Resurgissant à intervalle régulier, il est un débat faisant jaillir quelques micro-étincelles (dont voici la dernière sortie en date) autour de l’idée « claquons la porte de la France, pays de merde qui contraint sans offrir de retours, et qui est d’une tristesse à mourir » (sans que les auteurs appelant à ce départ n’aient bien souvent osé faire l’expérience longue de l’ailleurs, prétextant aujourd’hui « ah, si j’avais été célibataire et sans enfant »… Non. Il y a des couples avec enfants aujourd’hui qui osent : vous ne l’avez pas tenté plus tôt, vous ne le feriez pas plus aujourd’hui), et à cette dénonciation on répond souvent de manière peu inspirée « patriotisme, trahison, si-t’es-pas-content-casse-toi-pauvre-lâche ».
Ce moment de ras-le-bol à l’égard de la France, je l’ai vécu.
Tout paraît bloqué, sclérosé et, bien pire, les comportements de nos compatriotes nous exaspèrent à tel point que l’on ne voit qu’une solution : fuir ce pays qui nous entraîne malgré nous vers le fond. Pour moi c’était « la France tu l’aimes DONC tu la quittes » du fait des blocages liés à mon métier et de l’envie de changer d’horizon culturel. Pour d’autres ce sera carrière, argent, impôts, que l’on vernira bien souvent de motifs plus « honorables » dans l’esprit français : le rejet du fameux immobilisme, du nombrilisme et du chauvinisme français. Chaque incivilité de la vie quotidienne vient alors conforter l’idée qu’il faut partir loin de ce pays dévitalisé qui se complaît dans sa fange : et le visage revêche de la boulangère cristallise le ras-le-bol, « marre des gens qui font la gueule, marre de la crise, de ce pays où tout va toujours mal, marre, marre, marre ! ».
A cela il faut un contrepoint. Un horizon. Un fantasme.
Et l’expatriation offre une très bonne réponse à ce ras-le-bol : un ailleurs qui n’aura pas les travers reprochés à la France, suffisamment difficile à rejoindre (politique d’immigration, situation professionnelle, coût de la vie etc.) pour qu’il tienne lieu de hochet pendant quelque temps et n’oblige pas à se poser de question concrète tout de suite. Car « je n’en peux plus, je vais partir de ce pays un jour » est plus facile à assumer que « je pars définitivement dans 6 semaines »… Cette fuite imaginaire permet d’affronter un quotidien que d’aucuns finissent par ne lire que comme grèves incessantes, cauchemar de carrières bloquées, entourage qui ne voit la vie que par le petit bout de la lorgnette… Ce rêve est bon, ce rêve est nécessaire, et je suis la première à le laisser adoucir mon quotidien.
Toutefois…
J’ai pas mal voyagé (je crois que je peux le dire). J’ai vécu à l’étranger, expériences longues et courtes. Toujours dans des contextes différents et des pays au stade de développement très divers, avec plus ou moins d’argent et de « facilités ». Et s’il y a bien une chose dont je peux vous assurer, c’est que je n’ai jamais rencontré de personnes qui se plaignent plus des gens qui se plaignent que… les Français. Je répète, parce que ma phrase pourrait n’être pas claire : bien des personnes en France passent leur temps à ronchonner contre les gens qui ronchonnent. Mais ce qui est encore plus effarant c’est ce qui suit bien souvent : « à l’étranger au moins les gens avancent » voire, et là ça en devient drôle, « les gens ailleurs ils sont contents de ce qu’ils ont et ne se plaignent pas ». Comment dire… C’est bien de vouloir s’expatrier, c’est encore mieux d’ouvrir les yeux, non ?
« Les gens ailleurs », c’est de notoriété publique, ont compris la vraie vie eux et savent la vivre qui plus est. Il n’y a que les Français qui soient totalement à côté de la plaque, les autres peuples sont par essence plus tolérants, plus ouverts et tous polyglottes. Seuls les Français sont engoncés dans les lourdeurs d’un pays qui s’apparente plus à un navire en train de sombrer qu’à une fière caravelle. Et il est certain qu’à Singapour, au Japon ou à Dubaï, ça avance bien et ça ne moufte pas ! Les gens qui y vivent acceptent sans s’émouvoir les billevesées que leur servent leur gouvernement et médias, et s’ils ne sont pas super épanouis, ce n’est pas si grave : l’important c’est d’avoir et de donner l’illusion d’avancer…
Oui : il y a de l’herbe ailleurs et il faut aller la brouter.
