Je pourrais te parler des prostituées de Bangkok. L’étrange incertitude qui saisit quand, marchant dans les rues de la capitale thaïlandaise, on voit des jeunes femmes court vêtues, attendre, debout, assise, bavardant entre elles. Ne pas savoir si, ne pas être certain que. L’élément visuel qui s’impose progressivement et qui restera le plus vif à chaque voyage ici, ces femmes main dans la main avec un Français ou un Allemand bedonnant aux cheveux blancs. Tu la penses jeune, beaucoup trop jeune, mais elle a sans aucun doute au moins dix ans de plus que tu ne le crois. L’habit et la peau lisse du visage ne font pas le moine en Asie…
Mettre le doute sur chaque couple mixte, frémir, grincer des dents, se dire que… et savoir aussi. Savoir qu’il y a de vrais couples. En connaître. Se demander ce que cela doit être de subir toujours le soupçon que. Et croiser cette famille suisse, le père, la mère et le jeune homme à peine sorti de l’adolescence qui leur présente sa fiancée, rencontrée sans doute pendant son voyage. Thaïlandaise. Ce qu’ont du penser les parents, sauver fiston des griffes de. Oui, elle a peut-être un enfant au village qui l’attend, des cousins à nourrir. Non, elle est peut-être étudiante et rêve d’une vie d’amour. Les deux peut-être.
Et tu passes, dans cette fin d’après-midi moite devant des salons, ceux où l’on masse mais dont la vitrine est de verre dépoli. Les masseuses attendent assises dehors, elles n’ont pas d’uniforme. Ce massage-là n’est pas pour toi, tu le sens.
Alors tu te promènes dans le crépuscule et tu passes des belles de nuit à d’autres belles de nuit. Tu oublies ces femmes dont tu ne sais si, pour te laisser porter par des vagues de fleurs. Le marché de Pak Khlong est celui des jonchées, des guirlandes, des bouquets. Des tas qui dégringolent, des hottes remplies jusqu’à ras, des pétales, des feuilles et des tiges qui se mêlent à n’en plus finir.
Depuis une soixantaine d’année, ces rues et ruelles enserrées de canaux reçoivent les plus belles fleurs des provinces de Thaïlande qui sont redistribuées aux petits vendeurs, aux temples, aux fleuristes qui jalonnent chaque rue de la ville. Un marché aux fleurs de gros, la journée, le soir surtout, la nuit. Roses, orchidées bien sûr, jasmin évidemment, lotus, et toutes celles dont on aimerait connaître le nom mais on laisse ça pour plus tard, un autre jour, là c’est le régal des couleurs et des parfums qui compte.
Les touristes ne viennent jamais ici, je ne sais pas pourquoi. Sans doute qu’un marché aux fleurs fait moins « thaïlandais » que la rue des backpackers de Khao San. Pourtant, c’est à Pak Khlong Talat que tu trouves toute la Thaïlande. Affairée et douce, fraîche et odorante, toute en fines nuances.
Bangkok, Krung Thep, est la cité des anges, ne l’oublie pas.
Bangkok est la ville des fleurs.
De celles qui éclosent la nuit…
Mmmhhh quels parfums...
@ Ar_melle : et tous mêlés, frais, un délice !
Quelle avalanche de beauté ! c'est bon, le matin, ça 🙂
@ Nekkonezumi : c'est vrai que pour se réveiller, c'est une vision agréable je pense 🙂
Chacun de tes billets est une invitation au voyage 🙂
@ Shaya : c'est pour t'inciter à venir... 🙂
Superbes les roses en capotes 😛
@ M1 : mouahahah ! Mais naaaan, ça c'est sur le billet suivant 😉