Nyrmla’s Wedding II.
Avant ce séjour en France, j’avais lu un article sur les soeurs Singh et parcouru leur site, sans savoir que j’aurais l’occasion de voir leur oeuvre de près quelques jours plus tard à la National Portrait Gallery de Londres !
Amrit et Rabindra Singh, deux jumelles d’origine indienne et sikh vivant à Liverpool, ont créé depuis plus de vingt ans une oeuvre à quatre mains, relecture des miniatures classiques indiennes à l’aune de sujets contemporains. Qu’en penser ? Et bien, pour ma part, j’y vois malgré un aspect ludique une oeuvre à la visée extrêmement conformiste…*
Le cadre dans lequel les sœurs Singh travaillent est très précis, relevant d’une technique qui ne laisse pas de place à l’improvisation : la miniature indienne est (comme toutes les miniatures) extrêmement codifiée, tout étant destiné à produire une idée précise. Qui, en peu de mots, pourrait se résumer par : glorifier le pouvoir en place et confirmer la tradition. La miniature n’est pas contestatrice… et pourtant, il semble au premier abord que les soeurs Singh rompent avec cette caractéristique.
Plusieurs de leurs tableaux dénoncent en effet des éléments contemporains : la guerre en Irak, la collusion américano-britannique, la société de consommation et les grandes multinationales, l’occidentalisation à tout crin des cultures. Contestation donc du modèle contemporain…
From Zero to Hero. Un peu de baroque avec le couple Beckham ?
Et pourtant, cette contestation est factice. Ou en tout cas ne va pas bien loin : les soeurs Singh reprennent les conventions picturales sans les dépasser, et elles abordent les sujets contemporains pour insister sur les valeurs « en danger », soupirant avec nostalgie après la famille, le foyer, l’amour familial et les traditions ancestrales. Un discours que l’on entend dans une bonne partie de la classe moyenne indienne, et notamment la diaspora : ahhh, ce temps où les enfants respectaient leurs parents, connaissaient et appliquaient les traditions sans être dévoyés par les moeurs occidentales…
Un message d’un pur conservatisme social, très manichéen. Très niais en fait. Face à la société de consommation imposée par l’Occident qui détruit les « vraies valeurs » sur son passage, il faut se replier sur les seuls principes valables, à savoir la famille et la tradition. Et les soeurs Singh ne vont ni plus ni moins loins que ça. Comme la miniature impose un univers pictural statique, si la réflexion n’apporte rien de nouveau, quel intérêt ?
Alors, oui, regarder dans le détail les tableaux est ludique et une bonne part de leur succès vient de là : on y voit Ronald McDonald et Marilyn, des bollywooderies et des clins d’oeil au monde contemporain, du mehndi et Venus Williams. On scrute et on cherche Charlie, en quelque sorte. Mais les ficelles sont toujours les mêmes, cadre miniaturesque et idéal passéiste : à l’image des traditions glorifiées, l’ensemble est trop statique. Au final, les soeurs Singh souhaitaient redonner aux traditions artistiques indiennes un droit de cité dans l’art contemporain : alors oui, elles ont contemporanéisé le sujet, les techniques, mais sans y apporter de souffle nouveau. C’est dommage.
La seule œuvre dans celles que j’ai vues qui ait une réelle force, c’est la représentation de l’assaut donné au Temple d’Or, le lieu sacré des sikhs, par les troupes d’Indira Gandhi alors Premier ministre. Un véritable massacre, et l’on sent pour ces deux artistes la prégnance de cet événement et de ses répercussions dans la mémoire familiale. Ce tableau-là, plein de mouvement et chargé d’émotions diverses, loin du message conservateur des autres, a une véritable force d’évocation.
Parce qu’il ne cherche pas à faire passer un message quasi scolaire et sur-référencé mais plutôt à faire éprouver.
Nineteen Eighty-Four (The Storming Of The Golden Temple).
* Ce qui, tu te doutes, me dérange…
Note : toutes les illustrations proviennent du site des Singh Twins.
Trop de procédé, et toujours le même en somme. En tout cas, le matin au réveil, ça éblouit de kitcherie !
@ Nekkonezumi : c'est tout à fait ça !
moi je trouve ça joli et c'est agréable de regarder tous les détails et de s'y perdre.
tu as certainement raison sur l'analyse, en même temps je trouve qu'au second degré ça dénonce plutôt la tradition et ça ridiculise un peu certaines situations.
@ Olympe : le premier abord est très agréable, et j'avais pensé la même chose que toi ! Mais en regardant de plus près, il y a une gêne qui s'installe du fait de la thématique qui ressort au final : les textes confirment en fait que c'est à prendre en réalité plutôt au premier degré, ce qui est dommage je trouve.
TdAHF7 vjzekyawsouu
Attends, les traditions ont du bon : avant, les femmes n'avaient pas besoin de travailler pour vivre et pouvaient se consacrer entièrement à des frivolités en tout genre. C'était mieux, quand même, non ?
(et puis la société de consommation, c'est trop beurk)
@ La Blonde : tu as parfaitement raison ! Avant, les femmes pouvaient bruncher tous les jours avec leurs copines, et pas seulement le dimanche !!! Mouahahahah !
J'adore, surtout le couple Beckham, c'est d'un kitch, mais j'aime ça ;))
@ Faustine : l'aspect kitsch, c'est ce qui m'a immédiatement plu également. Mais c'est en creusant un peu que cela a commencé à me gêner...
--***Singh is King***-- : )
@ M1 : au moins ! Mouahahah !
Je ne connaissais pas alors merci pour cette découverte!
@ Le Journal de Chrys : de rien, c'est un plaisir !
Je comprends ce que tu veux dire, et si on généralise, je n'aime pas trop non plus ces artistes (dans n'importe quel domaine) qui effleurent les choses, font semblant de les critiquer sans réellement apporter un nouvel œil, alors que c'est ce qu'ils déclarent faire.
@ Kahlan : oui, c'est toujours assez déconcertant car on s'attend à quelque chose de novateur, on y croit et... on est déçu parce que cela copie sans vraiment les modifier les oeuvres que l'on connaissait avant.
La dernière illu, je croyais (en lookant un peu vite j'avoue...) que c'était sim city ... le jeu ...
Ok je sors !
@ Fr@mboize : hahahahaha ! Effectivement, de loin... Malheureusement, ce n'était pas vraiment un jeu ce jour-là...
merci pour cette analyse critique très détaillée
@ Leïla : de rien !
Donc mon avis contrairement à Bafe La Panthere (dont le post me fait vomir), c’est que Garde Garde eu TROP de couille car il n ‘a pas bouger d’un iota de ses principes de jeu – même s’il a changé le schéma – et qu’on aurait du balancer sur Bafé comme des cafards.