Mes élèves, un drame et des mots

[Ce billet n’a pas été simple à écrire. Il rassemble à la fois mes interrogations, celles de mes élèves, ce que j’en comprends et ce que j’en ai tiré comme réflexions. Pas de conseils ici, mon expérience seulement.]

Marche Charlie Hebdo

Place de la République, Marche du 11 Janvier 2015.

Que leur dire…

Le prof, c’est un être humain qui gère de l’humain, et l’histoire de chacun donne une coloration à la manière dont nous dialoguons à chaud avec nos élèves sur des événements tragiques comme ceux survenus en cette semaine de rentrée. J’ai un bagage, et je savais jeudi dernier qu’il allait me falloir compter avec, quand bien même je devais « être prof ».

Mon histoire, c’est la sidération pendant les trois jours qu’ont duré les attentats de Bombay en 2008, qui ont laissé la ville groggy pendant des mois ; ceux aussi de 2011 qui ont tué à quelques centaines de mètres de chez moi. Le fait en tant qu’Occidentale d’être cible potentielle s’est ajouté à mon histoire parisienne et de voyageuse, d’avoir conscience que cela peut sauter n’importe où, n’importe quand. De savoir par mon histoire familiale que cela peut VRAIMENT dériver n’importe quand. J’ai retenu de cela le besoin de se réunir, de se serrer, de parler encore et encore, et d’accepter les regards qui se croisent et s’embuent : l’élan viscéral de se sentir humain, solidaires, de partager la peine et l’angoisse. C’est avec cette idée que je suis entrée dans une salle des profs bouleversée.

Mon histoire, ce sont aussi les cris « Vive Al-Qaeda, vive Ben Laden ! » proférés par des 4è devant les attentats de Madrid au début de ma carrière : colère, indignation, incompréhension, et l’absence de réponse institutionnelle à cela. Mes élèves n’avaient-ils donc pas d’empathie ? de retenue ? étaient-ils tous des militants potentiels de l’intégrisme armé ?

Un peu plus d’expérience m’a appris qu’ils étaient surtout des adolescents ; qui plus est, des ados élevés au pied d’un HLM du Val-d’Oise, enfermés dans un microcosme dont ils savaient déjà pertinemment qu’ils ne sortiraient jamais. Les vacances, c’était avec un sourire éclatant aller voir leur tante à Villiers-le-Bel. Des ados dont l’univers était pour nombre d’entre eux marqué par un non-dit absolu sur l’histoire familiale, le pourquoi de l’émigration (et je le vérifie encore aujourd’hui), si ce n’est « la guerre ». L’enfermement, géographique, corporel, intellectuel, culturel et historique.

Voici les élèves auxquels j’allais m’adresser.

Mes élèves.

Alors eux d’abord

J’ai commencé chacun de mes cours en leur disant : « il s’est passé quelque chose de grave, qui touche de nombreuses personnes et qui touche à plein de choses. Quelqu’un peut raconter ce qui s’est passé ? ». J’ai refusé d’encadrer leur pensée, de recourir au bouclier des programmes : faire rentrer le réel dans des définitions et des cases érudites créées par des adultes pour des adultes. J’ai refusé de partir du principe que j’allais contrer frontalement, du haut de ma position d’adulte et de prof, les éventuels dérapages : quand il faut lutter pied à pied contre des thèses fallacieuses, des idées dangereuses, il faut laisser les ados s’exprimer librement plutôt que de se protéger en réduisant immédiatement leur lecture à « liberté d’expression », « liberté de la presse », « laïcité ». Les grands concepts viendront après, peut-être, selon ce qu’ils diront.

Il s’est avéré que presque tous avaient suivi avec attention le déroulement des événements. Ils avaient retenu les noms, les lieux, les hypothèses déjà avancées par les médias. Ils avaient pour certains une lecture bien arrêtée, oscillant entre le « ouais Charlie Hebdo est allé trop loin mais en même temps ça ne se fait pas de tuer » et le « c’est n’importe quoi, c’est pas des musulmans ça » et « en même temps, hein, la classe d’avoir une kalach !  » . Le travestissement de l’émotion, les mots et les provocations de purs ados. Mais ils étaient en demande de clarification, tout autant que nous.

Et ça, chercher le pourquoi, c’était déjà une victoire.

La disproportion

Dans l’attentat contre Charlie Hebdo, l’inadéquation entre l’insulte et la riposte n’est pas du tout venue à l’esprit de la plupart de mes élèves. Il faut dire que ces derniers se battent jusqu’à casser des nez, avoir la bouche en sang, se faire fracturer un tibia, pour une insulte : pour des mots proférés dans une classe, un couloir ou une cour de récréation. Juste des mots. Réellement du sang, réellement des plâtres. Dans une large proportion, ce sont aussi des élèves qui connaissent les coups comme réponse à des notes scolaires, des paroles, des soucis familiaux. Et quand ils s’intéressent d’eux-mêmes à la géopolitique, c’est uniquement au conflit israélo-palestinien, vu au prisme encore de la disproportion : de pauvres hères dépenaillés et affamés dans les ruines de Gaza face à la mécanique huilée et ultra-puissante d’Israël. La disproportion est constitutive de leur vision du monde, elle est naturelle et fait loi. Je soupçonne même qu’il y ait un peu de Schadenfreude dans l’attitude de certains, si les coups tombent sur quelqu’un d’autre, c’est qu’ils ne tombent pas sur moi.

