A force de vadrouille, on finit par avoir une petite collection d’anecdotes pour faire frémir, rire et rêver. Alors même si j’essaie d’appliquer les conseils du délicieux De l’art d’ennuyer en racontant ses voyages, les beaux jours revenant et les vacances longues approchant, j’ai envie de te raconter quelques petites aventures…
Il y a eu le Jour des Jaguars.
Au Guatemala, il y a un ou deux endroits qu’il ne faut vraiment pas manquer, Antigua bien sûr, superbe ville coloniale décrépite, et… Tikal.
Tikal, c’est la jungle touffue, moite, les écharpes de brume qui s’accrochent aux cimes des arbres et, de loin en loin, des pyramides mayas qui percent la canopée. Tikal, c’est la cité perdue par excellence, que tous ceux qui comme moi ont rêvé d’être Indiana Jones espèrent découvrir un jour… un endroit fantomatique, une cité ancienne en ruines, mangée par la végétation…
[« Enfant du soleil, tu parcours la terre, le ciel… » oui, bon, ça va…]
Je n’ai malheureusement pas mes propres photos sous la main,
j’utilisais encore de l’argentique à l’époque
et j’ai préféré laisser mes photos dans un environnement moins humide…
Lever avant même l’aurore, 4h15 ou 4h30, et c’est avant tout le produit anti-moustique auquel tu penses : la jungle et un semblant d’aventure oui, la malaria non. Pantalon long, chaussettes montantes qui se révèleront utiles pour éviter serpents, araignées et bestioles en tout genre. Le petit bus matinal, arrivée à 5h dans la jungle. Personne, évidemment.
Une odeur humide qui envahit, colle à la peau, s’infiltre en toi. La jungle t’environne, t’entoure, t’enlace presque et tu as de vagues souvenirs d’un dessin animé et d’un serpent qui s’enroule autour d’un petit corps sans défense… Une moiteur exceptionnelle, et pourtant il fait presque froid à cette heure. Des sensations qui ne sont pas rassurantes en fait.
On marche, lentement, pour attendre le coeur de la cité de Tikal. Deux pyramides majestueuses qui se font face, que l’on doit grimper pour voir le soleil se lever sur la jungle. La place atteinte, envahie par l’herbe et la mousse, on gravit les marches humides avec précaution. Et devant nous, le paysage splendide d’une forêt touffue à perte de vue crevée ça et là de blocs de pierre façonnés par des hommes d’un autre temps. Le soleil n’est pas encore vraiment levé…
Rooooooâââââââr !!!
Juste une fois. Guttural, féroce, qui résonne longtemps dans la jungle. Etonnement.
Une minute plus tard. Rrrrrrrroâââââââr… Cette fois-ci, quelques dizaines de mètres plus loin. Cela bouge. Cela avance vers nous.
Et… roââââââââââârrrrrr !!! Là, de l’autre côté de la forêt.
Ils sont plusieurs.
Dans ces moments-là, tu évalues en quelques secondes la distance, le temps dont tu disposes pour grimper tout en haut de la pyramide, la possibilité de te cacher. Tu fais une croix sur toute aide, parce que non, ce matin-là, tu es seul à Tikal. Tu essaies de te rassurer, il n’y a ni lion ni tigre sur le continent, juste…
Juste des jaguars.
Qui se sont en fait avérés être des singes-hurleurs.
Mais ça, on ne l’a compris que quelques heures plus tard en entendant ça au-dessus de nos têtes…
Mouhahahaha!
Alors tu estimais pouvoir arriver en haut de la pyramide en combien de temps? 😉
@ Shaya : je ne sais plus très bien, mais c'était très rapide. Très très très rapide... 🙂
Et moi qui ai atteint mon summum de l'effroi avec un groînk de sanglier... 🙂
@ Nekkonezumi : en même temps, le sanglier, cela ne pas être très amical non plus !
Putain ils font la blague les singes : )
@ M1 : je suis certaine qu'ils calculent leur effet !!! Ils le font exprès !
Le Gratémoilà ??? (je sors)
@ Manu : le fameux Gratémoilà, oui ! Avec la superbe ville de Situmangetro Tikal... (Je me cache sous un sac en cuir fait sur mesure...)
[…] Mais vraiment rageur le grognement, du genre de celui qu’émet le singe hurleur dans la jungle guatémaltèque. […]