Si l’on a l’opportunité de partir vivre à l’étranger, de se confronter à soi-même et aux autres, de sortir de son cocon, il faut le faire : l’ailleurs est passionnant à bien des égards, épanouissant parfois, remuant toujours et surtout permet de relativiser sa détestation de la France…
Les Français sont chauvins ? Et bien c’est très chauvin de prétendre ça. Lis les journaux et regarde les informations de n’importe quel pays asiatique, tous autant qu’ils sont ces pays ne sont centrés que sur eux-mêmes. Seulement 10 minutes dans les JT français sur le reste du monde ? C’est peu mais c’est sans doute 10 fois plus que dans bien des pays, où le monde apparaîtra sous un jour très orienté et bien plus par le petit bout de la lorgnette ! Lors des émeutes dans les banlieues françaises en 2005, les journaux américains et le State Department déconseillaient absolument toute venue en France, à feu et à sang… Et quand vous serez confrontés au nationalisme revêche d’autres nations, qui vous soutiendront mordicus avoir tout inventé, être l’alpha et l’oméga de l’avenir, comme les fameux principes de la bombe atomique contenus dans les textes sanskrits, l’incapacité absolue de remettre en cause les faits et gestes de l’armée nippone, ou le « Dieu et les Etats-Unis sont là pour sauver le monde », on en reparlera du chauvinisme français.
Les Français sont nuls en langues étrangères ? Alors que Scandinaves, Néerlandais et Allemands sont tous bilingues ? Oui, c’est certain qu’à parler des langues que personne ne parle il faut bien parler anglais pour s’ouvrir au monde… rôôôô, c’est bon, je rigole… Mais détrompe-toi : l’Américain moyen, le Britannique moyen, le Brésilien moyen, le Thaïlandais moyen, l’Italien moyen ou le Mexicain moyen ne parlent rien d’autre que leur langue maternelle ! Et l’anglais des Indiens est de piètre qualité, je peux te le prouver. En revanche, en 4 ans hors de France, je peux vous assurer avoir vu un réel effort en matière de langues étrangères en France : indications traduites dans le métro, les gares, les expositions, pratique de l’anglais accrue dans les magasins, pharmacies et pas seulement par les jeunes etc. Il y a eu des progrès. Mais il m’a fallu partir pour les voir.
Quant à la France franco-française refermée sur elle-même ? Là je ricane. Bon sang, mais effectivement : sors de chez toi !!! Va au Brésil, en Turquie, en Thaïlande, en Chine, va partout et trouve des pays qui aient un tel choix en matière de traductions de livres étrangers ! Chaque librairie a un rayon de littérature indienne, chinoise, maghrébine, africaine, américaine, anglaise, allemande et suédoise au moins ! Et les films programmés ? Partout ailleurs, c’est production locale et blockbusters américains, en France on a aussi et bien souvent de l’Espagne, de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Iran, de la Tunisie, de la Corée, du Japon, de la Chine !!! Oui, c’est vrai, je lis tout cela au prisme de Paris… mais pour avoir vécu dans d’autres très grandes villes du monde, c’est une richesse RARE. Cherchez un seul cinéma à Hong Kong où passe autre chose qu’un film cantonais, chinois ou un blockbuster américain… ce sera dans les centres culturels étrangers. Festivals de l’ailleurs, musées consacrés à des arts étrangers, expositions d’artistes étrangers, et les articles, Une, magazines, revues, et programmes scolaires : évalue REELLEMENT la place consacrée à d’autres pays ou à des problématiques internationales en France et trouve-moi d’autres pays aussi ouverts à l’étranger… Il y en a, mais ne dites pas que la France est refermée sur elle-même.