Alors là, j’ai repris la parole. J’ai comparé, donné des exemples simples. J’ai fait appel à leur sens de l’équité, très éveillé à cet âge-là le plus souvent. Où se trouve la gloire à frapper plus fragile que soi ? Où se trouve l’héroïsme dans la kalachnikov qui anéantit le crayon ?

La compassion variable

Dans leur description des faits connus, leur compassion était quasi nulle il faut bien l’admettre. Tout d’abord parce que Charlie Hebdo ne signifie absolument rien pour eux : par leur âge, leurs centres d’intérêt, leur milieu social, ils ne le lisaient pas, n’en connaissaient pas les dessinateurs et il n’y a aucune raison pour que des gamins nés entre 2000 et 2004 aient eu ce journal entre les mains. Et l’empathie quand on est ado, elle est d’abord pour son nombril, j’en veux pour preuve les hurlements de rire quand un élève tombe de sa chaise. Charlie Hebdo leur évoquait aussi une polémique sur la représentation de Mahomet parce que, uniquement, les médias l’avaient rappelée dès mercredi.

La compassion variable est un trait humain pointé du doigt à chaque catastrophe aérienne ou géologique : l’empathie est créée par la proximité réelle ou supposée avec les victimes, et nous pensons le monde en terme de proximité géographique (ce qui arrivait en Inde m’émouvait encore plus quand j’y vivais), religieuse (les églises brûlées et les chrétiens massacrés dans l’Est de l’Inde ou en Birmanie, avec les musulmans au passage, par les hindous et les bouddhistes touchent profondément des catholiques de mon entourage), ethnique pour certains (cela ne fait pas partie de mes cadres mais je le conçois).

Comme mes élèves ne sont pas moins humains que les autres, leur émotion s’est dévoilée quand ils ont entendus les noms de Ahmed Merabet, de Mustafa Ourrad, quand ils ont vu la couleur de peau et le nom de Clarissa Jean-Philippe. La proximité culturelle, ethnique. Et étrangement, l’âge a fait mouche aussi : ils se sont indignés en prenant conscience que certains des dessinateurs étaient des « papys ». Des papys armés d’un crayon, face à des kalachnikovs tenues par des trentenaires.

« Ah ouais, là, c’est abusé quand même…« 

Il n’y a pas de fumée sans feu

Mais dans un univers fait de sanctions et de coups, lorsqu’il arrive quelque chose c’est qu’on l’a un peu cherché, non ? C’est sans doute l’argument qui revient le plus de la part des élèves, avec en ligne la polémique originelle, les caricatures de Mahomet, et la Une un peu trop fine pour qui veut ne trouver que de l’insulte partout dessinée par Cabu. Je n’ai pas eu besoin de leur projeter quoi que ce soit : apparemment, tous les avaient vues ou faisaient semblant de les connaître. Et de surenchérir sur le fait qu’ils avaient aussi regardé la vidéo où Ahmed Merabet se fait exécuter, ainsi que celles des journalistes régulièrement assassinés par Daesh.

Horreur… ou bien peut-être les rodomontades et roulements de mécanique d’adolescents…

Toujours est-il que le journal l’avait bien cherché, et donc avait mérité la punition. On rejoint là les réflexions qui surgissent souvent pendant l’année témoignant selon moi du besoin de justifier la terreur : si les nazis ont voulu exterminer les Juifs, si « tout le monde » déteste les Juifs, c’est que quelque part… ils ont fait quelque chose pour le mériter. L’enfant comme l’adolescent a besoin d’une explication à l’horreur, et quand bien même la peine est disproportionnée, ils établissent une réciproque immonde mais « logique » : si tu fais quelque chose, tu es puni ; si tu es puni, c’est que tu as fait quelque chose. Alors les dessinateurs de Charlie Hebdo l’avaient nécessairement cherché. Sinon, c’est que le monde ne tourne pas rond…

Que mes élèves n’aient aucune idée de ce que contenait et contient le reste du journal, les caricatures vitriolesques de Le Pen, du pape, de Dieudonné, de Sarkozy, d’imams et de rabbins, de tout le monde en fait n’a aucune importance. Charlie dans leur imaginaire est le journal d’une seule chose, qui aurait touché leur âme et leur conscience, la représentation du Prophète. « Sérieux, ça ne se fait pas, ça, c’est de l’irrespect Madame !  » .

Alors parlons un peu de respect.

L’oukaze du respect

Cette notion, on en a badigeonné mes élèves depuis leur plus tendre enfance. Elle est devenue depuis une vingtaine d’année le quatrième mot à ajouter à la devise de la République, en banlieue pauvre en tout cas : le Respect, ce sera le cadre de pensée qui empêchera un peu la marmite d’exploser. Comme le mot « tolérer » (quel mépris : tolérer, c’est accepter de subir !), le respect a tellement été vidé de sens qu’il s’applique à tout indifféremment : on doit « respecter » les autres, accepter leur couleur de peau tout en cédant la place aux personnes âgées, ne pas cracher par terre et écouter l’opinion des autres, ne pas couper la parole aux professeurs et ne pas insulter les élèves. Ce respect-là, tel qu’il a été enseigné, cela s’appelle la politesse.

