En Inde, il existe des petits métiers pour tout. Absolument tout. Le nettoyeur d’oreilles, le nettoyeur d’ongles de pied (ohhh je ne t’ai pas encore mis la vidéo !!!), le tatoueur, le recycleur de journaux ou de plastique, le cordonnier, le tailleur, le coiffeur… Le trottoir est l’endroit où l’on travaille le plus en Inde. Oui, oui… Il suffit donc de descendre dans la rue et d’ouvrir les yeux. Se promener, oser poser son regard sur les hommes accroupis, assis en tailleur ou adossés au mur, les mains affairées à manipuler un tissu, du cuir, de l’osier, du métal, la peau de quelqu’un. Les mains recourbent, massent, grattent, percent, collent, joignent, encastrent ou polissent.
Les petites mains calleuses de l’Inde.
Je me suis trouvée un jour dans le marché aux métaux précieux de Bhopal, cette ville qui suspend les perles d’une époque bénie dans un paysage d’après-guerre. J’y ai vu se presser l’Inde qui thésaurise. Qui, parce que la confiance dans les banques est telle, qu’elle préfère placer son argent dans l’or, l’argent ou le diamant pour assurer son avenir. La dot est portée à l’oreille, au nez, aux poignets, encore aux chevilles dans les campagnes, quand les hommes arborent chevalières et montres de lourd métal. Ciselée ou brute, la richesse se fait apparente pour se prémunir d’un Etat dont on se méfie tout autant que des fluctuations boursières. Elle est ensuite précautionneusement remisée dans les écrins, les coffres, les cachettes, avec pour corollaire l’effroi permanent du cambriolage. Qui ont lieu en nombre : on peut en lire le compte-rendu chaque jour, avec force détails et leçons-à-tirer, dans les journaux locaux, maraudage sur les toits, escalades d’immeubles, crimes crapuleux et entourloupes, séquestrations et autres monte-en-l’air prêts à tout. Bien sûr, le fameux « incident de sari » qui voit quotidiennement des belles-filles se consumer dans les flammes sans que reste rien sauf les bijoux de la dot n’a rien à voir avec cette passion pour l’or…
Dans le marché aux métaux précieux, on vient en famille.
Négocier longuement les bracelets, boucles d’oreilles et barrettes qui sont nécessaires aux rites de passage des enfants ou aux grandes occasions. A Diwali, la fête la plus importante de l’Inde hindoue, les publicités d’orfèvres et de joalliers n’hésitant pas à frapper fort, et lourd, vantent les mérites de l’or, qui seul peut prouver l’amour, apparemment. Chaque bijou est donc soigneusement choisi, évalué, soupesé, négocié et sa valeur réelle fait partie intégrante de sa valeur sentimentale.
Une telle passion implique du soin. Le bijou doit durer, se transmettre parfois, en tout cas il doit resplendir à toute occasion. Et vue la chaleur et l’humidité ambiantes… Alors, aux abords du marché aux métaux précieux, on trouve des hommes entourés de bassines remplies d’eau savonneuse, de petits pots d’alchimistes, de pinces et de tenailles, de brosses à dents et de limaille. Le laveur de métaux précieux. Le fer à souder est prêt à rejoindre les extrémités, la polissoire à adoucir…
Entre ses pieds nus, ses mains grises, entre le vert-de-gris des outils et la rouille de ses instruments renaît l’Inde qui brille.
J'ai souvent remarqué que c'était un gamin qui faisait ce boulot.IL va de boutique en boutique pour prendre les bijoux à nettoyer et les ramène quelques minutes après.J'adore aller dans ces échoppes ,regarder ces hommes assis en tailleur toute la journée chauffer ,mouler,rouler les métaux comme de la pate à modeler.Nos alliances en argent ont été fabriquées dans un boui-boui comme ça,50 rupees! quand on voit le prix en Europe,en plus on a eu le privilège de les voir se fabriquer.
Effectivement cette restauration de bijoux de manière très artisanale devait être passionnante à voir. Merci pour ce partage.
Ah oui il y a vraiment des métiers pour tout ... j'aurais jamais pensé à celui-là!
Et c'est pareil d'un bout à l'autre de l'Inde ? Ou c'est seulement à Bhopal ?