Enfin, les Français n’arrêtent pas de se plaindre ? Nous jaugeons et jugeons l’état de notre pays quotidiennement et nous en sommes insatisfaits parce que, justement, nous avons des ambitions et des idéaux pour ce pays. Nous sommes capables de critique et d’autocritique, de reconnaître que le système est vicié, parfois de manière intolérable. Non : la France n’est sûrement pas un pays parfait alors qu’il devrait l’être. Et ça, ça craint je vous l’accorde… Parmi la population des grandes démocraties, Inde et Etats-Unis en tête, vous verrez que vous rencontrerez peu de gens aussi impliqués dans le politique, aussi CONCERNES par leur pays, pour des raisons absolument désintéressées. Si ce n’est le bien-être d’une nation. Les débats permanents vous sortent par les yeux ? Les polémiques incessantes ? Les révélations à rebondissement ? Des passés sulfureux ou peu glorieux dévoilés ? Mais c’est BIEN !!! Les débats ne sont donc pas l’apanage d’une minuscule élite intellectuelle ou politisée, tous se sentent CONCERNES ! Allez donc parler politique ou histoire avec un Japonais, un Indien ou un Taïwanais (la République de Chine est une démocratie) et vous verrez la chape de plomb…
Finalement, reprocher aux Français de râler, c’est leur reprocher de se sentir concernés : parce qu’on vivrait tellement mieux en ne parlant que de la pluie et du beau temps, en ne sentant concernés que par soi sans se soucier du cadre institutionnel, politique, économique dans lequel nous vivons. Critiquer l’autocritique française, mais surtout l’utiliser comme justification pour s’expatrier me semble naïf et fallacieux. Car soyons honnêtes : s’expatrier c’est souvent vouloir un salaire plus intéressant, une carrière plus passionnante, des impôts moins élevés. Mais c’est bien et louable ! Assumez-le !!! On peut partir pour laisser derrière soi une lassitude quelconque, des responsabilités, un cercle vicieux, pour trouver l’aventure ou recommencer sa vie, et c’est tout aussi bien !
Partez oui ! Mais n’ayez pas la naïveté de croire que l’herbe est plus verte ailleurs.
L’expatriation est passionnante, mais elle peut ne pas être toute rose et il y a des jours où elle ne le sera pas du tout. Parce que le loft à Londres ou le condo à Singapour, c’est de plus en plus rare. La vie d’expat’ change si tu vis à Berlin ou à Bombay, à Milan ou à Jakarta, à New York ou à Bangui, cela n’aura rien à voir non plus si tu peux travailler ou non, si tu comprends la langue ou pas. Et ça ne ressemblera pas à ton stage de 3 mois à Hongkong ou à ton année d’études à Washington. S’expatrier c’est très certainement rencontrer des gens incroyables, mais aussi des expats imbuvables (et pas que les Français…).
Et c’est aussi faire face à une dure réalité : les gens de ton pays d’accueil n’ont pas nécessairement envie de te voir ou de te rencontrer. Peut-être n’en auront-ils rien à faire de toi, peut-être même seront-ils hostiles, peut-être racistes ou méprisants, ou malgré plusieurs années de vie dans le pays tu resteras un portefeuille sur pattes. Il y a des pays où l’on met énormément de temps à rencontrer des gens « ouverts » (problème de langue mais aussi de mentalité à l’égard de l’étranger), expériences emirati, sud-coréennes et japonaises en tête, et être le gringo de service au Mexique ou le Froggy d’une petite ville britannique n’est pas ce que l’on fantasmait comme expatriation « enrichissante ». C’est aussi parfois, souvent, se voir présenter la note médicale avant même que l’on ait parlé de te soigner (avec examens non nécessaires mais ô combien lucratifs à la clef), payer les études de ses enfants au prix fort, voir tes jours de congé fondre comme neige au soleil (ça n’a pas d’importance ? Ah bon… on en reparlera quand tu n’auras même pas le temps d’explorer le pays dans lequel tu vis…). Tu n’es pas parti plus tôt ? Demande-toi pourquoi. N’est-ce vraiment que l’occasion qui t’a manqué…
Alors oui, les Français sont parfois franco-franchouillards et c’est détestable. Et il n’est plus franco-franchouillard que des expatriés qui sont partis parce qu’ils n’en pouvaient plus de la France. Ou parce qu’un gros package miroitait à l’horizon. Je ne suis pas là pour chanter avec force cocorico les bienfaits de la France : il s’y trouve des écueils, des obstacles, des injustices graves. Mais la rage et l’insatisfaction à l’égard de ce pays qui m’ont habitée pendant plusieurs années et ont guidé mes pas plusieurs fois vers l’ailleurs, je les dois justement aux idéaux que m’a donné ce pays. Qui m’a éduquée et protégée de telle manière qu’il m’a offert la possibilité de penser et de dire haut et fort qu’il m’emmerde parfois. Et que je l’aime d’autres fois.
L’herbe ailleurs n’est pas plus verte. La brouter rend en revanche un peu moins amer le goût de la nôtre.
Donc pars.
Pour mieux revenir sans doute. Et repartir. Et revenir. Apaisé.
Lecture on ne peut plus délicieuse alors que je feuillette encore le Hors Série de Courrier International intitulé " Les Français sont ils normaux ?"... J'en avais retenu que les clichés, les idées prémâchées et préconçues étaient décidément un réglage par défaut de l'être humain, toutes nationalités confondues, tu me confortes dans cette idée.