La loi elle ne s’occupe pas de politesse, mais ça mes élèves ne le savent pas. Pour eux, Charlie et tout le monde est contraint par la loi d’être poli et précautionneux : ne pas insulter la religion des autres, ne pas moquer les convictions des autres puisqu’il est écrit que « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses  » . Inquiéter, embêter, moquer, respecter : c’est du pareil au même. De plus, la loi de 1905 reconnaissant toutes les religions et leur pratique, comme la pratique de l’Islam implique de ne pas représenter Mahomet il est imposé à tous de ne pas insulter les croyants musulmans en représentant Mahomet… Raccourcis, contre-vérités, mésinterprétations, raisonnements erronés : là, on le sait, il y a du boulot et ce n’est pas avec la portion congrue d’heures de cours que l’histoire-géographie-éducation civique reçoit avec des programmes pantagruéliques qu’on en arrivera à bout.

La relativité des lois

Et puis, il faut revenir à Antigone.

Expliquer encore et encore à des esprits pétris de religieux, et pas seulement d’Islam mais aussi de christianisme évangélique, que la religion est une conviction personnelle, qu’elle n’est pas au-dessus de la loi quand bien même elle importe à notre esprit, notre coeur, nos traditions. Qu’il ne peut pas y avoir blasphème dans un journal français, puisque les dessinateurs n’étaient pas musulmans, qu’ils n’ont pas obligé les musulmans à dessiner des images du Prophète, qu’ils ne les ont pas obligés à les regarder ou à acheter le journal. Et parce que tout simplement, le délit de blasphème n’existe pas en France.

Ils comprennent très bien que chaque pays a ses lois, mais leur inexpérience leur empêche de savoir qu’une personne qui se déplace est soumise aux lois du pays où elle se trouve. Je leur ai raconté la déférence absolue due au roi de Thaïlande et à ses photos quelle que soit notre nationalité, je leur ai dit l’interdiction pour moi, femme, de conduire en Arabie Saoudite alors que j’ai le permis, de me rendre et me déplacer sur le territoire si je ne suis pas accompagnée d’un tuteur, père, frère, mari ou fils, alors que je suis indépendante. Parce que c’est la loi, quand bien même elle offense mes convictions personnelles et éventuellement religieuses. La loi humaine est au-dessus des lois divines. Sauf dans les pays où il est clairement dit que c’est la loi religieuse qui fait loi. Mais ce n’est pas le cas en France. Il y a là une nécessité de hiérarchiser, de séculariser la pensée, avec des élèves qui ont du mal à faire la part des choses.

Expliquer enfin qu’une tradition religieuse ne concerne que les croyants de cette religion, pas les pratiquants d’autres religions ou les non-croyants. Ce qui est évidence pour moi, adulte et athée, ne l’est pas du tout pour eux. Je n’ai pas, habitant avec toi, à exclure le porc de mon assiette si ta religion implique de ne pas en manger : il en va de la politesse que lorsque je cuisine, je te propose un plat sans porc, mais qu’il en va aussi de la politesse que tu ne m’imposes pas de manger sans porc (tiens, ça me rappelle mon billet sur le végétarisme ça…). Tu ne m’imposes pas tes contraintes, je ne t’impose pas les miennes : c’est ça, la politesse, le « respect ».

Compliqué. Il faudra y revenir, encore et encore.

L’art du professeur.

Le « deux poids deux mesures »

Progressivement apparaît en dialoguant avec les élèves un sentiment sous-jacent qui parcourt bien des cours d’histoire. Le sentiment de ne pas être écoutés, de ne pas être entendus surtout.

Evidemment c’est en grande partie lié à cet âge où l’on rit et crie fort dans les rues pour se faire remarquer, l’âge où l’on surjoue l’agressivité en pensant que c’est de la personnalité, l’âge où pour s’affirmer soi on s’affirme avant tout contre tous. Mais il y a aussi, notamment pour mes élèves d’origine algérienne, une mémoire occultée faite de confusions, de non-dits et de sang : bien souvent à l’origine de la migration de leurs parents, et non de leurs grands-parents, la Guerre d’Algérie est un point de cristallisation. Mes élèves confondent en toute candeur la guerre d’indépendance et la guerre civile, en font un récit manichéen…

Mais si vous saviez. La demande pressante, presqu’une supplique, chaque début d’année dès la 6è : « Madame, on parlera de la Guerre d’Algérie cette année ?  » . Si vous saviez le poids mémoriel, le travail énormissime qu’il y a à faire pour rendre droit de cité à une mémoire qui empoisonne ces gamins et nous avec, un désir de vengeance fondé sur rien, un besoin que soit reconnue une souffrance endossée par chaque génération. Pas un mea culpa mais un véritable travail d’historien et de pédagogie pour donner des pistes, un cadre de réflexion, une place réelle dans les mémoires et pas un cours-croupion, qui permettrait à ces élèves et à ces jeunes d’accéder à une reconnaissance après laquelle ils désespèrent.

