Tiens, un sujet qui revient en ce moment… Juste pour préciser : ceci est arrivé il y a trois ans.*
Lady’s Market, Tsim Sha Tsui, Hongkong.Finalement, ce n’est peut-être pas plus mal ?
Parfois, on se reprend en main pour se dire que l’on peut encore tenter la chance. Creuser un tunnel, sortir de son trou, ouvrir une porte. Parfois, on se remet à y croire même si quelque part on entend crier « tu le sais, tu es pieds et poings liés ! Tu le savais avant même d’y être, pourquoi as-tu mis le doigt dans l’engrenage ? Tu t’en doutais, et regarde le résultat !!! »…
Justement, tu n’as rien à perdre, alors ? Alors quelques recherches, quelques informations et là, tu tombes sur le site du MAE. Le Ministère des Affaires Etrangères avec ses postes à pourvoir, proposés aux fonctionnaires d’autres ministères. Un détachement ? Mais ils ne sont plus octroyés qu’au compte-goutte ! Mais qu’à cela ne tienne, ne lâchons pas prise avant d’avoir reniflé partout…
Parmi nombre de postes ne correspondant pas (trop de compétences, d’ancienneté et de qualifications exigées), une ligne me saute aux yeux. Chinois, il y a marqué « chinois ». Là, je me dis que nous ne devrions pas être nombreux à pouvoir faire la différence, voyons donc de quoi il retourne.
On cherche pour Hongkong…
Magnifique : je connais bien, j’aime beaucoup, je maîtrise en plus la graphie non simplifiée du cantonais…
… une personne connaissant parfaitement le système scolaire et universitaire français.
Pause. Tu retiens ton souffle, tu te dis que ça n’est pas possible. Tu relis : si, c’est possible. A part potasser pendant quelques heures (je potasse vite, ne t’inquiète pas) le système des filières universitaires scientifiques et, à la rigueur, le système de recrutement des labos de recherche et du CNRS, ça va, je maîtrise. Grave.
La suite, la suiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite !
Une personne parlant parfaitement anglais, et ayant éventuellement des connaissances en chinois.
Bon sang. Anglais, j’ai cette chance de le parler, le comprendre, l’écrire et le lire de manière aisée (avec diplômes et expériences à l’appui) et osée quand le reste me fait défaut. Et deux ans de chinois intensif aux Langues O’ réussis haut la main, c’est un atout non négligeable, j’en suis sûre.
Le but ? Créer des partenariats entre les universités chinoises françaises. Cela me plaît et je commence à y croire. Mieux : j’y crois !
Je me lance, je m’inscris, prépare mes papiers, remplis quelques cases de formulaires et me voilà prête à entrer dans la course effrénée au détachement, en compétition avec plus compétent, plus ancien, plus performant que moi mais certainement pas plus passionné et convaincant !!!
Quand, au moment de valider les données saisies, une ligne rouge clignotant en bas de l’écran attire mon attention :
« Le personnel relevant de l’Education nationale doit impérativement passer par le site de son ministère pour postuler ».
Je blêmis.
Déjà, je sais.
Ministère de l’Education nationale, page des « Transparences » (postes ouverts notamment aux profs dans d’autres ministères) : « tous les postes ont été pourvus, attendez la prochaine transparence qui arrive Dieu sait quand et comme la République est laïque c’est dire que personne ne sait réellement quand… ».
Voilà.
Un poste pour lequel mon CV a été copié-collé pour écrire l’annonce de recrutement. Et en retour, un contingentement du nombre de profs pouvant postuler, tant ils sont nombreux à vouloir fuir cette machine qui les broie. Surtout les jeunes profs, ceux qui ont encore la possibilité de partir, sans emprunt-de-30-ans sur le dos, sans gamin-accroché-aux-basques, la possibilité de faire une carrière (autre ? ou une carrière tout court ?), qui ont encore la possibilité de se former à d’autres métiers. Eux, et seulement eux parmi tous les fonctionnaires !, on les contingente : ce serait effectivement dommage de confier ce type de poste à des gens réellement compétents.
