Piran, sur la côte slovène.
Après la Croatie, ma découverte des Balkans a continué avec une très jolie vadrouille en Slovénie.
Mais n’allons pas croire malgré les photos que les Balkans ne sont faits que de plages et de petits ports nichés (jeu de mots hyper fin…) au fond d’une baie ou sur une flèche lagunaire à la manière vénitienne. Non : entre les Alpes dinariques au centre de la péninsule (de la Croatie au nord de l’Albanie), la chaîne du Pinde plus au sud, celle des Balkans proprement dits au nord-est et les Alpes au nord-ouest, cette péninsule c’est essentiellement du crapahutage qui chatouille les nuages à 2600m et qui plonge parfois d’un coup dans la mer. Les Ghats du bassin oriental de la Méditerranée, en quelque sorte…
Moi, Chouyo, fondatrice de la transgéographie : transconcepts et transcontinents.
La Slovénie dans tout ça, c’est un pays qui a un pied d’un côté et un pied de l’autre. Un pied dans les Balkans, un pied dans la Süd-Mitteleuropa. Un pied dans les Alpes, un pied dans la Méditerranée. Un pied dans le monde slave, un pied dans le monde italien, son nom le laisse entendre, Slaves et Vénètes en un même lieu. Et c’est exactement le sentiment que donne ce pays de poche où l’on se trouve toujours à 150km de deux ou trois autres capitales européennes : d’être à la confluence de toutes les influences. Si c’est pas beau, ça… !
Alors tu liras d’abord l’influence de l’Autriche et de la Hongrie sur les façades pomponnées d’ocre et de rouge de la minuscule Ljubljana, capitale dont tu vérifieras toujours l’orthographe tant elle semble issue d’un choix aléatoire de pièces de Scrabble. On y déambule tranquillement dans les rues calmes, les maisons y sont baroques, soit par les traits architecturaux… soit par les choix esthétiques… [Ceci est un savant et discret teasing pour le billet suivant] et il règne une atmosphère résolument bucolique : si proches, les Alpes enneigées dessinent un horizon splendide, la douce Ljubljanica traverse la ville et l’on a pour seule envie de se détendre à une terrasse sous le soleil en sirotant une bière… J’avoue évidemment que mes narines perçoivent l’ennui qui viendra rapidement dans ce genre de ville, les bâtiments léchés, la vie policée, l’espace urbain étriqué. Mais pour un beau week-end de détente, c’est parfait !
La cathédrale Saint-Nicolas, la promenade le long de la rivière et le centre de la ville…
Ensuite, car comme le dit l’adage « à pays riche transports complexes et onéreux », il te faudra prendre une voiture pour aller vers les Alpes sévères, les forêts sombres (pleine d’ursidés paraît-il) et les grottes peuplées de bêtes étranges (le protée) et profiter de paysages splendides, verdoyants et protégés. Le rapport à la nature et aux loisirs qui y sont liés m’a rappelé celui de l’Autriche, de la Suisse, de l’Allemagne et des pays scandinaves, à la fois dans la volonté d’intégrer le bâti au paysage et de profiter au mieux de la nature environnante pour s’oxygéner le plus souvent possible. Ajoutons à cela que ce pays a entamé une transition économique exemplaire dès la chute de la Yougoslavie, le niveau de vie y est élevé et a permis des aménagements de grande qualité : dans mon souvenir, tout est propre, fonctionnel et à deux doigts de tomber dans un certain hygiénisme septentrional. La Slovénie mérite à tous égards son surnom de Suisse des Balkans. [D’où mon pressentiment d’ennui rapide ? Oui, je l’admets… #Vécu]
Le château de Predjama.
En te tournant vers l’Ouest, en quelques kilomètres le paysage s’adoucit, la végétation change et le scintillement de la mer t’accueille sur la côte : on retrouve la douceur méditerranéenne à Piran, Izola et Koper, la côte slovène ne fait que quelques kilomètres et sent bon le risotto aux fruits de mer. A nouveau, le calme même si bien plus de touristes viennent ici car nous ne sommes qu’à quelques encablures de Trieste et de la Croatie. De la propreté, le plaisir de petits villages côtiers accueillants dans une Italie juste un peu plus fraîche, un peu plus rude, rappelant la région des Lacs de Lombardie, moins le lac de Côme que le lac de Garde ou le lac Majeur. Les épineux ne sont pas loin, les à-pics non plus, et l’air frais alpin se mêle aux embruns maritimes.
La Slovénie a quelque chose de rassurant et d’incongru à la fois, une destination ô combien facile à visiter mais qui donne cette impression de naviguer en deux ou trois heures entre plusieurs pays, entre plusieurs parties de l’Europe, entre plusieurs époques aussi. Car même si un pays de poche a nécessairement un patrimoine réduit, celui-ci reste très varié : de temps à autre, un château fortifié, une chapelle médiévale, une cathédrale baroque, tout cela pour colorer le séjour avec force fresques et badigeon !
Une minuscule chapelle et ses fresques entre ici et là. Et une chapelle encore, à Piran cette fois.
Et désormais ? Il me faut retourner en Slovénie, explorer la Route d’Emeraude, le parc national du Triglav et pousser vers la Carinthie. Et avec des noms mythiques comme ça…
Viens, prends ma main et suis-moi dans les Balkans. Je t’emmène en Croatie, et notamment dans la chapelle de Beram. Ou bien en Albanie, jusqu’à Butrint, découvrir le Monténégro [A venir] ou comme ici la Slovénie…
Note : un site très complet ICI sur la Slovénie.