L’étape suivante ? Comme ces ados ont souvent l’âge émotionnel d’un enfant de 3 ans, pire que de ne pas être écouté, c’est avoir le sentiment que d’autres sont plus écoutés que nous.

Le sentiment d’injustice est alors décuplé.

Se rendre intéressant

La dieudonnisation fonctionnant bien, la question des Juifs et de la Shoah est de temps à autre soulevée par un élève plus provocateur ou plus volubile que les autres. Cela prend la forme du « on parle trop des Juifs et pas assez de « nous »  » , « on peut blaguer sur les Arabes mais pas sur les Juifs » . Si l’on enlève les mots qui heurtent et que l’on écoute le ton, on entend effectivement « moi, moi, moi » .

J’ai au début de ma carrière été désemparée de devoir expliciter ce qui relève de l’empathie, de l’humain, de la finesse, ou peut-être d’une éducation. Mais j’explique. Rire de la mort de 6 millions de personnes, femmes et enfants compris, dans des circonstances d’une cruauté infinie est aussi peu adéquat, drôle et pertinent que de faire de l’humour sur les tortures en Algérie ou les conditions et les conséquences de la traite négrière. Que faire de l’humour, c’est pointer une contradiction (du type : « t’es une fille, t’as pas de shampooing ?« … nan, désolée, c’est pour me détendre un peu…) et la mettre à distance pour faire passer un message, ou détendre l’atmosphère sur un sujet sensible ou douloureux. Voyez le Charlie Hebdo d’aujourd’hui en la matière…

S’ajoute parfois l’argument que si les synagogues et les écoles juives sont protégées, c’est parce qu’ « il n’y en a que pour les Juifs et qu’ils veulent se rendre intéressants » . Il y a l’idée qu’être protégé c’est être faible, ou bien auréolé de prestige : comme une star ou un footballeur, on est quelqu’un d’important. Donc si les Juifs sont protégés… c’est qu’ils sont plus importants que les autres ?

Lutter pied à pied, doucement, ne pas tomber dans le panneau de la confrontation, opposer des faits, des faits, des faits. Rappeler que des Juifs ont été tués à Toulouse, dans une école, récemment et uniquement parce qu’ils étaient juifs. Et que l’HyperCasher n’était pas une épicerie choisie au hasard mais parce que juive et fréquentée par des Juifs. La menace est réelle et concrète. Il y a des morts au bout.

Et puis raisonner un peu par l’absurde. Leur demander s’ils désirent donc que des musulmans soient tués dans un attentat contre une mosquée pour enfin « avoir la chance et le privilège » de vivre une vie surveillée ? D’aller à l’école coranique accompagnés par des policiers ? Leur demander aussi s’ils pensent que les gamins de Peshawar trouvent ça drôle d’avoir gagné le privilège d’aller à l’école protégés…

La spécificité de l’antisémitisme

Mais le plus intéressant dans tout cela, c’est de revenir aux mots.

Une des questions qui hérisse mes élèves, c’est de savoir… pourquoi on a besoin d’un mot différent dans la loi et dans le vocabulaire quotidien pour qualifier la haine des Juifs ? Leur interrogation est sincère et récurrente, parce qu’elle introduit encore cette idée que « pour les Juifs, c’est toujours différent » .

Le racisme est un des autres sujets transversaux de la scolarité de mes élèves, on l’aborde par les programmes, on l’aborde par les projets dès le primaire. Le racisme opère sur des critères d’ethnie, de religion, d’origine géographique etc. Dans leur idée, l’antisémitisme devrait être intégré sous le concept de racisme. Et c’est peut-être ce qui m’a demandé le plus de temps à clarifier pour moi-même… pourquoi le racisme est-il distinct de l’antisémitisme… que recouvre donc cette notion d’antisémitisme…

… rien. Rien de concret. Ce n’est pas une question de pratique religieuse ou de concurrence. Ce n’est pas une question de couleur de peau. Ce n’est pas une question d’origine géographique. Ce n’est rien de physique, de culturel, de politique, ce n’est rien de tout cela. Peut-être la réflexion la plus édifiante à cet égard a été celle d’une élève me disant « Madame, quand on va dans le quartier des Juifs, ils nous regardent bizarrement » .

Voilà. Le rien absolu. Et tout ce qui s’engouffre dedans : les fantasmes et les rumeurs, tout peut avoir un sens puisque de toute manière, l’antisémitisme ne repose sur aucun critère concret. Tout peut donc venir l’alimenter : un peuple différent (rare), l’argent (toujours), la puissance occulte (moins à leur âge), la manipulation (plus). Le fantasme qui perdure depuis les débuts du christianisme, avec ses couches qui s’ajoutent à chaque crise de l’histoire : les rites sanguinaires du Moyen Âge, le critère du sang introduit par les rois espagnols, l’âpreté au gain des grands argentiers du roi et de l’industrie etc.

