Souviens-toi : je t’avais laissé sur la Route 66 de l’Inde, parmi les camions échoués et les nids de poule remplis d’eau de mousson. Là où les trajets de 100km prennent 5 à 6 heures de route, détruisent 3 ou 4 lombaires et éventrent 8 cornets de riz soufflé au piment. Là où personne ne va, et même toi tu commences à te dire que tu aurais mieux fait de ne pas y aller…
Mais, à coeur vaillant tout cède, et finalement la fameuse route offrait bien une récompense. Au-delà de tes espérances… Voiture garée, le ciel de mousson se couvre et tu t’approches des énormes rochers de grès qui affleurent sur la corniche. La végétation vert tendre, des fougères, des arbres, des mousses, dense sans être oppressante, t’entoure et l’étonnant calme de l’endroit te saisit. C’est rare, inespéré en Inde, il n’y a personne… Le chemin est pourtant pavé, des panneaux explicatifs sont plantés à intervalles raisonnables, et il y a de discrets gardes pour t’indiquer le chemin quand il devient hasardeux. Au bout de ta promenade tu te diras que ce site, incroyable, est réellement soigné, mis en valeur, protégé… tellement rare…
Autour de toi, la vaste plaine du Madhya Pradesh. En plein milieu de l’Inde, l’Etat que l’on évite et contourne consciencieusement alors que s’y trouvent sans doute parmi les plus beaux lieux que j’aie pu voir en Inde. Et avec Bhimbetka, tu découvres un véritable jeu de piste à fleur de roche…
Viens, prends ma main, suis-moi…
Tu t’enfonces dans la forêt.
Une main posée sur la pierre humide pour reprendre l’équilibre, seul, tu remontes le temps.
Sous les corniches, sur les grands aplats du grès marbré du rouge ferrique et de souffre ocre apparaît tout à coup l’Inde préhistorique. Mésolithique, paléolithique parfois même, une dizaine de milliers d’années s’offre à toi. Silhouettes rouges et blanc verdâtre, bestiaire ancien et hommes des cavernes, voici Bhimbetka. Alors l’enfant resurgit et tu joues… tu cherches le pachyderme et les sangliers, les bisons et même les tigres, tu cours après les antilopes et trembles face aux arcs. Tu entends les tambours, regardes ces hommes qui chassent et veux rejoindre ceux qui se réunissent.
Tu laisses, comme sur la roche, se superposer les temps anciens et les temps proches, 10 000 années jusqu’au Ier siècle de notre ère, les hommes préhistoriques et les adivasi de la région qui se répondent par-dessus la nuit des temps.
Et cette bande dessinée au support de pierre prend vie sous tes yeux…
Le tigre…
Et à l’aube de l’histoire, Ganesh apparut…
(0)Boah...
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Je ne savais même pas qu'il y avait des grottes comme ça en Inde! Je me sens toute bête maintenant. Les peintures sont magnifiques, vraiment!
@ Blogi : oui, c'est dans la région de Bhopal et c'était absolument incroyable de voir ça, au milieu de nulle part et tellement tranquille en plus ! 🙂
Merci !
@ Ravi_aa : de rien, c'est un plaisir !!! 🙂
La première photo est superbe
Qui a guidé tes pas vers ces grottes?
@ Quenotte : personne, personne ne va dans ce type d'endroits ! En revanche certains guides en parlent et donc... 😉
Wahou ! C'est absolument magnifique! Quelle chance tu as eu de visiter un lieu pareil!
@ Shaya : oui, c'est vraiment un endroit sublime et... émouvant en fait. Chance non, il suffit de lire attentivement les guides 😉
J'en ai la chaire de poule.La main entourée est très émouvante,cela matérialise un etre.Je me souviens avoir été très chamboulée lors d'une visite d'une grotte en Ariège,les parois étaient maculées de ces mains tantot toutes petites,tantot avec des phalanges en moins...J'espère toujours trouver une hache polie dans un labour,le vieux reve de mes 10 ans.
Merci Chouyo,je me demandais toujours si un tel endroit existait encore en Inde.Rah lala ,cette manie de tout cimenter et de tout peinturlurer,pfffff!
@ Zaneema : j'ai eu le même sentiment quand j'y étais, et je comprends tout à fait ce que tu as du ressentir ! Il faudrait que j'y aille, je n'ai jamais vu de grottes préhistoriques en France !
Heureusement, il reste encore quelques endroits à Inde que le grand tourisme n'a pas touchés !