[Ne crois pas que mon départ m’empêche d’une quelconque manière d’écrire ou de réfléchir à l’Inde : oui, je vais continuer de t’emmener dans les ruelles peu reluisantes, sur les incroyables routes indiennes mais aussi dans les marchés asiatiques, et ailleurs encore… Tu n’en as pas fini avec moi…]
Je ne crois pas que l’Inde recèle plus de trésors qu’un autre pays. Mais chez toi tu ne vois plus, au quotidien tu passes devant les détails en les ignorant, trop habitué ou sans te poser de questions surtout face à l’évidence visuelle, culturelle, intellectuelle de la femme qui remet sa chaussure, du vendeur de marrons, des militants tractant dans les marchés. Moi qui reviens, j’avoue avoir un regard neuf et m’étonner… cette femme a de belles chaussures, chose improbable en Inde. Ces marrons sont le reliquat d’un hiver que je n’imaginais plus. Ces militants sont volontaires, bénévoles, ils tractent pour des idées politiques dans lesquelles ils croient… réellement. Chose fort rare dans la plus grande démocratie (du grille-pain) du monde.
Tu passes devant les milliers de gestes qui font un pays sans les noter parce qu’aussi tu ne peux les voir : nos latitudes aiment à masquer l’activité, ce qui salit, ce qui fait du bruit. Parce que là où l’Inde est artisanale nous sommes industriels, aussi parce que le bien-être de nos oreilles et nos poumons compte, mais il est vrai que l’oeil y perd. Et il n’est que dans les villages et quelques quartiers restés populaires où le travail manuel se fait à la vue de tous, dans la rue ou portes grandes ouvertes.
Mais en Inde, le manque de place drastique, la chaleur font que les mains s’agitent dans la rue. Aussi parce qu’il n’est meilleure vitrine que celle vivante, palpable, tactile, l’activité elle-même est sa meilleure publicité.
Alors, parcourant les rues de la Bénarès embouteillée, celle qui s’étend loin des ghats, tu t’approches de cet atelier de sculptures votives. Etonnament belles, étonnamment sans une once d’originalité, des dieux hindous et des hommes politiques, des personnages magnifiques et figés, sempiternellement les mêmes au carrefour de la grande ville ou devant l’école du village, un temple de campagne ou un lieu de pèlerinage millénaire. L’Inde est uniforme en bien des choses, et Hanuman retrouvera ses exacts traits simiesques dans de nombreux ateliers aux quatre coins de l’Inde.
On s’arrête. On regarde, on laisse la poussière de marbre recouvrir à mesure ses pieds, ses mains, ses lèvres. Après la pause étonnée devant ma présence, les ouvriers se remettent au travail. ce n’est pas de l’artisanat, non plus que de l’industrie. On est dans cet étrange milieu qu’affectionne l’Inde, la production à grande échelle à l’échelle d’homme.
Martelage, polissage, lissage, les détails apparaissent sous les mains qui courent sur le marbre, modèlent les formes arrondies et créent les arrêtes coupées.
Et, comme en des temps immémoriaux, les dieux hiératiques de naître sous les mains des hommes…
merci de nous faire partager ces tableaux vivants
@ Nardeau : de rien !!! C'est un plaisir... 🙂
C'est très beau, mais parallèlement tu devrais ouvrir un blog de parisienne pour nous parler de toi au lieu d'esquiver par des touittes rigolo derrière lequels tu te planques ! grosse bise petite chouyo !
J'adore ces moments que tu nous partage. J'aime ces sculpteurs qui sont si attentifs à la précision!
@ Blanche de Castille : merci beaucoup ! Ils étaient très consciencieux, très calmes, et la manière dont ils travaillaient en groupe de manière très coordonnées étaient vraiment belle !
Les photos sont absolument sublimes par tout ce qu'elles disent.
@ Shaya : merciiii !!!
j'adore ton écriture miss...C'est toujours un plaisir de te lire et de t'entendre parler de l'Inde^^
@ Initialscb : merci beaucoup ! Et j'ai encore tellement de choses que je voudrais raconter ! 🙂
Bonjour Chouyo,
Oui, oui, surtout continue à publier tes superbes billets et tes magnifiques photos.
C'est à chaque fois un bonheur de te lire ...
Continue à nous entraîner à ta suite sur les chemins de tes découvertes indiennes, de tes coups de coeur et de tes révoltes aussi !
Tu as un don réel pour l'écriture ... Tu devrais trouver un agent et une maison d'édition pour publier tes articles. Pourquoi ne pas creuser cette possibilité maintenant que tu es de retour en France ?
Moi aussi je suis en Europe depuis un an et la vie ne m'a pas ménagée ces derniers mois ...
Prends le temps de cicatriser et surtout, chouchoute-toi, chère Chouyo, car tu le vaux bien !!! :-))
Affectueuses pensées, Didi ! 😉 et bahut, bahut pyaar !
Rebonjour Chouyo,
J'imagine que tu lis et sans doute parle aussi l'anglais.
Je t'envoie le lien vers le Blog de Sharell qui vit à Mumbaï et est mariée à un Indien originaire de l'Orissa ...
http://www.whiteindianhousewife.com/2012/04/shit-people-say-in-mumbai/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=shit-people-say-in-mumbai
Tu auras sans doute plaisir à lire les récits de ces expériences de vie en Inde.
Elle est Australienne et a publié récemment une autobiographie intitulée " Henna for the Broken hearted " Sharell publie aussi des articles consacrés à l'Inde ( les festivals, les lieux à visiter, à découvrir, les us et coutumes, les religions, l'astrologie ... etc ... ) sur le site américain " About.com "
J'imagine que c'est plus facile quand on écrit en anglais d'avoir une large audience et de toucher d'innombrables lecteurs à travers le monde.
Sharell a ainsi pu ainsi grâce à son blog, se faire connaître, et valoriser ses dons d'écriture. Elle et moi ne nous sommes jamais rencontrées si ce n'est " virtuellement " mais nous entretenons des liens d'amitiés via emails.
Tout à fait d'accord avec le début de ton article sur le fait que l'on n'a plus le regard assez neuf pour voir notre propre pays comme on le devrait.
C'est le deuxième avantage de partir loin un moment, on redécouvre (pendant un temps limité) notre propre pays au retour !
La main d'oeuvre à très bon marché, je présume.
Merci de nous faire partager ces belles choses