« Alors Madame, pourquoi leur tape-t-on dessus s’ils n’ont rien fait ? » . Pharmakos, le bouc émissaire, El Fennec me rappelant très justement ce proverbe shadok :

Proverbe Shadok

Alors ?

Un prof est sous le feu nourri de mille questions à la fois. Le dialogue est possible mais le débat serein ne l’est pas tant nous sommes tous face à nos limites quand ce qui nous semble évident, moralement et socialement, est mis en cause. Nous sommes en première ligne d’une lutte pour laquelle nous n’avons que trop peu de moyens, humains et horaires. Pas besoin de textes pétris de bonnes intentions, pas besoin de liens vers des séquences sur la liberté d’expression, pas besoin d’émission sur « comment parler des attentats avec les élèves » : donnez-nous des médecins scolaires, des assistantes sociales, des COP, des assistants d’éducation, des éducateurs, des profs payés et traités correctement. Donnez-nous des heures pour aider à réfléchir, interroger et comprendre le monde dans lequel nos élèves vivent et sont amenés à prendre part. Tout simplement.

Les propos de certains de mes élèves, rares pour les provocateurs, plus nombreux pour les « testeurs », paraissent outranciers ? Ecoutons-les. Que nous disent-ils d’eux, de notre société, de nous ? Ces élèves tâtonnent. Questionnent. Répètent. Provoquent. Essaient d’interpréter à partir des seuls cadres de pensée dont ils disposent. Ce sont des adolescents qui sont en train de se former. A les contrer en ridiculisant leurs vues que nous jugeons étriquées, passéistes et dangereuses, nous perdrons à chaque fois. Ce sont des ados et nous sommes des adultes. Ecoutons-les avant de les qualifier de « graine d’islamistes »…

Note : la véritable marche républicaine commence maintenant. La question de l’Ecole certes, mais de tout le reste aussi. Les services sociaux, le milieu carcéral, la prise en charge psychiatrique : tout cela relève de notre engagement de citoyen. Jusqu’où et comment sommes-nous prêts à nous engager ?

 

 

 

HIIIIIIIIIIIII !!!(1037)Boah...(57)

240 commentaires

  1. Bravo. Un bol d'air face à tous ces posts qui n'ont que "l'imposition d'une stricte laïcité" à la bouche, et qui se fourrent le doigt dans l'oeil (à mon avis, évidemment, je peux avoir tort). Ecouter et comprendre, ça me paraît être le B-A-BA avant de dérouler des grandes intentions, des principes, des moyens (éventuellement). Réfléchir d'abord, décider et agir ensuite; original, non ?

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    • @David : merci pour ce commentaire 🙂
      Effectivement, écouter avant d'imposer des principes... surtout avec des ados qui ont justement très souvent de grands principes chevillés au corps (sans nécessairement en saisir toutes les implications) ! Et je reste persuadée que c'est une des seules méthodes pour que la réflexion ait un effet réel à long terme. Ensuite, le rappel à la loi est nécessaire (même pour les adultes) mais c'est la même chose : comprendre le sens de la loi et qui elle protège ou quoi, qu'il y a aussi des limites et des recours possibles (et ça, les élèves ne le savent pas d'où cette impression d'injustice permanente : il faut leur dire qu'il y a des procès, gagnés, perdus, que la diffamation et l'injure sont condamnées, et donc progressivement leur faire cartographier ce qui relève du domaine de la liberté et ce qui relève du domaine de la haine. Compliqué et long, mais indispensable 🙂 ).

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    • @Marie : merci pour ce lien (et le mail qui va avec 😉 ). Et votre billet traduit une réflexion importante dont je ne parle pas ici : tous nos doutes, toutes nos interrogations sur "comment nous positionner". Que cautionner ou pas, défiler ou non, chanter ou non et que chanter... Mettre sur le papier nos doutes importe tout autant que nos certitudes je crois...

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    • @Cédric : de rien, Cédric 🙂 Et je me doute bien que tu étais un peu parmi nous à marcher dimanche... et moi, ce sont les photos de la place TKC à Taipei qui m'ont émue 🙂

      HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(1)
  2. Merci d'avoir pris la plume, le temps et la distance pour écrire ce billet. A vous lire, et à lire d'autres collègues qui prennent la peine de penser comme vous le faites, avec empathie et sérieux, je me dis que nous faisons un métier nécessaire. J'ai quitté la banlieue maintenant, mais dans ma province je pourrais écrire l'article symétrique du vôtre : entendre la peur, écouter les clichés, les incompréhensions, puis les déconstruire pour poser des faits, des analyses, des valeurs.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(8)Boah...(0)
  3. Très bon billet.

    Je suis moi-même prof, mais dans un lycée agricole, c'est d'autres mines que j'ai eu à désamorcer : islamophobie, xénophobie, identité, etc.

    Leur expliquer, comme vous le faites rapidement, que le tissu social des "immigrés" est fragile et peu enclin à la zénitude.

    Leur expliquer que l'Islam n'est pas plus violent que le Christianisme (avec un peu de mauvaise foi en citant des passages controversés et hors contexte des deux Livres, mais il faut bien ça).

