C’est un grand moment que celui où tu mets pour la première fois le pied dans une salle de sport indienne. Après quelques recherches, de lieux minuscules en salles étouffantes, nous avons fini par trouver sur les conseils de connaissances, à quelques centaines de mètres de chez nous, une salle tout à fait convenable : des machines toutes neuves, des locaux propres et frais (pas trop, pile comme il faut). Hop, tendez-moi la feuille, je signe : le ghee, le sucre et les pains indiens n’auront pas raison de moi. Et il faut surtout que je puisse à nouveau rentrer un jour prochain dans un jean…
Le coach aux gros muscles qui a pris notre inscription nous a informé que nous serions coachés pendant dix séances : je m’étais donc préparée à dix jours intenses, le truc où tu baves, où tu pries, où tu hurles à la face du monde que non, les abdos-fessiers ne passeront plus jamais par toi, et que tu t’en fiches d’avoir des plaquettes de chocolat SUR ton ventre (elles devraient plutôt être dedans). Je m’étais préparée au rythme infernal, au boum-boum musical, aux vociférations des coachs, aux glapissements de… moi, sous la douleur infligée à mes muscles (rebondis, les muscles).
Que nenni ! Mouahahahah !
Comme je me gausse !
Il faut dire que le sport et l’Inde, ça fait cinquante-deux : je rappelle pour mémoire les deux sports nationaux dans lesquels l’Inde excelle (et non Excel), le cricket auquel personne n’a jamais vraiment rien compris, et l’ingestion de friandises et de légumes frits. Ce en quoi moi, j’excelle. Ajoute à cela un élément typiquement indien, l’absence totale d’implication du personnel dans quelque établissement que ce soit (magasin, restaurant, hôtel etc.) : en même temps, ils ont raison. Sous-payés, sans carrière réelle à la clef, à quoi bon s’impliquer ? Je ferais pareil (enfin non, je fais pareil : vive l’Education nationale…).
Donc quand tu arrives pour la première session coachée, remontée à bloc et prête à souffrir pour LA cause, et bien patatras.
– « So, this is a bike. You ride it. Twenty minutes »… « So this is a crossramp, you run ten minutes ».
C’est un test, ça doit être ça ! Il veut voir ma résistance, il veut voir si je sais courir, il veut voir jusqu’où je suis capable d’aller. Et bien sûr, si je me positionne mal, il me le dira.
Naïve que j’étais ! Je me suis mal positionnée, aucun des trois coachs présents dans la salle ne m’a dit quoi que ce soit, car ils étaient tous occupés à déambuler en traînant des pieds (des coachs sportifs qui traînent des pieds : le mythe !), à soupirer ou à attendre derrière le dos des clients en regardant fixement le miroir. Résultat : un bon mal de dos, et merci la vidéo de Doctissimo pour l’explication ultérieure de la bonne position.
Seconde séance : j’étais préparée, j’ai donc posé des questions. Quelque chose que n’aiment pas du tout les gens en Inde, quand ils se sentent investis d’un savoir et d’un pouvoir (un jour, je te raconterai « La clinique de la jungle goanaise »…). On écarte la question, on fait semblant de ne pas l’avoir entendue ou bien on te regarde un sourcil un peu relevé du genre « t’es qui, toi, t’as un diplôme sportif ? », ce à quoi je brûle de répondre : « et toi, t’en as un ? »…
Une suite de machines m’attend donc. Pour la machine qui fait trop mal aux bras (et qui m’a fait prendre conscience que je suis définitivement droitière…), je demande « mon cou, je le positionne comme ça ? ». Nan, parce que j’ai bien écrit sur la fiche que je n’avais aucun problème de santé, si ce n’est une névralgie au cou. « Ahhhh, but we can’t find your card today« . Ouais. Donc vous me faites remplir une fiche qui ne sert même pas, car personne ne la lit. Je passe d’une machine à l’autre, ma coach me murmurant à chacune d’un air endormi « fifteen times« . Et quand je commence à avoir mal au cou ? Elle me dit d’arrêter et de passer à la machine suivante…
Demain, troisième session.
Je suis venue, j’ai vu et maintenant… Moufette entre en action.
Quel teasing, mais quel teasing !
