Aujourd’hui, c’est la grève générale en Inde. Enfin, non : c’est une virodhi pakhand (action de l’opposition) qui s’est transformée en Bharat Bandh.
Aéroports fermés (Calcutta), trains bloqués (Bénarès), trains de banlieues stoppés, taxis disparus et bus caillassés (Bombay). La raison ? La hausse annoncée du prix de l’essence et celle, effective, du coût de la vie.
Pour faire vite, disons que tous les partis d’opposition ont appelé à ce bandh (fermeture) contre la politique menée par le Congrès : à savoir, l’alliance de droite et l’extrême-droite nationaliste hindoue, des engeances fort sympathiques à qui l’on doit quelques-unes des heures les plus noires de l’histoire récente (les massacres suite à la démolition de la mosquée d’Ayodhya, les ratonnades contre les non-Maharashtriens à Bombay, les coups de force à l’Université de Bombay et dans les cinémas, les attaques de jeunes femmes « occidentalisées » à Mangalore et Bangalore, ou d’étudiants ne vivant pas selon les « moeurs » hindoues (hommes et femmes se mêlant etc.) dans le Karnataka). On a même parlé de talibanisation du Sud de l’Inde, et ce n’est pas l’Islam qui est accusé mais bien l’hindouisme, cette chape de plomb socio-religieuse instrumentalisée et devenue programme politique conquérant. Les partis de gauche, très installés dans le Kerala et le Bengale occidental, se sont ralliés au mot d’ordre.
Aujourd’hui, à Bombay, ce sera surtout le BJP et le Shiv Sena (qui tient la mairie de Bombay) en tête, et leurs ramifications que sont le RSS et le MNS. Tous connus pour leurs méthodes musclées. Le but est de paralyser la ville en instaurant des blocages dans le Nord, là où résident la très grande majorité des travailleurs : les empêcher de se rendre dans le Sud permettra que Bombay soit « morte » une journée durant, et que la population se terre chez elle en multipliant les rumeurs et les vrais caillassages.
Car, on le sait en vivant en Inde et en mettant le nez dehors, un rassemblement de population n’est jamais anodin ici : il y a un effet cocote-minute, l’exaspération et l’excitation croissent à une vitesse étonnante. On monte très vite la voix, on en vient très rapidement aux mains : sur un marché, dans la queue au guichet, pour un accrochage ou une « manière » de parler. Et les badauds affluent immédiatement, non par dizaines mais par centaines, chacun y allant de son commentaire pour faire monter la pression : en Inde, il y a une jouissance du nombre et une catharsis dans l’action violente.
Les consulats ont bien sûr appelés à la prudence, une grande partie des entreprises ont férié la journée, les écoles fermées, les réunions annulées. Tac, lui, a du aller travailler.
La seule chose que l’on puisse souhaiter ? Que la mousson se déverse à grandes eaux et noie ce qui pourrait être, ou pas, un brasier. Pour l’instant, il fait très beau et chaud…
Une tentative de définition du bandh ICI.
J'imagine bien qu'en comparaison, nos "journées d'action" doivent être assez plan-plan...
Et bien !! C'est flamboyant comme grève... ça change des nôtres.
@ Océane : Bombay totalement calme et vide, c'est toujours un peu étrange...
Dans une certaine mesure c'est ce qu'il nous faudrait ici, un truc qui pète un peu plus que des vuvuzela et des banderoles bien gentillettes.
@ Pivoine : je te sens remontée, en ce moment, hihihi ! Et c'est vrai qu'une "ville morte" pendant quelques heures ou une journée entière, c'est assez impressionnant, plus que des banderoles ! Moi, j'aime bien les vuvuzélas...
Ils sont pas en vacances comme la CGT? : )
@ M1 : hihihi ! Non, en plus, le pire c'est qu'il n'y a presque pas de syndicats en Inde (vu la règlementation indienne, en gros, tu te syndiques, tu es remercié dans la l'heure vu qu'il y en a dix mille (réellement) qui attendent de prendre ta place...) : ce sont les partis politiques qui appellent à la grève générale !
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