Depuis un mois, Tac a un nouveau chauffeur.
Suite à de trop nombreux retards, des annulations de dernière minute et des retours inopinés au vaisseau-mère, nous avons dit à Obiwan de rentrer à Tatooine. Ce n’est pas très facile d’annoncer à quelqu’un qu’il a perdu son travail, et c’est encore plus dur quand on ne peut se retrancher cyniquement derrière de bons prétextes (c’est la crise, mon bon monsieur, coupes budgétaires etc.). Même pas. Obiwan a perdu sa place de chauffeur par sa seule faute alors même que nous avons vraiment tout fait (prévenu, re-prévenu etc.) pour que cela ne soit pas le cas : il avait besoin de cet argent, nous disait-il. Nous pensions, bêtement, qu’en conséquence il ferait des efforts pour travailler avec la même assiduité qu’auparavant.
Nous avons été compréhensifs, laxistes même voire trop gentils selon certains, mais à force d’arriver en retard à nos propres rendez-vous, de se dire que prendre un taxi était plus simple ou quand il me dit nonchalamment qu’il pensait que mon rendez-vous n’était pas si important, la confiance s’étiole et disparaît. Le Jedi est donc retourné chez lui.
Double sentiment : on sait qu’en Inde, les emplois se font et se défont comme un rien, et ils ne sont pas rares les employés qui, du jour au lendemain, quittent leur emploi pour un autre. Comme ça, par un simple coup de fil. Et même ceux qui semblent avoir le plus besoin d’un rentrée d’argent stable. Réaction d’énervement aussi : des exigences pour payer la fin du mois et le treizième mois (après six mois de travail) et ceci et cela. C’est avec un pincement au cœur que nous avons dit au revoir à Obiwan, car nous aurions aimé faire plus pour lui, faire mieux.
Mais en Inde, une chose est acquise : le fatalisme. Depuis quelques semaines déjà, il nous disait avoir actuellement un mauvais karma. Et malgré nos avertissements, Obiwan n’a pas cherché à modifier son comportement, à rectifier le tir, à tenter d’avoir une influence sur son destin en prenant les choses en main. De toute manière, tout est écrit : à quoi bon tenter de modifier le cours des choses ?
Et contre le fatalisme bien ancré, plaie de l’Inde, on ne peut pas faire grand-chose.
(Horreur : ce que j’en conclus est tellllement chrétien. Un truc du genre « aide-toi et … ». Pffff…)