Attends moi j'ai jamais fait autant de sport en 10 ans !!! t'es une malade !!! Mais tu vas être mince et belle 🙂
Sinon; j'ai mangé un cheese nan ce soir, que j'ai fait !!!!!!!!
@ Océane : tiens-toi bien, moi non plus !!! Mouahahahah, et je suis très fière car je n'ai pas du tout de souffle court, de fatigue... juste mal au dos et mal au cou, héhéhé... Oui, un jour, je serai mince et belle, un jour je serai mince et belle (et riche). (Et intelligente.) (Et célèbre.) (Et j'aurai un "cottage" au Pays de Galles et Tac me préparera un chocolat chaud pendant que je préparerai ma prochaine conférence sur mon best-seller intellectuelo-romanesque assise sur un canapé moelleux devant un feu de cheminé avec un chien énorme étalé pas loin. Et des shortbreads à tremper dans le chocolat chaud.) Tout ça, juste en faisant du sport...
Pour le cheese naan : je veux une photo !!! Génial, tu l'as réussi ? Moi, je suis en désintoxication du naan...
Je fréquente une salle municipale française. Je ne paye pas cher mais j'en ai pour mon argent, c'est-à-dire pas de conseil non plus.
@ Madame Kévin : je pense que cela en vaut plus la peine. Tu payes pour avoir accès aux machines j'imagine ? Mais au moins, pas pour un pseudo suivi qui n'existe pas. J'imagine qu'il y a quand même quelqu'un qui surveille et à qui tu pourrais demander des conseils au cas où (histoire de ne pas se faire mal) ?
Je commence aujourd'hui pour 45 mn. Je sens que je vais avoir mal demain
@ Angélita : c'est super, tu vas voir cela fait du bien ! Et si tu bois bien après et que tu fais des étirements, tu te sentiras fatiguée physiquement le lendemain mais tu n'auras pas nécessairement mal. Enfin, si ton coach t'a montré comment bien te positionner. Raconte-nous !
je crois que c'est souvent comme ça en France aussi...peut-être que la différence est qu'au début ils font semblant de te préoccuper de toi et puis au bout de quelques semaines, tu peux faire une croix dessus...comme je te le disais dans un autre com sur un autre billet, les machines c'est pas mon truc c'est trop rengaine, je m'ennuie mais les cours collectifs en musique j'aimais bien...et là les coachs indiens sont plus dynamiques?
Comme je suis enceinte, il ne me reste plus que la piscine en ce moment : bon faut que je me motive vraiment là !
@ Electroménagère : j'adore nager, mais trouver une piscine à la fois propre, pratique (vestiaire, douches et bassin, et accès et horaires) et peu fréquentée ou en tout cas par des gens qui nagent, pas facile...
Tu vas pouvoir te reconvertir en prof de sport 😀
Ça doit super motiver dis donc 🙂
@ Miss Brownie : hihihi, bonne idée ! Oui, c'est vrai que la langueur n'est pas des plus motivantes : en même temps, cela fait se sentir très dynamique !
Suspense insoutenable..
Je ne sais pas si mon coeur va tenir jusqu'au prochain billet...
@ Manu : mais si qu'il va tenir ! Je suis sûre que chacun matin, avec Cannelle, vous faites toutes les deux huit tours de pâté de maisons en courant !
J'ai tout mangé le cheese nan, mais je penserai à en refaire. Et tu m'invite dans ton cottage avec une tasse de chocolat s'il te plait 🙂
@ Océane : avec plaisir ! Le mot de passe pour entrer est "file-moi un naan".
J'ai d'ailleurs craqué hier soir. Deux naan (dont un à l'ail, délicieux).
J'adore ton futur look en jean, très spin-off bollywoodien : )
Ps : je crois savoir que les joueurs de cricket sont de véritables sex-symbols locaux ! il joue encore imran khan? ; )
@ M1 : comme tu le dis, "futur" look... Encore quelques dizaines d'heures ? de siècles ? sur le crossramp et on en reparle...
Oui, les joueurs de cricket sont adulés, autant que les grandes vedettes de Bollywood ; j'ai lu qu'Imran Khan est retraité mais s'il revenait je suis certaine qu'il serait à nouveau adulé sur le terrain et dans les stades !