper le souffle. Depuis le IVème siècle, la foi arménienne a investi la pierre et parmi les 40 000 qu’on dénombre dans le pays, toutes les époques se succèdent. Les plus modernes sans grande finesse, les plus anciennes presque effacées, et celles, exceptionnelles, de l’apogée du XIIème siècle.
Alors, sur les sentes herbues et dans la poussière, dans la montagne et sur la plaine, à Haghpat, Odzun, Sanahin et Akhtala, à Surp Grigor, Goshavank et Jukhtavank, à Geghard, à Khor Virap, à Etchmiadzin… je suis allée cueillir ces khatchkars pour toi.
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[...] édifices rectangulaires,massifs du centre desquels s'élève le tambour supportant la coupole. la foi ciselée dans la pierre Quand on arpente l’Arménie on les croise partout. Les khatchkars. Ces stèles sculptées en [...]