    Leur expliquer que les djihadistes sont aussi représentatifs de l'Islam que le KKK l'est du Christianisme.

    Et toujours, comme vous le faites, les laisser s'exprimer. Par contre, dans mon cas, ne pas hésiter à les confronter en les mettant face à leurs propres contradictions.

    Mais globalement, il y a chez une majorité, une vraie volonté de comprendre ce qui s'est passé, et pourquoi. Ce qui est en soit encourageant.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(10)Boah...(1)
  4. Magnifique billet ! Merci d'avoir partagé cela avec nous.

    Dans le même ordre d'idée, le recteur de la Mosquée de Bordeaux a récemment dit : "Une caricature c’est une caricature. Nous sommes dans un pays libre et c’est grâce à cette liberté que les musulmans peuvent s’exprimer et pratiquer. Il ne faut pas scier la branche sur laquelle tout le monde est assis. Tout le monde a le droit de s’exprimer."

    J'aime bien cet argument car il est simple à expliquer : Oui, la liberté d'expression, de presse et de conscience autorise un journal comme Charlie Hebdo à publier des caricatures qui peuvent offenser certains croyants. Mais c'est cette même liberté qui autorise aussi les croyants à croire, penser, dire, écrire ce qu'ils veulent. Il est alors facile de demander à ceux qui veulent censurer Charlie Hebdo si ils sont d'accord pour qu'on censure également leurs textes religieux ou leur réunions de prière.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(17)Boah...(2)
  5. Formidable, tout est dit et très bien dit.
    Je travaille depuis des dizaines d'années sur la transmission des drames traumatiques de l'histoire, et pour ce qui est des réactions "sacrilèges" des élèves, je suis arrivée exactement aux mêmes conclusions : mais je n'ai jamais été capable d'écrire un texte aussi juste, aussi clair. Je vais essayer de le faire circuler au maximum.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(4)Boah...(0)
  6. Magnifique !
    Ex enseignant , et du 95 , je découvre votre site (via les Cr...) et ça fait du bien !

    HIIIIIIIIIIIII !!!(1)Boah...(1)
  7. Bravo pour cette analyse de grande qualité qui souligne qu être prof c est avant tout aimer la jeunesse pour ce qu elle est et chercher a l élever au sens étymologique du terme , leur permettre a chacun de parvenir au meilleur d eux même et non de viser des objectifs abstraits qui ne leur correspondent pas comme la laïcité par ex quoique l on doit les guider et les ouvrir vers les valeurs que l on défend parce qu on y croit !

    HIIIIIIIIIIIII !!!(3)Boah...(1)
  8. Très bonne analyse, merci. Etonnant que vous n'évoquiez pas l'autorité/le rôle des parents? J'étais moi même un rebelle provocateur, mais de là à ne pas respecter une minute de silence... je craignais trop la réaction de mes parents, pas celle des professeurs. N'y-a t'il pas un gros problème d'éducation tout simplement?

    HIIIIIIIIIIIII !!!(5)Boah...(1)
  9. J'ai trouvé ce texte réconfortant et magnifique de probité, de nuance, d'intelligence et de générosité. Ce n'est pas si courant ces temps-ci. Bravo et merci à Chouyo que je ne connaissais pas, mais que désormais je vais suivre. En sympathie

    HIIIIIIIIIIIII !!!(4)Boah...(0)
  10. prof de philo en retraite, auteur avec un autre philosophe de Pour une école du gai savoir, un livre qui débloque (Les Cahiers de l'Égaré, 2004), je trouve ce texte d'une grande justesse, un texte de terrain, pour le terrain où l'enseignant pédagogue part des élèves, pas des programmes, des circulaires, où on fait parler, réagir, où on évalue et sépare le fond de vérité ou de questionnement de la forme provocatrice, bref un vrai travail dialogique,maïeutique. Je le partage bien sûr et j'en donnerai le lien dans un texte en cours d'écriture, à plusieurs voix car je me suis d'abord obligé au silence pendant une semaine et je me donne encore quelques jours avant de rendre public cette écriture. Merci madame. Nos enseignants ne sont pas assez épaulés, soutenus. Ils sont en première ligne et quasi-abandonnés par la République.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(4)Boah...(1)
  11. Bravo! Bravo! Pour ce post mais aussi pour l'excellent travail que vous faites. Si seulement tous les profs étaient comme vu. Je ne peux que répéter, encore une fois, bravo!

    HIIIIIIIIIIIII !!!(1)Boah...(1)
  12. Merci de votre billet que je trouve d'une rare intelligence et d'une très grande lucidité. autant de choses qui ont manqué cruellement pas seulement ces derniers jours quand (et c'est normal) l'émotion a tout submergé mais depuis de bien trop longues années.