De toute façon rien ne pourra jamais éteindre ces petits feux de jalousie/illusions que moi j'appelle "le syndrome de le Chèvre de Monsieur Seguin", ce type d'envies est assez courant. Illusoire souvent, mais tellement courant, non ?
@Nekkonezumi : hihihi, effectivement c'est dans la même lignée (je vais aller me procurer ce Courrier, ça me plaît comme thème !) ! Les préjugés et les thèmes de râlage, cela doit être assez savoureux à étudier de manière systématique par nationalités... et voilà, encore une idée à explorer... 😉
Oh oui... je me dis qu'avoir ces illusions, ces espoirs même, c'est même nécessaire d'une certaine manière. Mais je grogne (comme ici) quand les choses sont présentées de manière peu équitables : se donner un horizon, oui, mais pas besoin pour autant d'enfoncer le pays où l'on se trouve surtout quand en réalité, on va aller s'expatrier dans un pays dont on va soigneusement ignorer tous les problèmes réels parce que justement on sera expat'...
Parce qu'en plus il faut bien plus de 3 ou 4 ans pour être vraiment chez soi ailleurs, hein... Oui, le truc est à lire aussi justement parce que il est aussi bien vu que pourri de clichés (la France pays de la bouffe ? Et Metro n'existe pas donc ?)
@Nekkonezumi : oui, c'est vrai ! D'ailleurs, c'est intéressant parce qu'on dit souvent que l'expatriation à trois phases : première année d'émerveillement, deuxième année de sérénité, troisième année de lassitude. Donc on ne commence à ne se sentir ailleurs chez soi qu'à partir du moment où ayant fait "le tour" ou presque on y mesure les choses bien et les travers. Comme... chez soi 😉
Hinhinhin... ah, drôle ça ! Métro ??? Meuh pô du tout ! 😉
Tout ce que tu dis est vrai…
On râle, mais on se sent concerné, le pays est social, concerné, humaniste, ouvert, moins chauvin que ce qu'on veut croire et plus doué, créatif…
Mais tout autant malheureux et dépressif !
Pour ma part, je me demande comment faire pour vivre ! Je suis quasiment sous antidepresseurs (mon chat et ma femme).
Alors, moi je le dis tout net : si je pouvais, je partirais ! Ça ne demande pas beaucoup de courage (j'ai de nombreuses personnes qui me demandent comment j'ai eu le courage de partir au Danemark cinq mois ou de reprendre des études… s'expatrier, ce sera rien !). Seulement ma femme ne veut pas !
Donc j'ai envie de dire, faisons avec… Mais j'ai pas encore trouvé la solution ! D'ailleurs, si tu l'as, je prends.
J'ai essayé beaucoup de choses (fuite en avant… oui, c'est vrai) ! Et si aujourd'hui, je me dis heureux, c'est parce que je sais avoir tout pour l'être et avoir lutté pour (appart, diplôme, femme, chat…). Mais ce bonheur n'est pas si réel !
@22decembre : je comprends très bien ton sentiment, il y a parfois des moments où l'on a fait le tour et l'on sent un besoin de renouveau. Et partir à l'étranger constitue un moment de réel renouveau, à tous points de vue, surtout si l'on est habitué à rebondir.
Se dire "si je pouvais je partirais" c'est ce que j'évoquais plus haut dans mon billet, c'est cet horizon de rêve dont on a besoin, terriblement besoin. Se laisser une porte de sortie, une possibilité, c'est en fait nécessaire. Et ça, je ne le dénie à personne !!!
Mais pour le coup, la différence avec ces articles que j'ai pu lire qui appelaient à "quitter ce pays de merde" c'est que tu dis clairement que tu as pu aboutir des choses en France et que tu ressens l'envie d'aller voir ailleurs sans éprouver le besoin de dénigrer.
Enfin, quand tu dis "ma femme ne veut pas", il faut voir aussi une chose : parler d'expatriation comme ça, dans le vide, c'est dur de se projeter et cela fait peur aussi. En revanche, le jour où tu as une proposition concrète (un pays, une ville, un boulot précis etc.) là, son attitude peut aussi totalement changer : pouvoir se projeter concrètement change bien des choses 🙂
J'adore te lire Chouyo. Merci pour ce billet.
@Cédric : merci beaucoup de me lire Cédric... 🙂
ça résume exactement ce que je pense du sujet, j'ai aussi pas mal voyagé, et j'ai eu toute les expériences dont tu parle, le portefeuille sur patte (Malaisie), l'etranger qu'on ne veut pas intégrer (Corée). Très bon article !
