Si je te touche un mot des transports indiens un jour, tu ne viendras jamais me rendre visite. Il vaut donc mieux y aller par petites touches : alors commençons avec la loi de Murphy appliquée aux transports (Murphy, qui s’appelait en réalité Murpheeji. Ou Kumarphee transformé en Murphy quand il est parti s’installer outre-Atlantique, je ne sais plus).
Imaginons… de passer un week-end à Hyderabad en partant de Bombay. Que te faut-il comme ingrédient ?
– un moyen de transport de ton appartement à l’aéroport (a priori : OK) ;
– un moyen de transport entre l’aéroport et Hyderabad (a priori : OK) ;
– un moyen de transport entre l’aéroport et l’hôtel à Hyderabad même (a priori : OK).
Et bien, l’Inde te dira : « tu n’es pas assez exigeant ». C’est beaucoup trop simple, épiçons un peu le tout, mouahahahahah !
Tout d’abord, c’est nécessairement cette semaine-là qu’il faut absolument réparer la voiture pour un accrochage survenu deux mois plus tôt ; l’accrochage ayant entraîné un affaiblissement du klaxon, qui couine désormais plus qu’autre chose, et sans klaxon en Inde, point de salut… La voiture part donc en début de semaine au garage où… elle est prise en otage : l’assurance s’est aperçue (avec nous) que le chauffeur n’a pas fait réactualiser son permis et tant qu’il n’a pas le nouveau, impossible de récupérer la voiture
Qu’à cela ne tienne, tu t’organises et prévois de partir à l’aéroport en taxi. Sauf qu’en pleine mousson, les taxis sont pris d’assaut dès qu’il pleut, et les embouteillages deviennent cauchemardesques. Il faut donc prendre de la marge, beaucoup de marge pour être sûr 1) de trouver un taxi, 2) qui veuille bien aller à l’aéroport sans demander un prix exorbitant, 3) ne pas être bloqué dans les embouteillages. Le tout est d’être à 19h à l’aéroport.
Sauf que. Avec les réductions de coûts des compagnies aériennes indiennes, des vols sont rassemblés (tu me diras, un vol avec cent personnes pollue beaucoup moins que quatre vols avec vingt-cinq personnes, mais c’est autant de ré-organisation pour les passagers). Toute la journée s’égrènent donc des sms émanant de la compagnie : le vol partira finalement à 20h. A 21h. A 21h30. Tu te réorganises donc, envisageant ton heure de hélage de taxi en fonction de l’heure de pointe, de la pluie qui arrive et du nouvel horaire provisoire du vol. Scénario remis à jour toutes les heures grâce à la compagnie aérienne et à ses sms.
Et là, quand tu t’es bien organisé… le garage t’appelle, tu peux récupérer la voiture !!! Mais ne crie pas yodeli-yodela trop vite : impossible de joindre le chauffeur, mouahahahahahah ! Angoisse, inquiétude, et après moult coups de fil, chauffeur et voiture arrivent (plus tard que l’horaire-dernière minute prévu), et tu files vers l’aéroport sous la pluie, dans les embouteillages et en regardant d’un oeil inquiet les accidents le long de la route… Finalement, ne vaudrait-il mieux pas que le vol soit encore retardé ? Mais tu parviens à prendre l’avion…
Arrivé à Hyderabad, tu te laisses aller : ouf ! Car tu crois trouver un taxi prépayé, plus cher mais plus simple : pas besoin de héler un taxi en maraude, de marchander le prix (que tu ne connais pas dans une ville inconnue, forcément) et de vérifier l’itinéraire suivi pendant tout le trajet. Là, il suffit d’indiquer l’adresse à un comptoir où tu payes, et hop ! tu embarques dans la voiture. Sauf que. A Hyderabad, le parking des taxis prépayés est situé en face de l’aéroport, de l’autre côté d’une (magnifique) voie rapide. Il faut donc attendre la navette, qui est looooooooooongue à venir (surtout à 1h du matin), et qui est loooooooooooooongue à repartir. Et au parking, il faut réveiller le caissier…
Il est 3h du matin, tu t’affales sur ton lit et te dis que finalement, ce n’était pas SI compliqué d’aller à Hyderabad…
Un animal se cache peut-être ici. Ou peut-être pas.