… qui doit être la suite de Danse avec les Loups, non ?
Cette superbe sculpture néo-gothique orne une des façades
de la non moins superbe et non moins néo-gothique gare de Victoria Terminus à Bombay.
Le train, c’est toute une aventure dans de nombreux pays, mais l’Inde a raflé la palme d’or en terme de rigolade.
Voici donc Tac et Moufette dans le train de nuit pour Solapur, partant visiter pour le week-end les superbes ruines de Bijapur. Ni une, ni deux, habituée à ce genre de trajets, je m’installe sur ma couchette. Pour la première fois en revanche, elle est située en bas : d’habitude, je préfère être en haut (plus de temps pour réagir en cas de problème : quand une femme voyage en Inde, elle doit savoir rester vigilante vus le nombre de coups d’oeil, d’arrêts avec stupeur et intérêt de la part de personnes, masculines le plus souvent, étonnées ou émoustillées par le fait de voir une femme, Occidentale de surcroît, sans homme pour la chaperonner). Les Indiennes quant à elles dorment TOUJOURS sur la couchette du bas : il ne faudrait pas qu’elles se retrouvent dans la situation indécente de grimper à l’échelle en montrant à tous les hommes leurs chevilles.
Je m’installe donc en bas, Tac en haut. En face, une dame d’une soixantaine d’année, accompagnée de son mari : lui presque aveugle et les pieds dans un piètre état (diabète ?), et elle relativement sourde. Nous éteignons les lumières et je commence à m’assoupir.
Quand j’entends de petits couinements. Des souris ? Il y en a partout, et j’en avais déjà vu se promener dans les trains. Pourquoi pas… Des gratouillements, des couinements à nouveau : juste sous ma couchette. Je bouge, me retourne, histoire de faire peur à la bestiole. Calme pendant une vingtaine de minutes, mais la Moufette reste aux aguets. Quand j’entends tout à coup des bruits de papier froissé venir de la couchette d’à côté : comme si ma voisine, somnambule, se mettait à dévorer son paquet de chips. Pourtant, ma voisine continue de ronfler et n’a pas bougé…
J’écoute, je reste suspendue au moindre bruit, cela recommence et je distingue une forme : ma voisine a installé à la tête de sa couchette un sac de provisions pour le voyage. Illuminant la scène de mon téléphone portable, je vois un énorme rat à vingt centimètres de sa tête, gaillardement penché sur lesdites provisions et batifolant avec la nourriture. Je fais pleine lumière sur lui, la bestiole fuit et se terre… contre le dos de ma voisine qui ronfle benoîtement !
Que faire ? La réveiller alors qu’à moitié sourde elle n’entend pas le rat, ne parle pas un mot d’anglais et va sans aucun doute être très effrayée par un réveil soudain ? La laisser dormir au risque que le rat la morde (qu’elle attrape la peste, la rage et que sais-je encore, que le wagon puis le train soient contaminés et que l’on reste en quarantaine dans la gare de Solapur le temps que les autorités indiennes réagissent, c’est-à-dire jamais ! J’étais fatiguée, désolée…) ? Ou bien attendre. Attendre que le rat guilleret ait fini son repas…
Malgré le fait que les bestioles ne me dérangent aucunement, on dort peu quand on sait qu’il y en a une au ventre bien rebondi qui n’attend que de se lover contre vous pour s’endormir béatement…
Le lendemain, cris de stupeur au réveil : les passagers des couchettes de notre emplacement (deux en face de nous, et deux de l’autre côté du couloir) découvrent que tous leurs sacs ont été rongés : valises, sacs à provision et sacs à main ! Le rat s’est régalé. Nous étions les seuls à ne pas avoir de victuailles avec nous et à avoir eu nos sacs épargnés…