@Sofi : merci beaucoup ! Et ce genre de situations (en Malaisie, en Corée ailleurs) est très difficile à gérer parfois parce qu'on nous a inculqué que l'ailleurs était nécessairement ouvert, positif, accueillant, alors qu'en réalité on y retrouve des travers, des hostilités etc.
bravissimo. Billet beaucoup plus honnête et franc (comme toi ma chouyo) que celui que j'ai pu lire dans libé ? (ou était ce le monde ?) il n'y a pas si longtemps.
y'a la France tu l'aimes ou tu la quittes. et puis y'a aussi un peu, La france, tu l'aimes quand tu la quittes.
La France est un pays formidable et ce serait génial que les français le réalisent et affichent un sourire et un peu d'enthousiasme sur leur visage morose.
dernière pensée, comme ça rapidos, de l'autre bout du monde ou je me trouve, l'expatriation, finalement, quand tu sais que tu peux revenir à tout moment retrouver le confort français, ce n'est pas si difficile, non ?
@Patricia : toi je t'aime (même si tu es trop à l'autre bout du monde). Au moins déjà ça c'est clair 🙂
Et voilà, tu résumes exactement mon idée... s'expatrier ne suppose pas nécessairement de cracher en permanence sur un pays qui offre quand même beaucoup, de plus s'expatrier ce n'est pas non plus tout rose en permanence, loin de là. Et oui, on ne se sent sans doute des ailes aussi que parce qu'on a les moyens de les avoir, et que l'on sait qu'on peut éventuellement revenir dans des conditions relativement correctes par rapport à d'autres pays ou régions (je pense que celui qui fuit la Casamance n'a pas ce luxe...).
Chère Chouyo,
Je connais plusieurs personnes qui sont parties aux États-Unis ou en Suisse, et, s'il y a en effet quelques inconvénients parmi ceux que vous citez, la multiplication de la paye par un facteur non négligeable permet largement de les pallier. 🙂
Ah attention je vais dire un gros mot: "putain ce que c'est bon de lire ça!!!!". Moi aussi je me suis fadé tous les articles récents du "c'est mieux ailleurs", moi aussi j'ai expliqué aux gens qu'il y a avait "des familles qui tentaient l'expérience même avec des enfants dans des zones impaludées", que non je n'avais pas de la chance mais que j'avais osé franchir le pas et pas que dans des pays appétissants (Niger, Haïti, Norvège, Cameroun) et que chaque pays recèle de merveilles et de choses insupportables (mais ça on le comprend rarement)!
Alors oui merci pour ce superbe texte et ce point de vue sur l'expatriation qui me parle!
Bonne année 2013
Manu
Chère Chouyo, Merci!
Merci pour cette belle analyse. Je vote pour ! En effet, on se plaint (heuuu... je me plains mois aussi) de la France. Parce qu'elle est perfectible. Parce qu'elle a du potentiel. Mais, quand même : je suis hyper super ravi d'y être né. Que serais-je devenu ailleurs... ? Bref, râler pour la faire progresser oui, mais garder au fond du coeur la façon dont on l'aime, et tout ce qu'on lui doit...
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Enfin un article réaliste sur le sujet de l'expatriation ! Bravo et merci.
Voilà un an et un peu plus que j'ai décidé de quitter la France. Le problème avec "quitter la France", c'est que l'on n'est pas dans une dynamique positive. On quitte. Alors j'ai changé ma formule (mais ce n'est pas que sémantique) en disant : j'ai envie de vivre une nouvelle phase de ma vie et d'y donner du sens. Cela passe par l'expatriation, car je ne trouve plus suffisamment de sens en france.
Et puis c'est aussi une autre façon d'entreprendre. Je rigole bien sur les commentaires acides pour le départ d'Obélix/Depardieu ou d'Arnaud. Non, ils ne sont pas "cons" ou "minables". Ils choisissent l'endroit où ils ont le meilleur avantage pour eux. Ce n'est pas que fiscal mais la marque d'un ras le bol assez général, et ceux qui ont la chance de pouvoir faire autre chose ailleurs le font sans hésiter.
J'écris pas mal de choses sur le sujet, étant en cours de "tranfert" au Cambodge, qui n'est pas, loin s'en faut, le pays le plus facile. c'est sur http:www.kambodia.info. Si cela peut aider ou éclairer certains candidats, j'en serai heureux, il n'y pas d'autre ambition que celle là.
Merci pour votre article.