Tu sais quoi ? C’est là où j’ai compris. Que je n’avais rien à gagner mais tout à perdre à rester fonctionnaire de l’Education nationale.
* Marrant : après plusieurs mois-années, des choses refont surface, certaines me manquent, certaines m’attristent encore plus. Ma madeleine a sans doute été cette visite de Bombay auprès d’un public nombreux, intéressé, vif et fort sympathique…
C'est dégue ce truc.
Et voilà comment les jeunes profs s'en vont du Ministère. Il ne restera plus aucun prof, donc ils n'ont pas besoin d'écrémer autant
@ Angélita : je trouve aussi. Et puis les contractuels et les vacataires sont tellement moins chers...
Et moi qui palpitait avec toi en lisant tout le début du post, en me disant "mais c'est génial si elle peut aller à Hong-Kong c'est POUR ELLE!!!"
La déception... mais pourquoi tout a déjà été pourvu comme ça???
@ Spike : et en plus c'est arrivé il y a trois ans ! Les allusions étaient claires, mais pour moi seulement, désolée ! De ce fait, j'ai mis une petite note en haut : j'ai vraiment été déçue à l'époque. Je ne sais pas si avec la nouvelle loi cette procédure (injuste à mon sens) a toujours cours, mais je n'en serais pas surprise...
En fait, à l'époque, les postes n'étaient pas pourvus : mais le nombre de candidatures réservées aux profs avait été atteint. Et c'est ça qui est absolument injuste, un certain nombre de profs pouvaient postuler seulement, même s'il y avait encore des postes liés à leurs compétences !
Tu viens de dire qu'ils se sont servis de ton CV pour créer ce poste ???
Et ben ... Il y a de quoi avoir les boules ...
@ Faustine : non, c'était de l'ironie, tellement le poste me correspondait, hihihi !
Mais j'ai eu les boules quand même, effectivement.
Ma pauvre... c'est vraiment injuste!
@ Shaya : oui, j'ai beaucoup grogné à l'époque, et cela ne m'a du tout donné envie de revenir à l'EN.
Service Public, Fonction Publique: un concept ou un idéal, à moins que ce soit une utopie, que j'ai toujours envie de défendre.
Malheureusement pas besoin de l'extérieur pour détruire la chose; l'ennemi de la Fonction Publique est en son sein!
Et je voudrais préciser pour ceux qui sont contre la sécurité de l'emploi et qui se réjouissent de sa remise en cause, qu'il y a plus d'inconvénients à la supprimer ( car elle permet un droit de désobéissance contre des ordres illégaux; elle permet de lutter pour l'intérêt public au détriment de l'intérêt personnel de la Haute hièrarchie) que d'avantages (virer les agents "j'en foutre" qui en réalité ne sont pas toujours ceux qui dérangent le plus cette hiérarchie arriviste!)
Mais je suis hors sujet (quoique...faudrait développer!) et je comprends ta colère...
@ Jelaipa : et le pire est que je la défends aussi, je suis contre le démantèlement de la Fonction publique et de l'Education nationale ! J'avais à l'époque trouvé hallucinant que des fonctionnaires soient traités de manière différente, discriminés en fait, en fonction de leur ministère d'origine alors même que les postes n'avaient pas été pourvus !
Je suis d'ailleurs absolument d'accord avec ce que tu dis sur les avantages et les inconvénients !
Un système vraiment mal foutu! De quoi rager!
@ Miss Brownie : mais un système tellement bien installé que l'on ne songe même pas à remettre en cause les éléments injustes...
tu veux que je te dise: ils ne te méritaient pas ! voilà !
@ Bérangère : hihihi, merci !
