Le début de l’expérience du thé en Inde est ICI…
Cette impossibilité de boire une infusion de thé, j’en ai fait l’expérience il y a quelques jours dans les plantations de thé des Nilgiri Hills, où les jeunes pousses verdoyantes jaillissaient avec joie vers le ciel chargé des nuages d’une proche mousson (je me fais lyrique).
Dans les Nilgiri Hills, on te propose de visiter des plantations de thé : les champs mais surtout les fabriques elles-mêmes, là où les feuilles ramassées sont transformées en Orthodox ou CTC selon des procédés mécanisés très bien ficelés. Rien de glamour, pas de musique envoûtante pendant qu’une belle effeuilleuse souffle sur les feuilles pour les sécher… Non, c’est une industrie à part entière, celle qui produit le thé noir en granulés notamment pour les sachets de thé de base.
La main d’oeuvre est essentiellement asiatique : sans aucun doute des Sikkimais, des Assamais, des Manipuri et autres Megalayi (ça se dit ?). Yeux bridés, arête nasale plate et visage large, j’ai un pincement au coeur : je suis à nouveau en Asie, enfin. Les femmes, habillées chaudement, un fichu sur la tête, amènent des ballots de feuilles de thé qui sèchent sur de grands étendages. L’odeur de feuilles fraîches envahit la pièce, la même que celle de l’herbe juste coupée.
Les feuilles, toujours vertes et humidifiées par un ventilateur, tombent ensuite dans une broyeuse et ce n’est qu’après un trajet de quelques minutes que, de plus en plus broyées, les feuilles arrivent dans un grand cylindre où la fermentation commence. Les feuilles réduites à l’état de granulés sont désormais noires, sèches, l’odeur de thé commence d’imprégner l’atmosphère…
Séchage, triage automatique selon la grosseur (donc la qualité, je pense), le thé tombe finalement presque du ciel pour emplir les sacs en vrac, destiné à être ensachés à la ville située en bas des Nilgiri Hills. Ce sont des Tamoules qui se chargent de cette partie-là, aux Indiens du Nord-Est les feuilles fraîches, à ceux du Sud le thé transformé.
Une maisonnette au milieu se chargeait de faire goûter le thé produit sur les versants mêmes. Le Charles Ingalls local, pour nous faire découvrir la production, nous sert un verre de… chai. Eau-lait-bouillis-sucrés-agrémentés-d’épices dans lequel on a fait infuser du thé noir. On ne nous montre pas la préparation, et le résultat est exactement le même que le chai que l’on boit partout en Inde, dans gares et dans les bouibouis.
Deuxième verre, du thé au chocolat : même goût, même composition. Et incompréhension quand je demande à goûter le thé. Juste le thé. Pas du chai, mais une infusion de feuilles de thé uniquement. On m’apporte alors un thé transparent, d’une belle couleur fumée… et extrêmement sucré.
A un vendeur dans un village alentour, je fais part de mon amusement, et il confirme : en Inde, on ne boit pas l’infusion de thé, même dans les zones de plantations. Il ne me reste donc plus qu’une chose à faire : aller dans les Etats du Nord-Est, de culture plus asiatique que l’Inde, pour vérifier si là-bas, on boit du thé et non du chai. Car le thé est extrême-oriental, historiquement, gustativement et culturement. Dans les plantations de thé de Taïwan, dans les maisons de thé en Chine, tu goûtes cette infusion : la première, la seconde, la troisième parfois. Une cérémonie entière lui est dédiée, un temps, un lieu, un esprit : l’art du thé est une réalité.
Ce sont deux mondes différents que celui du thé et du chai, les deux valant heureusement leur pesant de cheese naan ou de baozi…
Marrant, le parterre vert, on dirait un brocoli 🙂
@ Nekkonezumi : tout à fait, cela fait des fleurettes !
T'es sure que c'est pas une plantation et un labo de drogue? : )
@ M1 : j'avoue que je me suis demandée... Mais non, l'odeur de thé est bien trop forte (ou alors, c'est pour masquer la vraie odeur ? Ohhhhh !) !
ça c'est du photo reportage !!
@ Océane : mais je n'ai pas pu photographier le moment où le thé était fait, cela aurait d'anthologie ("noooon, nooooon, pas de suuuuuucre !!!") 😉 !