Stéphane
Partir, revenir, partir m'a fait aimer mon pays. Je suis rentrée et pour l'instant je reste 😉
Ah oui, très bien ce billet, ça me parle ! J'ai passé 10 ans à l'étranger, surtout dans des pays réputés par facile - Afghanistan, Somaliland - mais aussi réputé plus facile comme le Laos. Pas pour quitter la France, mais pour voir à quoi ressemblait le monde, un ailleurs largement fantasmé, m'étonnant naïvement de voir autant de vie à chaque fois, même dans des coins qui semblaient paumés, paumés sur la carte... Et là, depuis que je suis rentrée, un peu décalée au départ, puis de mieux en mieux et détachée finalement des râleries permanentes de mes concitoyens, je suis juste contente d'être ici. De toute façon, tout le monde râle, partout, avec plus ou moins de force et de voix, tout le monde a de quoi de plaindre. Nous, c'est très juste, on a simplement plus le droit de le faire, alors on en profite ! C'est vrai, toutes les administrations du monde sont lentes et inefficaces, tous les politiciens du monde sont corrompus et intéressés seulement par le pouvoir, tous les peuples se croient les meilleurs du monde, etc. Et aussi, tous les peuples du monde sont a priori méfiants de l'autre, de l'étranger, au-delà du sourire de façade ou culturel qu'on trouve dans bien des pays (ça me fait toujours rire de tomber sur des gens qui rentrent du Sénégal par exemple, en clament que c'est fou comme les gens sont souriants là-bas... Bah tiens, surtout quand ils cherchent à leur vendre ce qui leur permettra de survivre...). Les clichés ont la vie dure et peu se préoccupent du fond...
Enfin bon, personnellement, j'ai fait le choix de rentrer, de me réapproprier mon pays, ma ville, mon quartier, de me réenraciner quelque part. Et quand on me demande si j'ai encore envie de partir, ça étonne toujours quand je réponds que bah non, que je suis bien ici quand même et que non, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Elle est juste différente et je suis si contente de l'avoir vue ! J'ai eu cette chance, je m'en sens riche aujourd'hui, un voyage à l'étranger devrait être obligatoire au lycée à mon avis...
J'ai quitté mon pays (la Suisse) dans lequel je me suis toujours bien sentie, mais où je n'ai pas trouvé de travail, la "faute" à un profil très spécialisé, faisant partie de la grande famille des domaines techniques où le "pool" de l'emploi est global... Je ne suis pas partie loin, je suis payée moins de la moitié de ce que je gagnerais en Suisse pour un job similaire et je paie trois fois plus d'impôts ici pour des prestations sociales pas franchement mirobolantes. Mais je suis contente d'apprendre une nouvelle langue, je pense à mon expérience actuelle en terme de "lignes sur le CV" et il est assez probable que j'aille attraper d'autres "lignes sur mon CV" ailleurs sur la planète selon les projets qui s'offrent à moi. Ma décision de partir était somme toute assez pragmatique et sans raison émotionnelle telle "ras-le-bol de tous des cons". Je suis plus dans une "dynamique positive", comme le dit Stéphane. Pour les dix prochaines années, je vais me laisser porter, puis ma décision de rentrer ou non (si ça ne s'impose pas avant) sera elle aussi probablement très pragmatique, car c'est bien joli de voyager, mais à moins d'avoir une fortune personnelle, il faut penser à cotiser pour ses vieux jours... Parce que c'est bien joli de chier sur son pays, quel qu'il soit, mais il faut voir ce qu'il offre comme protection sociale...
Merci pour ce billet ! Après un peu plus de 7 ans d'expatriation (gentillette, ouh là : États-Unis et Allemagne, avec un bref détour par Israël) je commence à préparer mon retour en France... et les conneries de privilégiés à œillères que l'on peut lire sur le sujet de l'expatriation (je pense en particulier à la chronique de David Abiker sur le sujet et la « détestabilité » de la France, mais il y en a tant d'autres) me mettent hors de moi.
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Bonjour, je suis"l'auteur" du lien Scoop it ci-dessus(et d'un tweet,et d'un statut Facebook!). Je ne suis pas "expat" moi-même(j'ai vécu un an en Angleterre, mais c'était il y très... longtemps), mais comme d'autres ici,je vous dis merci. Merci pour votre intelligence et votre sensibilité que j'avais déjà éprouvés (et relayés) dans votre billet "ode à la citoyenneté", mais surtout merci pour votre capacité à faire PARTAGER votre regard et vos sensations. Les témoignages ci-dessus en témoignent et vous "récompensent". Pour un journaliste comme moi vous êtes une source d'information et...de motivation. Le sens de l'observation,le croisement des regards et des points de vue font partie de mon ADN journalistique...de service public qui plus est. Cela pourrait passer pour une évidence, mais ça va mieux en le disant...l'information n'ayant pas grand chose à voir avec la connaissance.. Cet état d'esprit m'a amené "naturellement" à m'intéresser professionnellement aux Français de l'étranger. Je fais partie d'une chaîne dont un des slogans était "de près on se comprend mieux" mais qui peut évidemment se décliner sous la forme (qui est la votre) "De près,on comprend mieux,de loin,on se comprend mieux". Pour moi, la démocratisation de l'expatriation est une vraie chance d'ouverture d'esprit pour ceux qui ne sont pas parti.J'essaye de la faire savoir ici par exemple https://www.facebook.com/ftv.expats en attendant de convaincre qu'une fenêtre ouverte sur un mass média permettrait d’apporter un peu d'oxygène à nos débats "franco-franchouillards"...Tous les expats n'en apportent pas la démonstration, vous si ! Donc merci !
