J’ai eu la chance de voyager depuis toujours.
La famille aux quatre coins de l’Europe et du monde fait de l’ailleurs une évidence, et l’errance m’a été inculquée comme consubstantielle à un mode d’être au monde. J’ai appris à faire du vélo-de-grand dans un kibboutz en buvant du rivion à même la bouteille, à prononcer dans la ville du même nom gouda de la bonne manière. Les parcs nationaux américains et les Bed & Breakfast anglais, j’apprenais aussi la langue germanique de ma famille grand-paternelle qui parlait pourtant désormais l’espagnol d’Argentine ou de Bolivie, l’anglais de New York ou l’italien de Milan. Mes parents, quoique séparés, voyageaient chacun à leur manière, l’argent ne coulant pas nécessairement à flot mais dévolu quand il y en avait à ce plaisir. France ou Europe, avant que de moi-même j’aille chercher le lointain. La chance de pouvoir aller à 16 ans au Pérou, puis l’Egypte, l’Afrique du Sud, le Brésil…
Et il y eut l’Asie.
Mon grand-père avait eu une fascination-coup-de-foudre pour Bali et ses danseuses, ses temples et ses rizières, Taïwan fut le déclencheur pour moi. Formosa, la belle, la douce, la gourmande, la folle. J’avais auparavant dénigré l’Asie comme destination touristique, préférant l’Amérique latine et l’Europe méditerranéenne, me disant que moi-jamais-je-n’aurais-le-virus-de-l’Asie. Qu’être fascinée par cette destination était d’un commun, d’un surfait…
Et Tac eut une opportunité professionnelle, et je choisis de préparer l’agrégation à l’autre bout du monde. Plongeant alors, consciemment, dans l’inconnu maximal.
Le monde sinophone absolu (l’anglais est en réalité très peu présent à Taïwan), un mode de penser, de manger, de se retrouver, de vivre, de consommer totalement nouveaux pour moi. L’excitation d’une culture, d’une langue complexes mais qui me seraient accessibles si je faisais un effort. Et là une évidence… Si je pouvais faire mes courses dans un marché populaire de Taipei, je pouvais me débrouiller dans le monde entier. Boire un salep dans le bazar aux livres d’Istanbul, goûter un cigare à Pinar del Rio, prendre un billet de train à Kyoto, déambuler dans un marché de nuit à Urumqi, devenir guide à Bombay…
Ces quelques mois à Taïwan, et c’en fut fait de moi. Si j’avais déjà le monde chevillé au corps, l’Asie y tiendrait une place particulière…
//Si j’avais déjà le monde chevillé au corps, l’Asie y tiendrait une place particulière…
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Superbement dit !!
@ Ravi_aa : merci beaucoup ! C'est vraiment ce que je ressens en plus 🙂
bravo Chouyo! et profite bien de la Thaïlande et prévois-moi une belle soirée quand tu rentres!
@ La Pythie : oh oui, ne t'inquiète pas ! C'est prévu (il va nous falloir juste une dizaine d'heures... pour commencer... 😉 ) !
Ca donne envie...
@ Vas : hahahah ! On verra si la suite donne autant envie ! 🙂