[La première partie du voyage est ICI…]
Nuit de bûcherons, je suis sûre que nous avons tous ronflé. Réveil intermittent au son des sifflets de train au petit matin. Petit-déjeuner en room-service, grand avantage peu onéreux des hôtels indiens. Et découverte de l’Inde à la pointe de la modernité : on peut vérifier gratuitement par téléphone le retard du train.
3h50 de retard pour l’instant. Seulement. Le train est parti de Jammu la veille au matin : c’est pas trop mal.
Visites sous une pluie intermittente. Un magnifique haveli à l’intérieur peint, fresques du milieu du XIXème siècle. A moitié rénové, la pièce supérieure est un amoncellement de gravats. Mal éclairé, mal mis en valeur et à peu près inconnu des habitants du quartier même. Le musée ensuite, dans un parc typique de toutes les villes indiennes : on y va le dimanche, paré de ses plus beaux vêtements. Sari rehaussés de brillants et de sequins, pantalon de satin noir, ballon neuf. Musée étonnamment excellent avec des familles qui écarquillent les yeux devant ces Occidentales. Et de prendre des photos, de serrer la main, de poser les mêmes questions. Curiosité de bon aloi et sympathique, que l’on vit de plus en plus en vivant en Inde comme une agression permanente. Colère, fatigue.
Le train à 4h30 de retard.
Repas nord-indien dans un restaurant kitsch, calme à notre arrivée, puis Enrique Iglesias crachote et nous enflamme. Retour à l’hôtel, direction la gare. Coucou aux vaches, toujours aussi nombreuses et placides.
Le sol du quai est plus propre que dans la salle d’attente, et l’air y est plus frais. On attend. Des nuées de mouches s’envolent au passage des trains chargés de minerais, hululant dans nos oreilles (les trains, pas les mouches). Le retard de 4h30 est confirmé : on a eu raison de prendre tout notre temps pour visiter la ville. Conclusion : la prévision du retard par IRCTC est fiable.
Montée acrobatique dans le train, on pousse, on tire, on bloque sa respiration au passage des toilettes. Intervention musclée pour déloger quatre gars bien installées à nos places : « ‘on était là avant, vous n’avez pas de réservation ». Ben si, on en a une, pas vous !!! Un gamin accroupi nettoie sous nos pieds les reliquats de deux jours de train depuis Jammu. Nos voisins, ceux que nous avons délogés, sont des militaires en poste à Jammu, revenant chez eux à Belgaum (Karnataka) pour un mois. Ils s’installent sur une seule et même couchette, qui devient un lieu de débauche…
Bidonvilles, bas-côtés du terre-plein transformés en latrines. Le train stationne juste devant deux gars accroupis. Ils détournent la tête sous les quolibets des passagers.
Les militaires achètent des babioles pour leurs enfants aux colporteurs qui passent de temsp à autres. Les chaiwalla se succèdent et leur chai ne se ressemble pas. Des grignoteries à chaque gare, à chaque cahot du train. Quelques moustiques. Des hijras (eunuques, parfois des transexuels, habillés en femmes, une tradition toujours vivace, une caste à part) viennent deux fois répandre leur bonne parole et tripoter les militaires. Mais ceux-ci ne les avaient pas attendus : j’ai encore dans la mémoire cette scène d’un rare érotisme, quatre ou cinq gars allongés ou assis les uns sur les autres sur une seule couchette, qui de se pencher sur l’épaule de l’autre ou de poser sa main sur son entrejambe. Et tous de regarder avec émotion un cahier de coloriage Barbie qu’ils viennent d’acquérir.
Fin de la vadrouille à la gare de Bandra Terminus. Logique. Traverser les voies, se retrouver parmi les rabatteurs qui savent pertinemment que l’on ne peut pas traverser le quartier à pied : prix exorbitants, rires moqueurs, un phénomène extrêmement rare à Bombay si ce n’est à… Bandra Terminus. Fin du week-end en fanfare, négociations, escroquerie, colère.
Indeed!!!!!
Rho, et attends, j't'ai pas raconté qu'à Bandra terminus, mon rickshaw-wallah était tellement embrouilleur et menteur que j'ai appellé la trafic police! Si, si!
@ Blogi : mouahahahahah, c'est dingue, je crois qu'on a tous galéré pour rentrer chez nous !!!
@ Blogi : venez voyager en Inde, le repos, le calme, la sérénité... Mouahahahahah ! Mais on s'amuse bien quand même, heureusement !
4h30 de retard...la héssencéhèf a du souci à se faire côté record!
@ Pivoine : oui, on a encore de la marge...
les photos, les photos, les photos !
