Il y a des jours comme ça, malgré tout ce que nous ont appris nos parents, nos livres et notre observation des choses, on se dit que la logique ne vainc pas. Et pourtant, en ce 4 août, il y aurait quelque chose d’essentiel à fêter, la foi en une certaine justice et justesse sociales…
Un système économique et financier a prouvé depuis un an à quel point il comportait de risques pour la population mondiale alors que les gains ne concernent qu’une infime minorité de celle-ci. De plus, ce système n’aide en rien à dépasser l’aporie technologique actuelle, voire freine des quatre fers dès qu’il s’agit de modifier l’approvisionnement énergétique, les modes de production et de consommation.
Ce système glorifie des entreprises qui ont prouvé, à maintes reprises, leur incapacité à voir à long terme. Plongeant dans la détresse des salariés, des familles, des citoyens tout en rémunérant grassement des dirigeants ayant géré l’entreprise de manière tellement habile qu’elle est dans le rouge. Mais re-belote, au lieu de faire table rase, les Etats les aident à s’en sortir (alors que ces mêmes Etats sont aussi sur la paille) au prétexte de sauver des emplois mais confortant par là le système lui-même.
Ces mêmes entreprises, aidées, engrangent ensuite des bénéfices étonnants. Se gargarisent de chiffres mirifiques et provisionnent même les bonus à venir pour ceux qui, certes, prennent des risques dans leur métier, mais prennent des risques avec l’argent des autres. En cas de bon coup, le bonus sera faramineux, mais si tout plante à cause de produits exotiques mal maîtrisés et de montages tellement risqués que l’on voit gros comme une maison que celle-ci va s’écrouler (ou être saisie et revendue à bas prix), personne ne rembourse. Enfin si. Ceux qui ont déjà déboursés auparavant pour acheter la maison. Si c’est pas du risque calculé, ça…
Un exemple concret ? Et bien, BNP-Paribas par exemple. Qui reçoit une aide de l’Etat pour se remettre à flot, ne licencie pas en France grâce à un plan de départs volontaires, mais qui ne se gêne aucunement pour licencier à tour de bras les petites mains des pays étrangers où elle peut le faire légalement sans recevoir de coups. Eux, on peut les virer du jour au lendemain, comme on veut. Eux triment, n’ont pas de plan d’épargne, n’ont pas de chômage et encore moins de retraite. Eux, quand les caisses sont pleines, ne reçoivent pas de bonus faramineux. Ce qui sera en revanche le cas des traders de l’entité BFI semble-t-il… Et les bénéfices vont être croustillants, en plus ! On peut virer à l’étranger parce que les médias français s’en fichent, que personne ne le saura, et hop, ni vu ni connu. Je sais : c’est le jeu de la mondialisation (n’oublions pas : « la banque d’un monde qui change »…), des systèmes légaux différents, des contrats déjà signés et de la libre concurrence.
Mais ce que j’attends avec impatience, c’est le moment où l’on va se féliciter et se taper dans le dos : la banque aura réussi à se sortir de l’impasse de la crise avec panache et sans casse sociale, bravo ! Enfin, c’est ce que dira un quelconque Pdg, un quelconque ministre de l’Economie voire un Omnicolas (jamais quelconque, l’Omnicolas, bien sûr). Les salariés étrangers ? Les équipes singapouriennes décimées ? Les huit cents emplois de CIB ??? Pfff, de la roupie de sansonnet.
J’ai pris BNP-Paribas comme exemple mais il n’est pas besoin malheureusement de gratouiller bien loin pour en trouver des dizaines d’autres…
Alors oui, on se demande où est passée la logique dans tout ça. Dieu reconnaîtra les siens ? J’espère qu’il est analyste, roturier et singapourien alors…