[Shivaji est omniprésent dans le Maharashtra : et pour cause, il est le (seul ?) grand conquérant marathe, le preux roi guerrier du XVIIème siècle, et surtout très hindou… Un tout petit peu instrumentalisé par la très puissante extrême-droite hindoue locale comme tu l’imagines. Le gars que tu ne peux pas louper même si tu le voulais, plusieurs statues lui sont dédiées à Pune et à Bombay (dont bientôt une, gigantesque verrue, au milieu de la plus belle baie de la ville) et la gare principale et l’aéroport portent son nom.]
Hmmm. Joli chapeau… En tout car il a ( « pati ») une ombrelle ( « chhatra ») :
c’est son côté Demoiselle de Rochefort.
J’avoue qu’à Pune, la capitale marathe, j’ai eu quelques accès de… shivajerie. Limite, j’ai cru devoir occire deux ou trois cafards pour me calmer.
Un des éléments les plus difficiles du voyage en Inde, c’est l’hébergement : il est difficile pour un tarif modeste de trouver un endroit propre, fonctionnel et surtout… calme. Et j’entends par là : juste assez peu de klaxons/musique de mariage/litanie de temple/gardiens bavards/hurlements de chiens/croassements de corbeaux/sifflets de trains et fracas des roues/raclements de gorge des voisins/climatisation pour n’être réveillée que deux fois dans la nuit.
Nous pensions avoir trouvé ce week-end, mais c’était sans compter la famille Ki Merithe-dé-Baff.
Réveillée donc à 4h30 par les clients des deux chambres voisines : l’hôtel étant disposé comme un appartement indien (un couloir desservant des pièces semblables), ils se pensaient chez eux. Et de laisser les portes grandes ouvertes, de parler fort, de s’interpeller d’une chambre à l’autre, de téléphoner dans le couloir et, surtout, de claquer les portes à de multiples reprises. Tout ceci, habituel dans les hôtels indiens, réunit en une seule fois avec d’un côté les grands-parents avec leur fils cadet, de l’autre le fils aîné avec femme et enfant.
Moments choisis.
La Moufette sort et se trouve face à Maillot-de-corps-douteux, sur le seuil de la chambre, séance de grattage-on-est-peinard-à-la-maison :
– Dites, il est 4h30 du matin, pourriez-vous faire moins de bruit ?
– Quoi ? Je ne vois pas !
– Vous parlez très fort et n’arrêtez pas de faire claquer les portes, cela réveille les autres clients !
– Et alors ?
– … … … (Souffle, respire, fais le petit chien, pfffff, pfffff !) … … … Et il y a une femme qui n’arrête pas de piailler !
– Ah ça oui, c’est normal, c’est ma mère.
– … … … (La violence n’est jamais une solution, la vengeance n’est jamais…)
J‘ai du m’y reprendre à deux fois pour ne plus avoir les piaillements dans le couloir. Les portes, elles, ont continué de claquer une heure encore jusqu’à un très propice coup de fil passé bruyamment (donc normalement) dans le couloir très sonore :
(Troisième sortie de la Moufette, hors d’elle, sourcils froncés et ton cassant : )
– Excusez-moi, il est 5h du matin… (Sous-entendu qui me paraît évident : vous vous rendez compte de l’heure ???)
(Etonné, il regarde sa montre, puis m’adresse un large sourire : )
– Non, non, il est 5h15 !
– … … …
Encore maintenant, alors que j’en ris en me disant « T. I. I. »* et après avoir heureusement vu de belles choses ce week-end, je suis encore toute étonnée : l’incompréhension était totale, absolue. Ce n’était pas l’évaluation du niveau sonore qui posait problème (le « trop de bruit » de l’un etc.), c’était simplement le fait d’avoir conscience qu’il y avait d’autres personnes au monde.
Et cela arrive malheureusement très souvent ici. Beaucoup trop souvent.
* T.I.I. : This Is India.
Mais c'étaient des clients Indiens ???
@ Faustine : j'aurais même tendance à te dire que cela ne pouvait être QUE des clients indiens... Des Occidentaux bruyants, ce seraient des jeunes bourrés qui rentrent à point d'heure en chantant des chansons paillardes mais qui s'écrouleraient immédiatement dans leur lit. Et comme en Inde, ce sont soit des Occidentaux, soit des Indiens...
Ah oui je comprends mieux pourquoi tu disais que tu avais peu et mal dormi!
@ Shaya : héhéhé ! Et comme chez nous, à Bombay, c'est déjà très bruyant, je ne peux pas compter sur les week-ends pour me reposer. A moins d'aller dans des hôtels de luxe (et encore, deux ou trois fois on a eu des problèmes de bruit aussi !!! Et là, tu te dis que franchement, ça ne sert à rien de payer des milles et des cents si là aussi, tu es dérangé !).
La moufette aurait peut-être dû dégainer son sabre ?
@ Annie : heureusement que je n'en avais pas à portée de main je crois, hahaha ! L'exaspération, la frustration et la fatigue aidant...
Si je comprends bien, il vaut mieux dormir un bon coup avant de faire un voyage en Inde? ; )
@ M1 : absolument ! C'est un des conseils que je devrais donner en priorité d'abord : tu viens en Inde ? Super ! Dors avant par contre...
La violence n'est pas une solution c'est sûr mais la vengeance est parfois bien agréable 🙂 Ils ont bien du finir par se coucher ces "nuisances sonores", ça ne t'a pas tenté d'aller passer tous tes coups de fil dans couloir en te séchant les cheveux et en faisant des vocalises pour dérouiller tes cordes vocales ? ( oui je sais, je suis mauvaise !)
@ Bealapoizon : franchement j'aurais du, mais ces scènes d'une rare cruauté (tu dois l'admettre) se sont déroulées de 4h30 à 5h30. Le pire moment, le moment où tu es tellement épuisée que non, tu ne peux rien tenter de la sorte !
Je crois que j'aurais pleuré, hurlé, puis frappé. Ciel, je suis une femme 🙂
@ Nekkonezumi : j'ai hurlé, frappé et encore hurlé. Je doute maintenant... 😉
Sympas, les voisins de chambrée indiens !
En plus tu n'es même pas capable de donner la bonne heure, franchement, tu étais de mauvaise foi, avoue ! *_*
@ Firemaman : franchement, c'est énorme, non ? Il m'a donné la bonne heure de manière tellement naturelle, du genre "ravi de vous aider", que je suis restée coite !
Ah mince ! Moi qui rêve de découvrir l'Inde, cette épineuse question du sommeil me met le doute. Non parce que la pire chose qu'on puisse me faire pour me pourrir l'existence c'est me priver de sommeil.