Promis, je n’ai pas sorti mes feutres. Non, ce n’est pas moi…
Au bout d’un certain temps, en vivant dans un autre pays, on finit par en adopter les codes et les symboles : ils deviennent une telle évidence que l’on ne peut leur appliquer qu’une certaine lecture, une définition précise. Des éléments bien indiens pour moi, qui finiraient presque par n’être plus qu’indiens.
Et alors survient la faille spatio-temporelle : ce moment où tu troques temporairement ton univers familier pour un autre univers familier. Là tu nages dans la confusion la plus totale, le fresh lime se boit serré, le p’tit noir avec du sel et du sucre. Tu dodelines en remerciant le facteur, tu ramènes précipitamment ton écharpe sur la poitrine devant le regard charmeur d’un homme.
En plein Paris, cela fait toujours son petit effet…
Autant d’occasions de te dire que l’Inde te poursuit, autant d’occasions de paraître ridicule aux yeux d’amis s’apitoyant sur ton cerveau ramolli, autant de temps d’arrêt songeurs devant des vitrines ou des affiches. Le maître de chai est-il bien ce sage ermite enseignant les arts du thé à l’indienne ? Comment faire des boules de ghee pour s’embrasser dessous à Noël ? Et surtout, où se trouve le filtre à eau dans la cuisine ??? Autant de signes, de mots, de symboles qui évoquent une chose très concrètement indienne, qui happent le regard et le cerveau. Lost in Decontextualisation.
Mais il faut dire aussi que l’Inde est bien pratique.
Elle fait bien vendre, tant sa diversité permet d’en dire ce que l’on veut. Les clichés sur l’Inde sont si nombreux qu’on peut en utiliser ses noms, ses images, ses symboles pour à peu près tout et n’importe quoi, comme argument de vente et comme prétexte à tout. Et à qui cela parle-t-il le mieux ? A ceux pour qui l’Inde est le Pays imaginaire, le Pays de l’exotisme ultime, de l’ailleurs extrême, de l’expérience et de la découverte de soi, de l’autre-vie-à-laquelle-j’aspire-mais-n’oserais-jamais-accéder… particulièrement aux Français donc.
Il semble au final que l’Inde vue par la France et vendue aux Français reste la même : avec ses éléphants et ses palais, sa spiritualité de pacotille, son cinéma dégoulinant et son kitsch aux mille couleurs (tendance rose, orange et turquoise). Sans oublier un peu de pauvreté et de condition féminine désastreuse pour faire pleurer dans les chaumières…
Et finalement ? Rien de tout ça n’est faux. Mais ce n’est pas pour autant nécessairement vrai…*
* Je suis le Chat du Cheschire…
Oh punaise le "tirer les maharadjahs"!!! Mouhahaha ca va me faire l'après-midi ! Surtout quand on connaît l'Inde...
(je reviens commenter plus sérieusement ce soir quand j'aurais le temps et fini de rire)
Oui ben pareil 🙂 (quoique la vache qui dit "je suis ta mère", ça rivalise bien, haha !)
La première photo est juste magique !
Et je comprends la confusion entre deux univers si familiers, mais si différents...
T'es sûre que c'est pas toi la première photo???
J'ai trop envie d'aller fouiner dans la boutique bleue, elle a l'air trop chouette (et très certainement hors de prix aussi...)
Ca y est, j'entre dans la phase où je commence à ressentir le manque...
(Comme promis je reviens)
L'Inde est tellement protéiforme qu'elle peut contenir tous les fantasmes qu'on veut y mettre dedans.
C'est bien le problème (et en même temps toute la particularité de l'Inde qu'on ne peut résumer sans l'amputer).
(Sinon je constate que je suis gravement atteinte, en lisant "ce maître de chai" je me disais "mais je ne comprends pas de quoi elle parle! Il y a des maîtres de chaï??? Moi je connais le chaïwalla mais pas celui-là là!" Il m'a fallut bah tout le temps entre mon 1er commentaire et jusqu'à ya 3s pour comprendre ...)
(Rhaaaaaaa j'avais pas encore changé mon url de website chez toi! Shame on me!)
Wouahahahah c'est excellent le coup des fèves!!!!Et Gaumata qui te parle:"je suis ta mère"!!Sans déc'il s'en passe des choses à Paris!
Les personnes qui partent en Inde pour boire le thé chez le Maharaj du coin sont en général fort dépourvus une fois les pieds dans les détritus.J'avais observé un couple au bord de la crise de nerf a Delhi (des français en plus,autant te dire que je me suis régalée gnihihihi!)