    Christophe

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(1)
  13. Un texte très bien écrit et tellement proche de ce que je ressens ! Moi même professeur en Seine-Saint-Denis, j'ai ressenti tour ce dont vous avez parlé mais sans savoir l'exprimer. Ce texte m'a aidé à me comprendre moi-même, mes émotions et à faire le tri. Merci

    HIIIIIIIIIIIII !!!(3)Boah...(0)
  14. Merci Chouyo. De prendre le temps d'écrire, d'être prof comme tu l'es. Détricoter les croyances et tirer le fil, pour voir ce qui se cache dans la pelote des "on dit que" "on nous montre que" "et moi là-dedans?".
    On a beau se dire qu'il faut prendre du recul et ne pas réagir "sous le coup de nos émotions", c'est souvent plus facile à dire qu'à faire. Et ton billet aide à se poser, à prendre le temps de se regarder s'agiter. Et puis ce que j'aime par dessus tout, c'est le respect et l'affection qu'on devine sous le vernis. The kindness of Chouyo 🙂 On peut expliquer, on peut aider à s'approprier des concepts, on peut rassurer ou bien démentir sans se départir de son humanité, et ça c'est aussi une belle "leçon".

    HIIIIIIIIIIIII !!!(1)Boah...(1)
  15. Partagé sur mon FB :
    "Alors là, chapeau. Une pépite d'intelligence et de questionnement."
    Bises

    HIIIIIIIIIIIII !!!(2)Boah...(0)
  16. merci, nous avons besoin maintenant plus que jamais de profs qui ont votre lucidité, votre créativité et votre enthousiasme (même si l'on comprend entre les lignes qu'il est parfois mis à rude épreuve !). Nous devons tous collectivement nous interroger sur les questions profondes du ratage sociétal qui a mené aux évenements de la semaine derniere, et nous retrousser les manches avec ardeur pour y remedier, à commencer auprès des jeunes générations.
    Merci et bravo également pour la qualité de votre écriture, c'est très plaisant !

    HIIIIIIIIIIIII !!!(2)Boah...(0)
  17. Merci pour ces quelques lignes. Etant moi-même enseignant dans le 95, je me trouve confronté à un questionnement similaire.
    Une remarque qui prolonge la réflexion sur la "spécificité de l'antisémitisme" : le mot "antisémite" a été forgé ... par des antisémites qui se sont eux-mêmes surnommés ainsi à la fin du XIXe s. Autrement dit, ce n'est clairement pas un "privilège" que d'avoir un racisme à son nom, surtout quand ce nom fut porté fièrement par ceux qui l'ont créé !

    Merci encore et bon courage.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(1)Boah...(0)
  18. La disproportion que vous relevez entre l'offense et la riposte vous paraît évidente mais pas à eux, et si j'ai bien compris vous mettez cela sur le compte de l'immaturité et de la configuration du conflit israélo-palestinien.

    N'est-il pas également possible qu'il y ait des éléments culturels? Vous savez mieux que moi que, dans certains pays, les « crimes d'honneur » sont fréquents pour certaines offenses... et qu'en France, il n'y a pas si longtemps que cela, on se battait en duel en cas d'injures.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(3)Boah...(1)
  19. J'ai regardé l'image avant parce que je ne sais pas lire, ça m'a déconcentrée 😀 Tes réflexions ne sont pas seulement nécessaires, elles sont intelligentes. Brillantes, quoi (donc à paillettes)(roses)
    Merci.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(2)Boah...(1)
  20. A l’heure des chaines d’infos continues, de l’inexistence de la réflexion dans de nombreux médias, heureusement qu’Internet existe pour permettre le partage de réflexions « un peu » (beaucoup en fait) plus poussées.

    Merci, vraiment.

    Olivier

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  21. Bien qu'il n'y ait pas de photos, c'est un, sinon le meilleur de tes billets. Bravo.
    Mais ayant toujours un grain de sel à rajouter: quel respect de la parole des autres enseigner lorsque on voit l'attitude des élus à l'Assemblée Nationale?(je ne parle pas de la dernière réunion où on leur donne une médaille parce qu'il se sont tenus "une fois" conformément à ce qui devrait être "chaque fois").
    Comment peut-on reprocher à des gamins de 10 ans de ne pas respecter une minute de silence? Déjà la notion de temps est différent selon les âges et une minute c'est long. Mais surtout cela n'a aucun sens pour eux...

    HIIIIIIIIIIIII !!!(1)Boah...(1)
  22. Bravo tout simplement!!!du recul,sur soi,sur les choses et les événements.
    Rien à ajouter.bravo

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  23. C'est un regard à la Montesquieu, une sorte de Lettres persanes mais vécues de l'intérieur, non comme un sociologue le ferait avec son regard extérieur, mais avec suffisamment de distanciation que vous donne votre métier de prof que, je suis sûr, vous pratiquez très bien.
    Cela fait bien trop longtemps que la République a délaissé ces quartiers populaires où les jeunes ne se font pas d'illusions sur leur avenir. Il faut que les pouvoirs publics réinvestissent ces territoires en y mettant les moyens pour qu'un jour (soyons utopistes) une mixité socio-culturelle puissent y prendre pieds.

