En Inde du Sud, alors que nous sommes retournés plusieurs fois dans le Kerala et le Karnataka, cela faisait deux ans presque tout rond que nous n’avions pas mis les pieds au Tamil Nadu, ce grand Etat situé dans la partie sud-est de l’Inde.

Et au loin poussent des montagnes…

Pourquoi ? Nous l’avions bien parcouru durant l’été 2008, en bus d’Etat, train, voiture. Des villes-fourmilières, des sites archéologiques, des temples foisonnant d’activité, des villes coloniales. Passionnant mais fatigant le Tamil Nadu, très peuplé, poussiéreux, sale, gigantesque. Et la quasi homogénéité des lieux (sauf le Chettinad musulman qu’il nous reste à découvrir), hindou et tamoul, ne nous a pas manqué jusque-là.  Et cette fois-ci, nous avons choisi une région un peu à part, à la confluence de trois Etats et de trois influences (Karnataka, Kerala et Tamil Nadu justement), les Nilgiri Hills.

Si tu veux comprendre ce qu’est l’étagement montagnard, c’est un endroit parfait :

les palmiers royaux et les éléphants,

puis les feuillus et les singes, ensuite les flamboyants et les épineux,

et enfin le plateau, ses théiers et ses fleurs de montagne.

Mais avant de te parler des plateaux surpeuplés, des versants rocheux à pics, des pentes recouvertes de théiers et du sari qui se porte avec le gilet de laine, avant aussi de te parler de ces anciennes stations d’altitude qui dominent la plaine assoiffée et polluée, où les Britanniques de Madras venaient prendre l’air, se soigner des fièvres et oublier un peu la chaleur, comment sait-on que l’on est de retour au Tamil Nadu ?

Tu as presque tout sur cette photo…

Au Tamil Nadu, si Tac pose une question à une femme, quelle que soit sa catégorie sociale, elle se tourne automatique vers moi pour répondre : ce qui donne un ballet assez sympathique d’une voix masculine interrogative qui s’entend répondre « yes, ma’am ».

Au Tamil Nadu, le hindi s’est perdu corps et bien chez ce fier gardien d’une langue dravidienne très ancienne, aux lettres « rondes angulaires » et aux sonorités roulantes. Des « am » finaux, des mots à rallonge, Gongakondacholapuram ? Mettupalayam ? L’Inde du Sud et l’Inde tamoule sont là. Forte présence britannique aussi, l’anglais y est meilleur qu’ailleurs en Inde, à l’exception de Calcutta, notamment parmi les femmes.

Au Tamil Nadu, de longues routes traversent une campagne sèche et plate qui s’étire à perte de vue, jonchée régulièrement de détritus. Mais ça, c’est dans presque toute l’Inde, c’est vrai.

Au Tamil Nadu, les sari font leur grand retour, préférés de loin aux autres tenues vestimentaires féminines. Le pallu est souvent rentré à l’avant pour plus de praticabilité. Les hommes drapent leur longhi et le remontent souvent en pagne ; il est totalement blanc, sans cette bande mêlant doré et rouge ou vert comme dans le Kerala.

Au Tamil Nadu, les Ambassadors fleurissent à chaque carrefour, sur chaque parking, dans chaque file de véhicules. Ces grosses voitures blanches typiques de l’Inde (sauf à Bombay !) sont un peu les tanks des routes indiennes : massives, sans fioritures, sans gadgets (quoique parfois customisées…), elles sont comme la Deuch’ française, elles assurent. Elles sont à elles seules tout un imaginaire du voyage en Inde…

Les Nilgiri Hills ? Cela se mérite.

Un peu plus d’une heure de route en lacets serrés, avec camions roulant à toute vitesse,

changements de voie inopinés, singes gambadant le long de la route voire sur la route,

pause pipi masculines collectives, motos lancées à toute allure, klaxons infinis

et piques-niques improvisés sur le bas-côté… Et bus surpeuplés bien sûr !

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