@ Chocoladdict : elles arriiiiiiivent !!!
Tellement fatigant, tellement éprouvant, et pourtant, on est toujours prêt à recommencer... l'Inde est vraiment un pays pour masochistes! 😉
Enfin comme moi aussi j'aime quand tu racontes des histoires, va encore passer des week end comme ça!
@ Spike : c'est tellement vrai... On a encore plein de vadrouilles à faire, je ne manquerai pas de les raconter dès qu'on y sera allés !
J'adore j'adore j'adore ! je suis toujours aussi friande de tes récits pleins d'anecdotes qui me rappellent mon propre voyage. J'ai une envie folle d'y retourner, et de (re) voir ce que tu as vu.
Ah, mon Dieu, à quand les 10 semaines de congès payés en France ? Moi je signe tout de suite... 😉
@ Melibu : c'est fou cet effet, on sait que c'est la galère mais on a envie d'y retourner... Je crois que pour les dix semaines, il y a encore quelques années à attendre 😉 !
Ils en sont encore a Enrique Iglesias?pfouuuuuuuh!
C'est long,un voyage en train,en Inde ,lorsque l'on a de mauvais voisins,très long...J'ai de bons souvenirs aussi des hijras venues nous féliciter en tant que jeunes mariés,une expérience incroyable!
@ Zaneema : ah ici, Enrique Iglesias est encore au top !
Oh, un jour tu nous raconteras ça ? Je t'invite sur ce blog si tu veux, ce serait passionnant !!!
Veux voir les photos 😉
@ Faustine : elles arrivent, elles arrivent !
La SNCF devrait s'inspirer de toute cette modernité ! A commencer par le fait de pouvoir vérifier gratuitement par téléphone le retard du train, je suis sur le cul : )
@ M1 : on a eu la même réaction... Le truc totalement inattendu, qui fonctionne, extrêmement pratique, gratuit et surtout... fiable !!! Tu vois, c'est ça l'Inde : cela fonctionne là où on s'y attend le moins.
Hello,
Merci pour ton message... Je suis en fait arrive a Cochin et je reste sur la pointe sud de l'Inde (au plus haut, je vais aller jusqu'a Mysore et Calicut).
Ce sera pour une autre fois pour un chai !!
PS: j'adore ton recit, pour avoir pris le train hier, on s'y retrouve vraiment !
@ Little Style Box : profite bien de ton voyage alors, et on se retrouvera pour un "chai" une prochaine fois (sinon, on va dans les Nilgiri Hills dans pas longtemps, mais je ne sais pas si tu seras encore dans la région...) !
Moi aussi j'ai fait 4h30 l'été dernier, mais c'était entre Montélimar et Toulouse, tout de suite ça fait moins fantasmer 😀
Hasard amusant, on m'a narré un périple de 56h de train en Inde tout à l'heure, j'y retrouve assez bien ton récit. Moi vouloir photos !
@ Nekkonezumi : d'autant qu'il n'y avait pas de petits vendeurs de cassoulet ou de saucisses qui passaient dans le train, j'imagine ? Hihihi ! Tiens, cela me donne une idée...
56h, oui, ce n'est pas étonnant... Même sans les retards, mouahahahahahah !
Les photos arrivent !
un air de déjà vu made in China...non ? c'est rigolo, les deux pays les plus peuplés, tout deux en fort développement ont pas mal de similarités...
@ Leïla : en fait, si tu compares les deux, cela n'a en fait rien à voir en terme de modernisation et de développement. Les voyages en train en Chine n'ont absolument rien de comparables avec ceux en Inde, c'est beaucoup mieux organisé, plus fiable, plus propre en Chine, et de très loin.
ça promet...
@ Leïla : tout à fait !
Oh malheureuse ! Soit contente de t'énerver, ça maintient en forme ! J'ai toujours souhaité vivre dans une Inde sans tracas, c'est possible dans Little India à Singapour et pourtant qu'est-ce qu'on s'y ennuie !
Depuis Taiwan, j'avoue que les indiens me manquent…
@ Julien : mais justement, je ne me plains pas, à la différence de beaucoup de gens qui habitent en Inde !!! Je n'ai pour ma part jamais souhaité une Inde lisse et policée, ou dans n'importe quel pays d'ailleurs. Sinon, justement, j'aurais insisté pour aller à Singapour, mais ça va très peu pour moi... (Ou si j'y habite un jour, je ferai mon possible pour gratter la couche de vernis).
Attention, les Taïwanais ne sont pas aussi lisses et policés, justement, qu'ils en ont l'air : gratte un peu, et tu verras !