On a savouré plusieurs années le mot qui fait peur. Celui qui justifie tout.
La Crise.
Car c’est la Crise, ma bonne dame… Mais on ne sait toujours pas vraiment ce que cela recouvre. Et ce qu’il faut y rattacher. Mais les hommes en costume sombre et au sourire blanc nous l’ont assené suffisamment, et d’ailleurs untel a perdu son emploi, et tel n’arrive pas à en trouver, les bonnes manières ne sont plus et les Valeurs claironnent sur les étendards, cet homme qui grogne sur le quai du métro et ces chanteuses qui n’ont plus de voix, ces chanteurs qui n’ont plus de musique et les ballerines cloutées qui égaient les jean super-slim-skeletton. Tout apparemment dit la Crise.
Et je l’ai vue. Face à moi, au détour d’une rue, deux scènes urbaines qui m’ont dit ma définition de la Crise. Cette lecture noire de fin d’une ère et de début d’une autre.
La Crise est ce moment de l’histoire où la Mélancolie est élevée au rang de Vision du Monde.
Il est des époques où il est nécessaire de se persuader que l’on finira par tout jeter, les âmes et les corps et les espoirs.
Et l’on tremble, avec la délectation que procure l’angoisse, pour la génération qui vient.
Rien ne sera plus jamais comme nous l’avons connu. Ils n’auront jamais la chance de. Ils ne sauront pas.
Pour eux, le Bonheur aura été remisé dans un musée comme artefact.
Alors, au plus creux de la vague, de regarder vers le ciel et de se demander…
… is there Life on Mars ?
La crise, encore cette crise, toujours cette crise. Cette crise se conjugue parfaitement l'imparfait dans ce présent. Et le futur me direz-vous ?
La crise, ce miroir de vérité que personne ose regarder en face, ce manque d'humanité... L'humain courbant l'échine devant une échelle de mesure que l'on nomme finance. Ainsi est l'Apocalypse que l'on attendait et que l'on a pas voulu voir venir. Nous regardons ce monde, cette inhumanité nous écœure, l'envie de crier, hurler, de dire stop ! Mais qui va nous écouter ? Nos voix semble petite dans cette immensité, parfois il nous semble entendre un écho, mais ce ne sont que d'autres voix...
Ce monde ancré dans sa réalité, ne laisse guère de place au rêve. Oui, à croire, à espérer... Surtout ne pas oublier de continuer à rêver... L'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne !
Bienvenue sur ma planète Mars!
@ Esteban : la crise c'est aussi un moyen de mettre un mot tout simple, très court, sur ce que l'on ne comprend pas et ce que l'on ne maîtrise plus. C'est un pansement que l'on sait illusoire et temporaire en quelque sorte 🙂