Je viens de tomber sur cet article aujourd'hui à travers Twitter. Je suis complètement sur le cul! Je reviens moi-même de 4 ans "d'expatriation" en Afrique. Et ce que tu dis est tellement vrai que ce soit sur moi en tant que français et individu, mais aussi concernant les français à l'étranger, ainsi que les réflexions qui furent les miennes avant et pendant mon séjour à l'étranger. Et sans parler des réflexions qui me traversent encore maintenant.
Superbe article !
[...] Resurgissant à intervalle régulier, il est un débat faisant jaillir quelques micro-étincelles (d... This entry was posted in Uncategorized on January 4, 2013 by admin. [...]
Ça fait environ dix ans que j'ai quitté la France pour l'Asie...
Depuis tout m'a réussi - grosse carrière, famille, finances, projets...l'herbe est effectivement beaucoup plus verte ailleurs - aucun intérêt à retourner en France, même en vacances....curieusement, les nombreux français que je rencontre ici pensent tous pareil...Never again, par contre l'Angleterre ce serait pire...
Petite rectification, l'herbe est plus verte pour moi, chacun étant différent...d'autre part je parle au moins cinq langues étrangères et les français que je connais sont souvent bilingues ou trilingues...j'utilise très peu le français sauf pour parler à mes amis, ou à ma famille en France...
La France est un pays d'une énorme diversité, non les français ne sont pas nuls en langues. La France est un beau pays et j'y retournerai pour implanter mes affaires et les faire fructifier, mais certainement pas pour y vivre.
J'ai beaucoup voyagé, pour les mêmes raisons que vous dans cet article. Seulement, je pense que votre point de vue n'est pas correct, et ne prend pas en compte divers éléments essentiels. Sans vouloir poser de jugement trop hâtif, il se peut que vous ayez justement trop voyagé, et que vous soyez contente de retrouver vos origines, c'est aussi une euphorie passagère. Vous voyez la France maintenant avec des yeux d'exploratrice, de citoyenne du monde heureuse, et remplie de bonnes expériences. Depuis une dizaine-vingtaine d'années, l'état social de la France s'est réellement dégradé, les rapports entre les gens ne sont plus les mêmes. Cette seule dégénérescence, avec notamment l'extermination des liens familiaux, une solitude grandissante, mal traitance des plus âgés, fossé entre les jeunes et les adultes (vous connaissez la suite...) suffit à contredire cette phrase faussement bienveillante :"l'herbe n'est pas plus verte ailleurs". Les "bons" pays sont ceux ou on se sent bien. Je ne me suis jamais senti bien en France, à cause justement de cette exclusion radicale de certaines catégories de la population, une exclusion d'autant plus violente qu'elle est rare sur terre. Au Brésil je n'ai jamais vu de manque d'amour dans les familles, j'y ai rarement retrouvé ce désespoir réel des pauvres en France, les menants aux folies les plus destructrices et les plus sombres. Jamais. Au Brésil, en Islande, en Thaïlande, les gens sortent et se rencontrent, les liens sont "faciles", ce qui est inexistant dans notre cher pays sclérosé.
Vous parlez d'un chauvinisme en France, alors qu'il n'existe pas. Si justement nous acceptons une immigration incontrôlée, si nous ne brandissons jamais notre drapeau, c'est bien du fait que nous n'avons aucun respect pour notre propre histoire, et propre sol.
Seulement, le Français se prend de convulsion quand on évoque son pays, parce que son amour propre est en est touché. Il y a un malaise. Beaucoup de pays se servent de la religion comme socle de leur société, afin d'unir et rassembler. Beaucoup de pays aiment à relater des faits historiques, à préserver un devoir de mémoire, ce qui est inexistant en France. Les Français se détestent, détestent leur religion, leur culture, il ne supportent rien, pas même les autres pays qu'ils tentent désespérément d'aimer, comme de pauvres schizophrènes perdus dans leurs illusions.