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  24. Bravo et merci pour la finesse, l'empathie, la bienveillance et le discernement dont vous faites preuve à travers ce texte passionnant et touchant.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)
  25. Bonjour, seconde visite dans votre monde et cette fois, beaucoup de pensées, d'échos me viennent à vous lire...
    J'ai pensé au film "Les Héritiers" qui m'a beaucoup touché (par mon métier d'enseignant et par mon histoire familiale).
    Peut-être avez-vous vu ce récit quasi documentaire d'une classe d'un lycée de Montreuil qui participe à un concours sur la Shoah.
    Je retrouve dans votre témoignage à la fois une même exigence et une même empathie (philia?) alliée à la délicatesse d'écriture.

    Exigence de la pensée et de la relation pédagogique, exigence qui doit, pour être "à la hauteur" d'une situation, de ses enjeux, accepter le risque (du dérapage, du doute, de l'incompréhension...) Mouvement de l'enseignant qui s'élève, pour élever tout en restant au plus proche.
    Grand art qui m'épate pour savoir combien il est difficile. Peut-être avez-vous trouvé la ressource en vous (dans des ailleurs mentionnés) pour alimenter cette confiance faite à vos élèves et à vous-même dans ce pari : avancer ensemble, parfois dans une caverne de confusion pour y allumer un feu d'espérance.
    Oui, vous avez raison, c'est bien le plus important, nous l'aurions presque oublié parfois : ils veulent comprendre ! Notre responsabilité d'adultes et de les y aider. Moins leur apprendre quoi penser que comment penser (Krishnamurti, De l'éducation).
    Cela implique de lâcher la rampe des programmes pour affronter l'expérience de la pensée dont le débat est une belle école.
    Liberté d'expression, prêts ?

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)
  26. J'apprecie la patience et la tendresse avec laquelle elle approche son boulot de prof. Mas par contre j'estime qu'elle donne un mauvais signal a ses eleves lorsque, etant adulte (c'est elle qui le dit) elle donne l'impresson d'avoir besoin d'interroger les ados pour chercher une solution. La solution doit venir d'elle, en tant qu'adulte, et son boulot c'est de trouver le moyen de communiquer cette solution a ces eleves. Evidement, c;est pas facile de s'expliquer ce qui vient de ce passer, et je pense qu'a moins d'une tres profonde exploration de l'histoire et de la philosophie 'republicaine', c'est difficile de s'y retrouver.

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  27. Bravo et merci !
    Il me reste deux questions contradictoires par rapport à cette mise en situation de réflexion. Est-ce notre rôle de prof ? Qui d'autre peut le faire ?
    Danger de "prophétiser" une opinion qui n'est pas celle de l'éducation nationale (donc l'état quelque part) mais celle d'un individu et c'est pour cela que je loue ta position même si elle est déstabilisante.
    Je ne me sens pas armé (et missionné car même notre ministre ne fait pas appel à notre sensibilité de citoyen mais aux ressources pédagogiques mises à notre disposition) pour animer ce genre de débats même si je suis convaincu qu'ils sont les principaux outils de prévention.
    Un collègue (même pas d'HG)

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)
  28. Comme ça fait du bien de lire un billet aussi intelligent en des temps où les termes "liberté", "respect" et "citoyenneté" sont tellement galvaudés...

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)
  29. Bravo pour ce texte très intéressant et pour trouver les réponses à ces questions difficiles (en ces temps troublés mais bien avant aussi).
    Pour expliquer l'antisémitisme, il peut être intéressant de remonter à l'origine du mot et à la notion de sémite qui permet de mettre en évidence à quel point les juifs et les musulmans ont été frère et le sont toujours. Comme le mot "arabe" qui englobe les populations qui parlent arabe et la notion du "juif arabe" venant du magreb qui interroge et qui prouve encore une fois la proximité entre ces deux peuples. Bon courage pour tout le travail qu'il reste à faire !

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)
  30. Je suis ému de voir à quel point vous faites bien votre métier. je tenais à vous remercier.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)
  31. Merci pour ce billet. Il est bon de liée une telle mise en perspective de la vision des adolescents...

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)
  32. Vous avez exactement l'attitude qu'il faut. Butbutbut. Cela ne résoudra pas le problème de vos élèves, ils auront juste croisé un être humain et un prof digne de ce nom. Ils ont à pouvoir se comporter dans cette société d'injustice et de discrimination sans devenir des jihadiste = des assassins/victimes, s'ils veulent éviter une mort certaine (en Europe ou en Syrie). C'est un aspect important du drame actuel.

    HIIIIIIIIIIIII !!!(1)Boah...(1)
  33. C'est un des posts les plus intelligents que j'ai lu jusqu'ici. Merci pour cette analyse. Votre empathie à l'égard de ces adolescents vous honore. Si ce drame pouvait enfin faire comprendre aux Français toute l'importance de votre métier. C'est vous aujourd'hui, les soldats qui êtes au front pour désamorcer les bombes, c'est vous les démineurs. Encore bravo !

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  34. Tout d'abord tout mes voeux pour cette nouvelle année.
    Tout à fait d'accord avec toi.
    Ton post rejoint ce que j'ai pu entendre hier soir.
    Ce ne sont que des enfants, des adolescents.
    Tu est une super prof.
    Je relaie ton article

    HIIIIIIIIIIIII !!!(0)Boah...(0)

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