J'aurais été folle de rage... C'est super dur de devoir subir un système et de n'avoir aucune prise...
aussi injuste et rageant que le système de "critère d'ordre" dans les licenciements économiques (tu as trente ans, tu es célibataire, tu as trois ans de boite parce que tu n'es pas du genre à t'encrouter, tu dégages, tant pis si, en étant célibataire tu risques de finir à la rue)
@ La Blonde : oui, absolument ! Ce n'est pas que l'apanage du public, malheureusement... J'adore en plus : à aucun moment le critère des compétences n'est mis en avant ??? C'est fou...
Et tu ne peux pas envoyer ta candidature par lettre avec un cv, sans passer par la machine informatisée (qui ne fait que ce qu'on lui demande), histoire qu'ils aient ton cv sous le coude.... on ne sait jamais....
@ Le Journal de Chrys : (en fait, c'était il y a trois ans cette histoire !) non, il faut nécessairement passer par cette procédure. A moins sans doute d'avoir des contacts dans les ministères concernés, ce qui n'est pas mon cas.
les postes dans la Recherche, c'est pas mieux, j'ai envie de dire... et après, on s'étonne que les jeunes chercheurs partent à l'étranger faire du travail de qualité ou... changent de filière!
c'est pas très motivant, tout ça, si tu veux mon avis...
@ L'épice : oh oui, j'imagine que c'est pareil voire pire dans la recherche (parce que là, il y a vraiment la question des contacts qui joue). Non, on n'a pas vraiment envie de se donner à fond après ça...
Comme tu l'écris , ta chance c'est de ne pas avoir de contrainte !
Si c'est pas Hong Kong, ce sera ailleurs , si c'est pas ce poste, ce sera un autre .. l'essentiel est de continuer à chercher !
@ Isa : en fait, si justement le grand problème est d'être pieds et poings liés dans l'Education nationale (même si on te fait croire que tu peux choisir ta mutation, c'est totalement faux : tu émets des voeux et ensuite c'est la roulette russe ! Sans aucune logique d'ailleurs : pour prendre mon dernier poste, et je suis titulaire attention !!!, j'avais 5h30 de trajets par jour... Oui, par jour...). Mais tu as raison, quand je réenvisagerai l'Education nationale, je chercherai malgré tout dans cette voie...
C'est affligeant de découvrir pareilles choses ! et franchement, je comprends mieux en découvrant le niveau parfois à hurler de rire de certains fonctionnaires détachés pour des missions comme celle sur laquelle t'es tombée, et je te parles même pas de responsables pour des partenariats avec des universités et organisations arabophones qui ne parlent pas une lettre d'arabe et qui n'ont jamais passé le moindre stage dans un pays arabe : )
Mais tu l'as bien compris, fonctionnaire de l'éducation nationale, c'est pas le bon plan, où alors il faut faire partie des amis de Sarko : )
@ M1 : c'est à ce point-là ??? Nan, là, franchement ça craint : parce que je suis sûre que parmi tous les fonctionnaires (dont les profs) certains avaient vraiment les compétences (intellectuelles ET linguistiques) pour avoir un poste comme celui-là. Sauf qu'ils n'avaient pas les contacts, ne venaient pas du bon ministères, n'étaient pas dans la bonne grille... Et après, nos administrations à l'étranger passent pour de la guignolerie.
De toute manière, j'ai l'impression que fonctionnaire de l'Education nationale n'a jamais été le bon plan, hihihi !
une de mes très bonne amie, cadre supérieure, très qualifiée dans le privé, aimerait bien décrocher un bon poste dans le public. Mais suivant la règle que tu décris, elle a toujours échoué et a laissé tombé.
@ Miss 400 : cela ne m'étonne pas, malheureusement. Mieux vaudrait d'ailleurs pour elle qu'elle reste dans le privé si le nouveau décret passe (en cas de souci, de réaffectation etc., les fonctionnaires mis en disponibilité n'ont pas droit au chômage, n'ont pas droit de poursuivre une autre activité ailleurs et n'ont pas le droit de créer d'entreprise...).