La politique d'un importe peu face au mépris quotidien qui pèse très lourd sur ceux qui ne connaissent rien d'autre, en France toujours. Ce que vous aimez de la politique en France ce sont des débats sophistes sans queue ni tête qui ne mènent à aucune conclusion, et surtout, aucun acte.
En France les femmes sont froides, les hommes sont démissionnaires (couilles perdues, envolées dans la nature), les gens se jugent, se toisent, se prennent pour des stars...
Alors, non, je ne regrette rien de la France, et votre texte est d'un optimisme désespéré dont vous avez besoin pour vivre, ou survivre en France.
La politique pour moi importe peu, c'est surtout le peuple qui m'intéresse, car c'est d'ailleurs lui qui fait la politique. Le peuple Français est d'une misère de coeur et d'esprit qui ne m'inspire pas même de pitié!
Si vous savez apprécier cette inhumanité de la société Française et de ses moeurs, tant mieux pour vous! Il ne peut y avoir que deux explications à cela : soit vous êtes devenue généreuse au point que vous vous êtes mise à apprécier votre pays comme on peut essayer d'aimer un père alcoolique, soit vous avez cette part d'inhumanité et de froideur omniprésente chez ce peuple émotionnellement inhibé.
A vous de voir, en tous cas, il y a longtemps je n'aurais jamais imaginé que tout un peuple puisse se ressembler et être radicalement différent d'un autre, même s'il est à proximité. J'ai finis par l'accepter, même si je n'ai toujours pas d'explications à cet étrange phénomène.
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Article intéressant, cependant il me semble que l'engouement du retour au pays d'origine après plusieurs années à voyager est peut-être tout autant naïf que celui de partir à l'aventure en espérant que tout soit plus beau ailleurs.
Ironiquement, de la même façon qu'il est différent de vivre à l'étranger et d'y passer des vacances, on peut également remarquer que : c'est une chose de dire qu'on aime son pays en y étant toujours resté, et une autre (plus "gratuite") de dire qu'on l'aime alors qu'on a pris soin de ne quasiment pas y mettre les pieds pendant X années.
Quant à la notion de fuite, elle revient souvent au sujet de l'expatriation et m'a toujours laissée mitigée : on peut comprendre aisément que des problèmes personnels vous suivent où que vous alliez, mais pour autant, qu'est-ce qui laisse croire que ces problèmes se régleront davantage sur place qu'ailleurs ? Finalement l'essentiel, qu'on reste en France ou non, est bien de réussir à s'apaiser, comme vous le mentionnez joliment pour clore l'article.
bravo, c'est bien balancé.
sommes parti il y a 12 ans en Australie sans boulot, sans visa, avec ma femme et mes 3 enfants (ado et pré-ado) - cf mon blog lecri2lagrenouille: les 50 premiers posts racontent nos impressions là-bas, puis depuis le retour, les impressions d'un "revenant" en France ;-). me suis débrouillé pour trouver un job là-bas et y sommes restés presque 6 ans. avons adoré et obtenu la nationalité australienne puis... sommes revenus 😉 pourtant très heureux du lifestyle là bas (Sydney)...
pourquoi le retour? le sentiment d'appartenance probablement (racines, familles, amis...) et la chance (et la liberté) de se dire à tout moment: si je veux, je repars 😉 si c'est pas être libre, çà?!...
Etant parti et revenu en France depuis +25 ans, je peux définitivement dire que je ne reviendrai plus. Cela fait 10 ans que j'ai fait un choix définitif de ne plus tenter un retour.
Finalement, j'apprécie bien plus ce pays depuis que j'en suis parti.
Sinon oui, c'est une erreur de croire que l'herbe est plus verte ailleurs.
D'ailleurs, le terme expat me dérange. Je me suis toujours considéré comme citoyen du monde et peu importe le passeport.
C'est un état d'esprit qui ne pourra jamais être compris par les râleurs qui critiquent et qui pensent que ça sera mieux ailleurs.
Quand tu es libre, tu es bien partout.
Bonjour, je tombe sur cet article après 3 ans d'expatriation et il m'a fait un bien fou. J'étais une de ces franco-franchouillarde, incapable de voir sa chance de vivre en France. Après plusieurs années au Royaume-Uni (on me surnomme la Froggy), je suis prête à rentrer avec, comme tu l'as dit, un regard plus apaisé sur mon pays. Merci mille fois pour cet article, je me sens moins seule 🙂 Bonne continuation !