C’est une ville qui est inscrite en moi, géographiquement, physiquement, humainement. Une ville qui m’a donné le goût des couleurs ocres, qui m’a mis l’ail à la bouche et a laissé sa trace dans mes mots.
Je la parcours les yeux fermés, bien qu’elle ait changé, pomponnée ces dernières années par ses prélats droitistes en mal d’un grand œuvre qui écrirait leur nom en lettres capitales bling-bling sur le fronton de la ville. Un nouveau tramway qui sillonne la ville, politique d’embellissement qui a conduit à désenclaver aussi, zut alors on n’y avait pas pensé, les quartiers maghrébins. Le centre-ville est devenu tout à coup plus bigarré, visages poupins encadrés de voiles ajustés. Relier plus pour les touristes et les personnes âgées ? C’est aussi désenclaver plus et mélanger plus ! Il fallait y penser. Messieurs Peyrat et Estrosi, je vous tire mon chapeau pour cette nouvelle mixité du centre-ville de Nice. Elle plaît peut-être bien peu à votre électorat, mais elle me plaît à moi en tout cas !
Non pas que cet afflux de visages jusque-là bien enfermés dans certains quartiers y change quelque chose : la cagole niçoise remportera toujours le haut du pavé. Par sa blondeur étonnante sous ces latitudes, ses plateformes cloutées de doré et son maquillage mêlant subtilement la vulgarité d’une star du porno italienne à la mémèrattitude d’une locale tropézienne. L’avantage ? On peut être cagole de 7 à 77 ans, sans interruption.
Alors j’ai quitté le centre commerçant pour m’enfoncer dans le Vieux Nice. Sans doute la première ville où j’ai aimé me perdre dans les ruelles, celles qui tournent et contournent, montent à l’assaut d’une colline surplombant ma Méditerranée, celle qui a donné son bleu à mes yeux, ou débouchent après des recoins sales et puants, comme l’Italie de mon enfance, sur le Cours Saleya, une place géométriquement détonnante, rectangulaire et guindée au milieu d’une vieille ville faite de courbes, où s’amoncellent fleurs, tomates rondes et rouges et pulpeuses, fruits confits, fleurs jaunes de courgettes vertes, la tapenade noire qui suinte déjà son gras d’olive à travers le verre, sachets de lavande odorante. Et l’odeur… la mer à quelques mètres, le poisson frais pêché, cette odeur aussi qu’ont les villes du soleil qui se réchauffent et se cachent à la fois, la pissaladière enfin, qui grésille à mon oreille et dont le parfum d’oignon caramélisé vient buter contre le bout de ma langue…
Envies. Mon univers olfactif, visuel, en plein. Mon âme méditerranéenne se relève, se réveille, s’épanouit comme dans un cocon que l’on a trop longtemps délaissé…
Alors oui, pour ça. Pour ces souvenirs et ces goûts, pour ces odeurs et ta douceur, on te pardonne les réflexions méprisantes, le racisme ordinaire si bien ancré, ta vision étrécie du monde et les politiques ignominieuses de tes notables. Nice.
Tu m’avais manqué…
J'ai vu Nice sous la pluie mais j'ai quand même pu admirer ses couleurs magnifiques et le point de vue que j'avais était superbe.
Tu es une fille du sud, toi. Je ne savais pas.Contente de le savoir
@ Angelita : oui, Nice est une ville magnifique !
Je mele plutot plusieurs influences et je les vis toutes pleinement 🙂
Des années que je ne suis pas allée à Nice... Je crois bien que sur la côte, c'est ma ville préférée.
En tout cas, bel hommage de ta part !
@ Isa : c'est une ville qui detonne un peu de la Cote d'Azur effectivement, plus ancree dans l'histoire je pense. Merci beaucoup 🙂
Et pas de photos de la cagole? C'est pas grave le Larousse non plus n'en a pas. C'est fou ce qu'avec toi on voyage... J'ai faim de tapenade même si ce n'est pas mon sud...
@ Little-One : non, je ne crois pas que j'en ai pris, hihihi ! C'est la Bandraite avec un accent chantant 😉 Ton Sud et mon Sud se melangent tres bien sur une table je pense, hihihi !
Tu as bien mangé un petit bout de socca ou de pissaladière? 😉
@ Pivoine : ouiiii, la pissaladiere je n'ai pas resiste ! La socca, ce sera pour la prochaine fois ! 🙂
Punaise, je sors de table ou presque et tu me donnes faim !
3 posts en retard... comment fais-tu pour que ton verbe soit toujours autant en forme, dis nous quel est ton secret ?
(te vient t-il de mamy ? ;-))
@ Nekkonezumi : mouahahah ! Je ne sais pas, et parfois je l'ai et je me retiens et parfois je ne l'ai plus et je le cherche... difficile question... peut-etre que Mamy a la reponse, hihihi 😉
A te lire je me rends compte que mon Sud familial me manque aussi, même si je n'ai jamais vécu là bas. Les couleurs, les odeurs... mumm la pissaladière :))
@ Bulles d'infos : c'est quand on voit des images ou que l'on sent des odeurs que l'on prend conscience tout a coup du manque. Et la pissaladiere, personne n'y resiste, hihihi ! Ta famille vient egalement de Nice ?
Méditerranée un jour, méditerranée toujours ; )
Nice, Home of Christian Estrosi : ) #mouahahahahaha
@ M1 : je crois aussi... 🙂
Et la, c'est aussi un des points les plus negatifs de Nice, hihihi ! 😉
J'adore =D
J'ai visité Nice 2 fois, et ça marque effectivement l'esprit par ses couleurs
j'adore la socca